SlideBack : le premier album « Nu Soul » de Thomas Khan

De Quentin alias Thomas Kahn, avec qui j’ai rendez-vous ce 29 janvier 2019, dans les locaux d’Ephélide (boite de promo), je garde l’image d’un jeune homme, une guitare dans la main et un béret vissé sur la tête, lors de ses nombreuses prestations publiques.
À paris depuis la matinée pour une journée marathon de promo, mais cet après-midi ça sera sans son fameux béret qui appartenait à son grand-père, « il a fait trop de concerts il est rincé. Je l’ai gardé de côté et je ne le met plus. En racheter un autre n’aura pas autant de sens ». Ok on fera sans. On parle de son premier album Slideback, un concentré de Nu Soul porté par une voix singulière, une voix de groover, biberonné au gospel. Ça aide d’avoir dans la famille un papa guitariste et un frère bassiste qui vous donnent une sensibilité à la musique, mais pas question pour lui d’y voir une facilité « je pense que quand on est vraiment curieux, on peut y arriver soi-même.«

Il est loin le temps de The Voice en 2005, le télé-crochet de TF1 qui l’a révélé au grand public, malgré un bref passage qui s’est stoppé net avant les directs. Un choix qui peut laisser perplexe, pour quelqu’un comme lui qui vient plutôt du milieu underground, une confusion qu’il admet comprendre « à la base je suis un grand fan de raggea, tout ce qui est underground, je ne suis pas du tout fan de ce genre d’émission. J’ai accepté d’y participer, accompagné surtout d’un label et d’un manager. Certes je viens d’un milieu underground, mais je me suis dit qu’il y’avait peut-être une carte à jouer en tant qu’artiste pour avancer et atteindre mes objectifs. » Une carte qui semble porter ses fruits, puisqu’après Pulse, son second EP, sort aujourd’hui Slideback, son premier album mixé par Laurent Dupuy (deux Grammy Awards) et composé avec Vivien Bouchet.
L’influence de la musique Noire-Américaine
Slideback est un album très personnel de neuf titres qui claquent, d’inspirations souls différentes : de Nina Simone en passant par Otis Redding ou Ray Charles, « J’aime bien les voix avec du Grain quoi (éclats de rires), je suis à fond inspiré par les voix noires américaines » Des compositions teintées de soul qui n’oublient pas le côté pop également représenté afin de former un ensemble moderne appelé qu’il qualifie de « Nu soul », avec des références glanées du côté de Massive Attaque et Selah Sue.
Un besoin de raconter des moments forts, pas forcément joyeux qui lui sont arrivés, dans une sincérité sans fard et un timbre unique qui jette des frissons « j’essaie de raconter quelque chose de personnel dans mes titres, certes il arrive des choses difficiles dans la vie, mais on peut avancer et devenir fort ».
« Go Back Home est une chanson qui est très forte émotionnellement, puisque ça parle du fait que je n’ai jamais vraiment eu de chez moi. »
Twinkling Star, le premier single sorti le 12 octobre 2018 revient sur le braquage à main armée qui l’a poussé à tout quitter pour faire de la musique. Une petite étoile qui a su briller en lui et l’aider à composer un titre à la fois puissant et déchirant Go Back Home, « C’est le premier morceau avec lequel on a décidé de commencer la semaine, je n’ai pas pu terminer la session de chant, je me suis mis à pleurer. C’est une chanson qui est très forte émotionnellement, puisque ça parle du fait que je n’ai jamais vraiment eu de chez moi ». Une chanson d’hommage au gospel, qu’il a écrit un soir après avoir visionné une scène du film 12 years a slave où les esclaves rendent hommage à un ami disparu en interprétant « Roll, Jordan, Roll » un bouleversant gospel, qui le prendra aux tripes.
Un an et demi de travail, 35 chansons composées guitare voix, parmi lesquelles il en sélectionne 9, uniquement en anglais, bien qu’il en compose en français « je n’arrive pas à bien faire sonner mes textes en français, il y’a un mec qui le fait très bien, c’est Ben Oncle Soul, ça sonne presque en anglais et c’est mortel. J’espère pouvoir y arriver un jour ». Le deuxième single « Blame and Regrets » sorti le 10 décembre 2018 a reçu un bel accueil et séduit Europe 1 qui l’a introduit dans ses coups de cœur.
Même s’il arrive qu’on le compare à Charlie Winston (dont la reprise avait été jugé décevante sur le plateau de The Voice), comparaison qu’il trouve plutôt agréable, il est conscient du chemin qu’il reste à parcourir pour atteindre le zénith. Lui qui nourrit secrètement le rêve de faire un zénith « même en première partie ça doit être fou, juste pour toutes ces lumières qui s’allument, ça doit juste être waouhhhhh. »
Après l’Olympia, un Zénith ?
En attendant, il a eu l’occasion de jouer sur la scène de l’Olympia, en première partie de « Bowie Celebration », vingt minutes qui resteront gravées dans sa mémoire « c’était fou L’Olympia c’est une salle mythique, à un moment on monte où les artistes qu’on respecte sont montés. C’était les vingt minutes les plus fortes que j’ai eu à vivre depuis que je fais de la musique. »

L’avenir nous dira dans quelle grande salle Slideback retentira un jour, pour l’instant il mesure le parcours qu’il a du effectuer pour arriver jusqu’à ce résultat. Un fait de bas et de hauts. La grogne sociale, il la comprend, les fins de mois difficiles, il en sait quelque chose.
« je sais ce que c’est que de galérer. Il y’a des gens qui traversent des situations économiques très dures, avoir un minimum d’empathie et comprendre cette souffrance je crois que c’est la base.»
une situation où il est compliqué de prendre position intelligemment en tant qu’artiste « on en parle entre nous, mais on n’a pas les clés, tout de suite, plus que les autres pour avancer.» Le ton a changé, il se plonge dans ses pensées, il n’est jamais évident de revenir sur un passé douloureux, mais de ses moments, est né Slideback, une introspection difficile mais nécessaire, un mal pour un bien.
Plus d’infos
Slideback
Sortie : 8 février 2019
Label : Flower Coast
Release Party : 21 mars 2019 au Hasard Ludique
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