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Sandveiss : Saboteur, la force tranquille

Sandveiss : Saboteur, la force tranquille

Il y a des groupes dont le son, dès la première écoute, vous est immédiatement familier. C’est un peu comme si vous rencontriez… ben quelqu’un que vous ne connaissiez pas mais que vous reconnaissez quand même (vous suivez?). Sandveiss, c’est un peu ça. Des titres tellement évidents qu’on se demande comment ils n’ont pas pu être composés avant. C’est l’image du sculpteur qui sait que la pierre qu’il a devant lui renferme déjà la forme qu’il va lui donner.

Saboteur est donc le deuxième opus du groupe québécois mené par le prolifique Luc Bourgeois qui officie également au sein du combo folk-punk Bodh’aktan. Formé en 2011 à Québec et inspiré du nom de la plus célèbre crieuse des films d’horreur de série B, Ellen Sandweiss (Evil Dead), le groupe développe un son qui puise largement dans la scène stoner des années 2000, toujours sous l’influence écrasante, mais pas forcément exclusive, du Sabbath. Depuis  Scream Queen (2013, gagnant de l’album Heavy de l’année aux GAMIQ 2015-Gala de la Musique Indé au Québec), Sandveiss a sorti plusieurs E.P., The Divider, ou Save Us all (nominé pour Album ou EP metal de l’année aux GAMIQ 2016), témoins d’une évolution constante et d’une maturation progressive de l’écriture qui trouve sa concrétisation dans ce nouvel album. Si celui-ci n’est que le deuxième en huit ans, il faut souligner que  le chemin n’a pas été de tout repos pour le groupe qui a vu partir sa section rythmique, comme nous le racontait Luc dans une interview pour Weirdsound. Ce sont donc respectivement Maxime Moisan (basse) et Dominic Gaumond (batt) qui ont remplacé Daniel Girard et Dzemal Trtak.

Sur ce nouvel album, le son propre et puissant sert à merveille des riffs ciselés et des mélodies accrocheuses. Chaque titre est une petite pépite de plaisir musical sertie dans une production jamais tape à l’œil, où les effets discrets relèvent la sauce. L’alchimie entre les deux guitaristes, Luc Bourgeois et Shawn Rice, déjà palpable sur le précédent album, est encore plus prégnante sur les nouvelles compositions. Les riffs, frappant juste et pourtant posés, donnent la sensation d’une parfaite maitrise de l’écriture. Dès les premières notes de Sands of Time qui ouvre Saboteur,  on pénètre dans un cocon sonore à la fois épais et réconfortant où tout est mis en œuvre pour faire mouche, avec un maximum d’efficacité. 

Les années et les épreuves ont sans doute donné l’occasion  au groupe de se bonifier et permis au duo Bourgeois/Rice d’affiner son écriture. Les morceaux ont gagné en qualité, en simplicité et en maturité. À côté, Scream Queen fait figure de brouillon, de galop d’essai. Les mélodies sont également plus riches et, tout comme les riffs, semblent prendre leur aise, s’imposer sans précipitation. Sur ce Saboteur, les influences plus Hard Rock/Rock Prog ressortent avec plus d’acuité que sur Scream Queen. C’est à coup sûr une marque de grande maturité dans l’écriture et cela permet certainement aux membres du groupe d’exprimer une plus large palette d’émotions. Pourtant, les recettes du rock stoner, au sens large, sont toujours là : ce mélange de Glam façon WASP (The Divider), de Black Sabbath (Saboteur n’est-il pas un clin d’œil au Sabotage du groupe de Birmingham?) et de Southern Rock et les guitares lourdes et accordées quelques tons en dessous du traditionnel mi. Des nappes d’orgue discrètes viennent appuyer les harmoniques des guitares, les contre-chants et les arrangements des six cordes apportent une touche seventies façon Led Zep (The Masquerade, Broken Man’s Mind), amenant une certaine légèreté à l’ensemble, rapprochant parfois le style du groupe d’un Greenleaf (groupe que j’apprécie également énormément). Les passages instrumentaux ont la part belle, des breaks a capella s’insèrent dans les compositions sans en troubler l’homogénéité (The Divider).

Le champ lexical des titres qui se déroulent le long des trente neuf (trop courtes) minutes que dure l’album résonne de manière étrangement lugubre au vu des évènements de ces dernières années. Déjà, The Divider, présent sur Saboteur, abordait sans le nommer, la présidence Trump et la capacité de nuisance du nouvel homme le plus puissant du monde (ça fout les boules dit comme ça, non?) . Les suites d’accords aussi bien que les rythmes lourds, ou encore les mélodies des deux guitares qui se répondent, les gammes qui tirent souvent sur le mineur, donnent en effet une couleur plutôt sombre à l’ensemble du disque. Saboteur se referme sur Burning Ropes, une petite perle acoustique aux accents folk païens (violons, chœurs, orgue et mélodie en demi-tons) qui nous rappelle que Luc Bourgeois est un touche-à-tout qui a aussi fait partie de Suroït avec lequel il a produit de très bons album.

« There is one common theme that keeps coming back in a few lyrics. And that would be fear itself, interfering in our perception of things. In many ways it is sabotaging our choices, our lives and of course our society. And that’s what we tried to express with the cover artwork. What you think might be skull, or something menacing lurking in the dark on the cover is in fact a dead flower. Things might not be what they seems.”

« Il y a un thème commun qui sert de fil conducteur et revient dans quelques textes. Et c’est la peur elle-même, peur qui interfère avec nos perceptions. Cela sabote nos choix, nos vies et bien sur notre société. Et c’est ce que nous avons essayé d’exprimer avec la pochette de l’album. Ce qui pourrait être un crâne, ou quelque chose de menaçant émergeant de l’ombre sur la couverture est en fait une fleur fanée. Les choses ne sont peut-être pas ce qu’elles semblent. »

Luc Bourgeois (thanks to Metal Nation)

Saboteur s’installe dans vos oreilles de manière insidieuse, coule lentement jusqu’au cerveau pour ne plus en sortir. Certains objecteront qu’il n’y a là rien de nouveau sous le soleil du rock. Mais est-on obligé de révolutionner le genre à chaque sortie d’album? Quand on aime un plat, on a guère envie que le cuistot change de recette. Mais s’il l’améliore à chaque fois en y ajoutant des ingrédients et en élargissant la palette de goût, alors tant mieux. Et c’est le cas avec Sandveiss. Définitivement un de mes albums de l’année.

Modifié le 09 10

Liens :

https://sexysloth.bandcamp.com/album/saboteur

https://www.facebook.com/Sandveiss/

http://www.sexysloth.com/

http://doze.mu/un-nouvel-album-pour-sandveiss/

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