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Roseland, To Save What’s Left : une échappée électro-pop douce amère

Roseland, To Save What’s Left : une échappée électro-pop douce amère

Un voyage

Le voyage dans ce pays où repose ce que l’on doit sauver absolument commence d’abord par une invitation à suivre un long chemin. Comme un voyage initiatique, la musicienne Emeline Marceau nous prend par la main et nous fait parcourir les champs (chants) où elle a semé ses émotions. Old qui ouvre ce premier album de Roseland, projet solo de la moitié du duo Génial Au Japon, évoque l’effritement de l’amour au fil du temps, l’éloignement des corps et des âmes.

Roseland – Old

À l’image de ce film de James Ivory dont le projet porte (volontairement?) le nom, les morceaux remontent le temps de l’amour pour retrouver ce qui mérite d’être sauvé. On y voit danser les fantômes d’amours passés et à venir. C’est un lieu où la mémoire joue avec les sentiments, exacerbant de manière trompeuse les souvenirs d’un bonheur passé, mais également chargé de l’espoir d’un bonheur à venir. Ces réflexions, à la fois intimistes et universelles, s’appuient sur une musique électro-pop aux nappes de guitares qui viennent mettre en valeur des mélodies douces et acides, sans jamais écarter une certaine sensualité.

Un espace sonore…

Construite sur une base de synthés, de beats électroniques et de voix qui s’entremêlent, la production offre un espace sonore ample. Les titres, bien que courts, ne se laissent pas happer par le formatage et échappent aux modes. On pense à Portishead, ou Blonde Redhead, et on sent pointer derrière tout cela des pulsions plus rock, ou plus progressives. Il y a dans la musique de Roseland, à la fois des moments contemplatifs, tel Christmas, des passages plus étouffants—Delta, ou encore le seul titre en français, Tu n’arrêtes pas—plus entrainants Faster Than You qui aborde le douloureux problème des violences conjugales, ou ce Too Much où les guitares se font plus brutes. Un album cohérent, au style affirmé, mais sans aucune répétition. La production, beau travail de Benjamin Mandeau qui l’accompagne sur scène comme dans la vie, assure parfaitement cette homogénéité. À l’écoute se dessinent de vastes espaces, terres glacées, ou plaines fleuries, où vagabonde l’esprit de l’auditeur. Oui, la musique de Roseland est extrêmement visuelle et cinématique. Incarnée.

Roseland – The Window

Le passé

Nourrie au DIY et partie prenante de nombreux projets ainsi que membre du collectif du Fennec qui rassemble plusieurs groupes sur Bordeaux—on y retrouve Équipe de Foot apprécié en concert à Aucard il y a deux ans, iciEmmeline Marceau est issue d’une famille où la musique a toujours eu sa place. Elle, son instrument, c’est la guitare. Mais, lorsqu’elle découvre les bidouilles électroniques, elle sent qu’elle a trouvé un moyen personnel et solitaire d’exprimer ce qu’elle ne peut faire sortir dans des projets de duo ou de groupe. Devant ses machines, elle expérimente, elle explore, et invente ses sons jusqu’à extraire celui qui exprimera le mieux ses émotions. Elle évoque un tiraillement entre une volonté d’intellectualiser sa musique et de la rendre aussi physiquement tangible et accessible. On peut sans risque dire que cet exercice sur la corde est assez réussi.

Je compose toute seule précise-t-elle. C’est vraiment mon projet le plus personnel. Il me permet d’exprimer mon côté sombre, mélancolique. L’avantage (qui est parfois un inconvénient), c’est que j’ai une liberté totale sur la compo. Je n’ai personne à séduire dans l’instant du processus de création, sinon moi-même, artistiquement parlant. Avec ce projet, je suis dans ma bulle.

http://www.longueurdondes.com
Roseland – Those Fairytales

Et le futur?

En 2017, avec ce projet solo, la musicienne avait déjà sorti un premier E. P. tout à fait recommandable, Behind The Walls. Jamais à court de projet, elle officie donc avec Génial au Japon, Le A, mais aussi au sein du groupe garage-pop Pyramid Kiwi. To Save What’s Left, s’il fait plutôt référence à ce qui peut être sauvé d’une relation, si j’ai bien tout suivi, fait aussi étrangement écho aux préoccupations environnementales contemporaines et ses manifestations concrètes comme cette triste pandémie. L’album qui sort ce vendredi devait être l’occasion d’une release party suivie de concerts. Malheureusement, les circonstances actuelles sont dévastatrices pour les structures indépendantes et les artistes fragiles. Alors que de nombreux festivals petits comme grands se posent la question de l’annulation, nous vous encourageons chez Weirdsound à aller mouiller la chemise et soutenir les musiciens en live dès que possible. Vous pourrez guetter le passage de Roseland près de chez vous, encourager les organisateurs que vous connaissez à les faire jouer, et vous y précipiter. Sinon, en attendant, il est tout à fait possible de soutenir la musique indépendante en allant acheter les albums via les liens ci-dessous.

Mise à jour le 27 mars à 20:22 : Pour la sortie de l’album, Emeline et Benjamin ont eu la bonne idée de faire un Live Streaming de chez eux, très sympa en ces périodes de confinement. Guettez leur chaine you tube, ils referont peut-être un concert home made sous peu! (lien ci-dessous)

Liens

https://roseland.bandcamp.com/album/to-save-what-is-left

https://smarturl.it/Tosavewhatisleft

https://www.facebook.com/pg/collectifdufennec/

https://www.youtube.com/watch?v=gAoYAR1os8o&feature=youtu.be

Et encore merci à Ugo Tanguy pour son travail de promotion qu’il fait avec passion et qui nous permet de découvrir et d’apprécier tant de bons artistes!

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