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The Offspring - Why Don't Get You A Job?
The Dropkick Murphys - Dirty Old Town cover
Washington Dead Cats - I'm A Dead Cat
Bob Vylan - We live here
Ghost - Kaisarion
Decius
The Brains

Rock En Seine 2019 : Retour en Sainteté !

Rock En Seine 2019 : Retour en Sainteté !

L’avant-dernier week-end du mois d’août est le rendez-vous annuel incontournable de l’un des plus importants festivals parisiens ; Rock En Seine. Si cette époque de l’été n’est pas forcément la plus sympa tant elle fleure la fin des vacances pour nombre d’entre nous, Rock en Seine (R.E.S.) nous donne l’occasion d’oublier l’échéance quelques jours. C’est aussi une chance de faire le plein de concerts d’artistes de renom, confirmés, en devenir, ou à découvrir.

En progression constante depuis sa création en 2003, la fréquentation de Rock en Seine avait subi un revers significatif en 2018, la faute revenant à une programmation trop axée sur le Hip hop.  Pour cette 17ème édition 2019, les programmateurs ont su réajuster leur projet afin de garantir au festival tout le succès qu’il mérite, revenant à une programmation plus « fidèle à l’héritage ».

A l’instar des festivals ayant su tirer leur épingle du jeu pour survivre, Rock en Seine est né petit, (deux scènes et 10 concerts sur une journée), avant, grâce à un travail subtil et acharné, de devenir l’un des poids lourds des festivals parisiens qu’il est aujourd’hui ; 5 scènes et 62 concerts sur trois jours. Rock en Seine peut également se targuer d’être The Historical Place où les Frères Gallagher ont « décidé » qu’Oasis ne serait plus…

Revenons à 2019, et notre dix-septième édition. Si certains membres de Weirdsound ont déjà eu l’occasion de venir à Rock en Seine, ce sera pour moi la première fois. Une première également pour un festival de cette taille, exception faite du Hellfest. Mais, laissez-moi vous emmener à Saint-Cloud dans les Hauts-De-Seine…

Vendredi : Une journée sous le cagnard avec 50 cl d’eau pour survivre !

Nous sommes vendredi 23 août. Il y a 4 jours, je ne savais pas encore si je serais présent parmi les festivaliers puisque je n’ai reçu mon précieux sésame que lundi après-midi. Pourtant, je suis bien à la gare en ce début de matinée, afin de prendre mon train à destination de Paris par un temps radieux. Arrivé à Montparnasse, je ne reverrai le ciel qu’une fois arrivé à République, mon quartier de prédilection. Mes affaires déposées à l’hôtel, j’avale un rapide déjeuner avant de regagner la bouche de métro. Chance : il se trouve que Rock en Seine se situe au terminus de la ligne 9 direction Pont de Sèvres. Traversant ledit pont pour rejoindre l’accès Média-VIP du festival, j’aperçois côté gauche la Seine Musicale où j’ai assisté à un superbe concert en mai dernier… Côté droite se dresse le Domaine National de Saint-Cloud dont Rock En Seine utilise la partie basse. Parmi les premiers arrivés pour récupérer les badges et bracelets, c’est à 14h30 pétantes que je pénètre dans les lieux. L’entrée Média Presse se fait à l’extrême opposé de l’entrée des festivaliers. Une fois sur le site, je me retrouve donc directement sur la Grande Scène. Cela tombe on ne peut mieux car j’ai prévu de m’y poser et de ne plus en bouger de la journée !

Explications : Normalement, lorsque nous sommes accrédités, nous essayons de couvrir (seul, à deux ou plus) un maximum de concerts, afin de les partager avec vous. Nous nous présentons au crash à chaque début de concert, afin de photographier généralement les trois premiers morceaux. Puis nous ressortons du crash, et nous nous plaçons où nous le pouvons. Or, ce soir à 21h00, c’est The Cure qui enflammera la Grande Scène. N’ayant pas de pass photo sur le festival, ma seule chance de les voir de près est de rejoindre les fans devant la scène dès l’ouverture des portes, et patienter jusqu’au soir. Depuis le moment où j’ai su que les Cure seraient là aujourd’hui, c’est bien devant la scène que je rêvais de voir le concert, et non pas loin derrière. Vous me pardonnerez donc je l’espère, de parler aujourd’hui uniquement des trois concerts se déroulant sur la Grande Scène.

Ainsi, c’est à l’heure la plus chaude, armé de patience, de ma petite expérience des longues attentes, et d’une bouteille d’eau d’un demi-litre, que je posai mon fessard à l’endroit dont je ne bougerai plus aujourd’hui. Rapidement, les discussions s’engagent entre festivaliers. Il vaut mieux, car l’attente va être longue ! Et difficile car on a beau observer le ciel au plus loin, pas un nuage ne viendra le blanchir, ni ne passera ne serait-ce qu’une minute pour atténuer le mordant du soleil un bref instant. Je passe un bon moment à discuter avec mon voisin direct, aux très solides connaissances musicales et possédant un C.V. de concerts long comme l’annuaire et d’une qualité académique. Plus tard, je discuterai avec d’autres : fans ayant déjà vu les Cures (71ème fois pour l’un !), fans n’ayant jamais vu les Cure, fans des Cure les ayant vus il y a 30 ans, fans des 80th s’offrant une soirée revival. Comme un salut, et comme pour vérifier qu’il faut bien une raison pour être là de si bonne heure, par cette chaleur, alors que le premier concert n’est qu’à 17:00 sur cette scène, tous se posent la question : « Vous êtes là pour les Cure? ». Oui mon bon Monsieur, oui ma bonne Dame, ce n’est pas pour parfaire mon bronzage !

Ce faisant, et ponctuant l’attente d’une petite gorgée d’eau de temps en temps à autre (50 cl, ce n’est vraiment pas grand-chose !), l’horloge a finalement sonné 17:00. Et 17:00, c’est l’heure de Balthazar!

Balthazar : Plus on les voit, plus on aime !

Le groupe Belge cartonne en ce moment et bat le fer avec une tournée estivale plus que bien remplie. La France n’est pas en reste parmi les pays que compte la tournée vu le nombre de festivals dans lesquels ils se sont produits. J’ai eu l’occasion de voir Balthazar début juillet au festival de Beauregard près de Caen. Le contexte était largement différent puisqu’avec le pass photo, j’étais concentré sur l’appareil photo. Tant et si bien que je suis passé à côté du concert, ou tout du moins de la première moitié. Un peu plus séduit par la seconde moitié, j’en étais resté sur un petit « Mouais… »

Balthazar - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
Balthzar, premier concert du vendredi sur la Grande Scène de Rock En Scène, ©Mathieu Foucher

Je n’attendais donc rien de particulier aujourd’hui sinon d’avoir un peu de musique dans les oreilles et passer une des nombreuses heures pour me rapprocher de 21h00. Et Ô surprise, un miracle s’est produit ! Était-ce pile poil le bon concert au bon moment ? Était-ce le fait de ne pas être concentré sur les photos et vraiment sur la musique ? Etaient-ce tout bonnement les mêmes artistes ? Réponse : oui à chacune de ces questions !

Balthazar - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
Balthazar – Rock En Seine 2019 – ©Mathieu Foucher

Le concert est introduit par une musique Western (Ennio Morricone ?), pendant laquelle le groupe arrive et se positionne tranquillement. Le premier titre joué, Blood like Wine (2010), me colle une baffe… La voix est posée, la batterie bien présente, la ligne de basse super propre. Mais surtout, je rentre dans la mélodie, ce que je n’étais pas parvenu à faire la première fois, me laissant une impression de froideur. Le groupe dans son ensemble reprendra le refrain a capella à la fin de la chanson. Avec classe, Balthazar, dont j’ai clairement l’impression d’assister pour la première fois à un concert, va réussir un tour de force en ramenant à la vie les premiers rangs du public, jusqu’à présent amorphes sous la chaleur encore accablante. « Notre dernier album a été écrit avec les hanches« , confiaient-ils à Télérama (01/2019). Bouger les hanches, c’est ce que chacun va faire pendant les quasi 60 minutes du set, dont les trois quarts représenteront le dernier album « Fever » (2019). Wrong vibration, Bunker, Grapefruit, et Fever seront pour moi les must du concert. Changes quant à elle sera la « feel good song » du set. Si je n’avais pas été « bloqué » ici, je n’aurais pas assisté à ce concert. Je suis bien aise de ce sort qui m’a amené à cet agréable moment musical. Balthazar est désormais sur ma playlist !

Balthazar - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher

Jeanne Added : Du chœur dans sa musique…

Je pense ne pas me tromper en disant que Jeanne Added est l’artiste la plus présente sur Weirdsound depuis le début de l’été. En effet, cette dernière réalise une belle tournée des festivals. Pas étonnant donc que nos chemins se soient croisés à de multiples reprises, et ce pour notre plus grand plaisir ! Mais figurez-vous que chez Weirdsound, nous ne sommes pas les seuls à apprécier Jeanne… Pour figurer sur la Grande Scène avant The Cure, il fallait être adoubé par… The Cure ! Eh oui, parmi les exigences du groupe, l’une était la présence d’un(e) artiste de qualité pour les précéder. Les albums de Jeanne Added sont donc passés par les oreilles notamment de Robert Smith, qui a apprécié. Ce doit être assez sympa de se dire « Robert Smith aime ma musique ! « 

Jeanne Added - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
Jeanne Added précédait les Cure au Rock En Seine 2019 – ©Mathieu Foucher

Le show ce soir a été spécialement conçu pour Rock en Seine. Outre les membres de son groupe, Jeanne Added sera accompagnée ce soir par le prestigieux Ensemble Vocal Accentus, fondé en 1991 par la chef d’orchestre Laurence Equibey. J’avais hâte de voir sur scène ce projet initié par les organisateurs du Festival. En effet, Rock en Seine voulait proposer quelque chose de nouveau pour cette troisième participation de l’artiste au festival. Et nous avons été servis.

Jeanne Added - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
L’ensemble Accentus accompagne Jeanne Added sur la Grande Scène – ©Mathieu Foucher

C’est le Chœur, composé de douze chanteurs(ses) qui arrive seul sur la scène, introduisant le concert par un chant a capella. Il y a à cet instant quelque chose de messianique, de l’ordre d’une beauté imposant le respect à tout un chacun. Bien qu’il fasse encore chaud, un frisson me parcourt, en même temps qu’un petit courant d’air (le premier de la journée), vient nous caresser le visage. C’est au tour des musiciens de Jeanne Added de faire leur entrée, tandis que l’on entend les premières notes de Remake. Jeanne Added apparait, radieuse et guerrière. On la sent heureuse d’être là, et on lui sent cette envie de casser la baraque. Elle pose sa voix, sublime, tandis que l’on entend le chœur en accompagnement ; c’est splendide… Telle une lionne dont la cage va bientôt être ouverte, Jeanne Added profite des premières notes de Radiate pour parfaire son échauffement physique, elle qui s’apprête à lâcher les chevaux. Au fur et à mesure de la montée en puissance de la chanson, le Chœur se fait de plus en plus présent, Jeanne trépigne jusqu’au moment où elle lâche ce « cri primal », après lequel elle se déchaîne littéralement. Le Chœur s’efface un petit moment tandis que la setlist classique déroule : It, Both Sides, Mutate, Back to Summer, Look at Them, A War Is Coming, Lydia, Song 1-2, Before The Sun et Suddenly. A noter que Look At Them a été chanté a capella avec le chœur, petit moment magique suspendu…

C’est mon troisième concert de Jeanne cet été, et c’est toujours le même plaisir de la voir, le même partage avec le public, avec en plus ce soir ces moments spéciaux avec le Chœur Accentus qui fût un réel plus. Les fans de The Cure n’ont pas boudé leur plaisir non plus, ceci étant un euphémisme…

The Cure : 40 ans d’histoire, une musique sans ride !

20H00 :  A une heure du Moment tant attendu, le soleil est passé derrière les arbres et la température est nettement plus supportable. Quelques brises d’air frais nous récompensent de notre patience. Cependant, la chaleur accumulée dans nos corps ne s’est quant à elle pas évaporée. Et c’est au moment où l’on pense avoir gagné la partie, que parfois : patatras… Certains fans arrivés parmi les premiers l’apprennent à leurs dépens ; se sentant faussement frais, ils tombent dans les vapes, et devront être évacués par les services de secours. Si près du but, c’est moche… Il me reste un petit tiers de mes 50 cl d’eau. Je les chéris comme ma dernière fortune…

Outre le chèque et le fait d’être précédé d’un artiste de qualité, The Cure avait une autre exigence ; jouer plus de deux heures ! Ceux qui suivent le groupe de tournées en tournées vous diront que les Cure donnent des concert oscillant entre deux heures trente et trois heures. Ce soir, ce sera deux heures quinze, de quoi offrir au public de Rock en Seine un bel aperçu de leur apport à la musique en quarante année d’existence.

The Cure - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
La jauge était à son maximum pour accueillir The Cure à Rock en Seine – ©Mathieu Foucher

21h00 : le jour est encore là et il fait maintenant très bon. En revanche, plus un centimètre carré n’est disponible dans le public. Les éternels derniers arrivés essayant de se faufiler contre vents et marées n’y parviennent plus depuis longtemps. Un regard derrière moi, pour contempler la foule à perte de vue, jusqu’aux arbres et encore après, sur les côtés, du monde du monde et encore du monde. The Cure a fait le plein ce soir, d’autant que ce sera la seule date française cette année. Il se murmure même que pareille foule n’a jamais été vue à Rock en Seine !

The Cure - Rock En Seine 2019 - ©Olivier Hoffschir
©Olivier Hoffschir

Dans une ambiance de folie par le volume des applaudissements et des cris, Robert Smith (chant et guitare), Simon Gallup (basse), Jason Cooper (batterie), Reeves Gabrels (guitare)et Roger O’Donnell (clavier) entrent sur scène, alors que la pré-intro de Plainsong (1989, album Disintegration) se fait entendre. Tandis que l’intro de la chanson se lance à son tour, Robert Smith, vêtu de noir, cheveux ébouriffés, fardé de blanc sur le visage, de noir sur les yeux et de rouge sur les lèvres, s’en vient contempler le public, longuement, d’un regard timide et fier comme Artaban à la fois. De son point de vue sur la scène, ce doit être sacrément jouissif de voir ce monde à perte de vue après 40 années de carrière… L’intro de Plainsong se termine, alors que Robert rejoint sa place devant son micro sur le milieu de scène. Au moment même où l’on entend sa voix, nous sommes quelques milliers à nous dire « C’est dingue ! Sa voix n’a pas changé ! » C’est assez bluffant d’avoir à 60 ans quasi la même voix qu’à 20 ans… (Demandez à Bono s’il n’aimerait pas !)

The Cure - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
Robert Smith ©Mathieu Foucher

Tel un diesel, les Cure enchainent avec Pictures Of You, toujours sur l’album Disintegration. Chacun est à son poste, relativement statique. Pas de débauche d’énergie, tout se joue sur la musique, d’une immaculée propreté. La première montée en puissance viendra avec Just One Kiss (1990), avec son rythme plus rapide et le bon travail de Jason Cooper à la batterie. Quant à la claque pour laquelle je tendais la joue, elle viendra en huitième position sur la setlist, après Last Dance dont Robert Smith est venu chanter la fin au plus près du public côté gauche de la scène. En effet, alors que la nuit est bien noire, et que Robert attrape sa flûte, il est temps de « convoquer les morts ». Une flûte dissonante, et une batterie reconnaissable entre mille, voici Burn, l’un de mes titres préférés des Cure. J’ai la douce sensation de m’élever au-dessus du sol, le cœur gros comme un melon, du mal à déglutir, l’œil un poil humide. Bref, les signes du bonheur et de la jouissance musicale sont là ! Enorme titre composé pour accompagner le film The Crow (1994), Burn était à mon sens la meilleure de la Bande Originale ! Ce soir, en cet instant, je revois les images d’Eric Draven revenu d’entre les morts, se transformant face à sa glace en ce personnage vengeur des injustices subies dans son ancienne vie. Ces 6 minutes à elles seules ont justifié les longues heures d’attentes endurées aujourd’hui…

The Cure - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
Robert Smith ©Mathieu Foucher

Le concert qui avait démarré gentiment ne redescendra plus du niveau où il est placé maintenant. C’est bientôt In Between Days, puis Just Like Heaven qui vont certainement rappeler quelques bons souvenirs aux ados du milieu des années 80… A Forest crée un vacarme à son tour tandis que l’on reconnait les premières notes ; ce titre est l’un des plus connus du groupe. La fin du morceau verra un chouette moment d’échange entre Simon Gallup à la basse, et le public, le premier lâchant deux notes, le second répondant par un Ouaiiiis, en chœur et deux tapes dans les mains.

Soucieux de ne pas offrir un simple best of, les Cure auront à cœur de jouer également des morceaux moins connus du grand public, comme Primary (1980), Shake Dog Shake (1984) et 39 (2000). Disintegration, titre de l’album éponyme, clôturera cette première partie du concert riche de 20 titres.

The Cure - Rock En Seine 2019 - © Zelie NOREDA
Robert Smith ©Zelie Noreda

Mais les Cure ont encore sous le coude de l’énergie et des hits. Après une courte pause bien méritée, les membres réapparaissent sur la Grande Scène pour le rappel. Robert Smith remercie le public chaleureusement. Puis en anglais, nous explique être arrivé à Paris la veille, et avoir réalisé qu’il ne pouvait plus parler français, pour la plus grande déception du public. Avant, acclamé par la foule de dire en Français :  » Mais non ! C’est pas vrai ! » Il nous promet alors (en anglais à nouveau) dans les 30 prochaines minutes du français comme nous n’en n’avons jamais entendu…

Pour entamer ce rappel, les Cure nous envoient un Lullaby (1989 – Disintegration) de haute volée. Sur l’écran géant de fond de scène se dessine une toile d’araignée ; « The Spiderman is having you for dinner tonight », l’une des peurs d’enfance de Robert Smith. Quand deux titres plus loin je reconnais The Walk (1983), je me surprends à penser « Mince c’est vrai qu’ils ont fait ça aussi ! » Friday I’m in love, voici la chanson pop qui est Cure mais ne ressemble pas à The Cure par son côté pop feel good song. Son clip est un hommage au cinéma muet, et comporte quelques clins d’œil à Georges Meliès. Titre de 1992 issu de Wish, j’ai eu l’occasion de l’écouter en soirée plus d’une fois ! 27 ans plus tard, il déclenche toujours une passion en concert…

The Cure - Rock En Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
The Cure ©Mathieu Foucher

Le titre suivant, Close To Me, se verra interpréter par Robert Smith sur l’avancée de la scène. J’y suis et c’est génial de le voir de si près le temps d’une chanson ! Why Can’t I Be You satisfera Le public côté gauche et droite, Robert s’y déplace pour chanter. Il faut dire que jusqu’à présent, il était resté derrière son micro sur le milieu de scène. Seule, Simon Gallup avait un « périmètre élargi ».

The Cure - Rock En Seine 2019 - © Zelie NOREDA
©Zelie Noreda

Toutes les bonnes choses ont une fin (heureusement ou malheureusement à vous de voir), et le rappel se clôture sur Boys Don’t Cry (1979). Avec une chanson abordant la thématique des sentiments gardés pour soi, The Cure conclue un concert qui nous a offert une belle floppée d’émotions que nous n’avons pas gardées en nous bien au contraire !

Je dois avouer ; je ne suis pas à proprement parler un fan des Cure. J’aime beaucoup les Cure, et je voulais voir la légende. J’ai été plus que copieusement servi ; avalanche de tubes, et quelques bonnes claques. J’ai vu un groupe qui avait envie de jouer, envie d’être là, et qui conscient de leur aura, a donné le maximum comme à chaque fois qu’il monte sur scène. Je leur sais gré d’avoir concocté une setlist taillée pour les festivals et non pour leur public, avec pas moins de 27 chansons, et tous les tubes que chacun voulait entendre. Vraiment, merci les gars, et merci à Rock en Seine pour avoir eu cette affiche !

The Cure - Rock En Seine 2019 - ©Olivier Hoffschir
©Olivier Hoffschir

Il faudra un certain temps pour ressortir de la fosse bondée. Je suis mort de fatigue, de faim et de soif, dégueulasse de sueur et de poussière. Mais je dois avoir aux lèvres le sourire des grands soirs, et un nouveau Souvenir à ranger, dans la boite dont souvent je viendrai soulever le couvercle pour me rappeler cette journée et ce concert des Cure…

Alors que Kompromat va donner un très certainement excellent concert sur la scène Cascade, je prends la tangente, et file droit vers ma sortie et mon métro 9 sans passer par la case Espace Vip, Presse, Restauration ou Bar. Il faut que je me réhydrate, il faut que je mange, il faut que je prenne une douche, il faut que je reprenne forme humaine !

Samedi : Se « dégourdir les oreilles », mais aussi les jambes!

La nuit de sommeil, malgré une petite touffeur, a été excellente et m’a permis de recharger quelque peu les batteries… La trentaine quarantaine passée, une journée comme celle de la veille a tendance à vous vider ! Petit déjeuner à mon adresse préférée du Bd Voltaire, je constate en avalant mon mes croissants qu’il va encore faire très chaud aujourd’hui. Ce n’est pas bien grave car… Aujourd’hui ne ressemblera en rien à hier ; pas de sit-in (immobile par définition) prévu à l’horizon, rien ne m’obligera à goûter au soleil plus que de raison. Au contraire, je vais pouvoir visiter le site de Rock en Seine et toutes ses scènes, mais aussi profiter du parc, de ses allées ombragées offrant un peu de fraîcheur, et de quoi se sustenter.

Sorti du métro à Pont de Sèvres, et en ce deuxième jour de festival, c’est avec la démarche de celui qui sait où il va que je rejoins l’accès presse (j’étais un peu moins sûr de moi hier…). Mon nouveau bracelet du jour au poignet, je filai droit sur la Grande scène pour le concert de Catastrophe.

Catastrophe : un grain de folie et de l’air frais!

Catastrophe - Rock en Seine 2019 - ©Olivier Hoffschir
Catastrophe – Rock en Seine 2019 – ©Olivier Hoffschir

Catastrophe ouvre la journée sur la grande scène à 15h30, j’ai manqué leur entrée et les premières secondes. L’après-midi est encore jeune et il n’y a bien sûr pas la foule que j’ai laissée hier soir. Pourtant, je suis surpris malgré tout de voir un public assez présent pour ce premier concert. Tandis que j’approche le devant de la scène, c’est une bande de joyeux drilles qui semble décidée à s’emparer de l’espace. Né en 2015, ce collectif oscillant entre 7 personne et plus a été fondé notamment par la Nantaise (Rezéenne plus précisément) Blandine Rinkel (journaliste et écrivaine), Pierre Jouan (compositeur), et Hadrien Bouvier (dramaturge). Catastrophe a depuis lors composé un E.P. (Dernier Soleil) et un album (La Nuit Est Encore Jeune). Se sentant l’âme d’une génération qui aurait grandi sous la menace anxiogène de la fin du monde et sous le joug des « deux sœurs morbides Mme Crise et Mme Dette« , Catastrophe a décidé de mettre en mots ces maux, leurs maux.

Sur scène, c’est un réel spectacle qui se déroule sous les yeux d’un public surpris et rapidement conquis. Six chanteurs(es) musicien(ne)s et deux danseuses, tailleurs ou costumes pour les uns, combinaison pour un autre, mais surtout de la couleur ! Tout de suite, une ambiance fun se dégage du groupe qui se met en place, un petit vent de folie douce va s’installer tranquillement. Entre chants en français et anglais, pensées à haute voix, textes déclamés, mise en scène théâtrale, parfois comédie musicale, Catastrophe aborde des sujets graves, sous une forme aux antipodes de l’anxiété qu’ils pourraient générer. Ils expulsent leurs angoisses sur la scène, en nous faisant vibrer de bonne humeur et de plaisir. On a envie de danser, chanter, et sourire avec eux. Je vous propose si vous ne connaissez pas, de découvrir Catastrophe avec ce clip de Bebop record.

Bebop record, à mettre dans toutes les oreilles!

Celeste : La perle du jour…

Empli de bonne humeur après ce premier concert, je me presse vers la scène Cascade, sur laquelle Celeste vient d’apparaître. Ici également, la jauge n’est pas à son maximum, il est encore tôt !  Il ne me sera pas difficile de rejoindre le devant de la scène. Celeste, artiste Soul Jazz fait partie de ceux que j’avais coché(e)s comme « A voir absolument ! ». Née aux Etats-Unis puis arrivée en Angleterre a Brighton à l’âge de 3 ans, son goût pour la musique et le chant remonte à ses premières années. C’est assez rapidement que lui seront reconnues des capacités et qualités vocales certaines. La publication sur YouTube à l’âge de 16 ans d’une chanson dédiée à son père disparu sera son pied à l’étrier. Depuis, elle construit sa carrière, et surtout ne laisse personne indifférent !

Celeste - Rock en Seine 2019 - ©rockenseine
Celeste – Rock en Seine 2019 – ©rockenseine

Ses influences ? Son grand-père l’a initiée à Aretha Franklin et Ella Fitzgerald. Puis plus tard, Billie Holliday passait en boucle sur la platine du pub où elle travaillait ado (source wonderlandmagazine.com). Aujourd’hui, elle est fan de Kanye West avec lequel elle aimerait beaucoup collaborer.

Celeste - Rock en Seine 2019 - ©Khaled Weirdsound
Celeste – Rock en Seine 2019 – ©Khaled Weirdsound

Et sur scène ? Après quelques minutes, le constat est implacable… Je n’apprécie pas cette habitude que l’on a bien trop souvent, à vouloir que tel artiste soit le nouveau Untel. Il(elle) est lui(elle)-même avant d’être un(e) autre. Pourtant, force est de constater qu’il y a du Amy Winehouse dans cette voix chaude, un petit brin éraillée, juste ce qu’il faut pour donner cette impression de fragilité. Accompagnée d’un clavier, un bassiste, un guitariste et un saxo, Celeste régale nos oreilles de son E.P. Lately. C’est assez aisément que l’on se sent transporté dans les volutes de fumée et les effluves de wisky d’un pub. Le public ne s’y est pas trompé, se laissant bercer par la voix magique de Celeste. Du lourd !

Laissez-vous envoûter par Lately de Celeste

7 Jaws : Serial puncheur, un futur grand?

Quelque peu fâché avec le rap depuis le début des années 2000, il m’arrive de plus en plus fréquemment de trouver des surprises dans la nouvelle génération de rappeurs. En effet, parmi un flot de « Wesh les moeufs les caisses ma b… », se cachent quelques petites perles au flow puissant et au discours élaboré.

Approchant de la Scène des 4 Vents par le côté gauche, je ne vois pas encore l’artiste, ni ce qui s’y passe. En revanche, le public a l’air de bien s’amuser, sautillant, bras en l’air. Enfin, j’arrive à poser les yeux sur la scène, et sur 7 Jaws. D’origine polonaise et berbère, 7 Jaws a quitté la Lorraine pour s’installer en région parisienne. Le nom de scène choisi (prononcer sept Jaws et non seven Jaws), fait référence à une blague de l’un de ses amis, après qu’il eut un soucis précisément à la mâchoire, lors de sa pratique du M.M.A. Il sort à 22 ans (à l’automne 2018) son deuxième EP, Steamhouse, un an après le premier, Nautilus. Deux références à Jules Vernes qu’il apprécie pour sa capacité à avoir inventé des mondes nouveaux.

7 Jaws - Rock en Seine 2019 - ©Khaled Weirdsound
7 Jaws – Rock en Seine 2019 – ©Khaled Weirdsound

Pantalon Baggy, torse-nu et arborant ses nombreux tatouages jusque sur le visage, 7 Jaws développe son rap, il en maîtrise déjà la forme, en sus du fond. Chaque mot est une chiquenaude, chaque phrase un pain. Tout sec et tout seul sur la scène soit-il, il en habite l’espace comme il est habité par son art. Malheureusement, je suis arrivé à la presque fin du concert et n’ai vu que les trois derniers titres, alors qu’il avait déjà mis le public dans sa poche. Ceci dit, j’en ai vu bien assez pour avoir envie de tendre l’oreille vers Nautilus et Steamhouse.

7 Jaws - Rock en Seine 2019 - ©Khaled Weirdsound
7 Jaws – Rock en Seine 2019 – ©Khaled Weirdsound

Louis Cole Big Band : Du fun dans l’élégance musicale

Louis Cole, batteur et multi instrumentiste, est la moitié du duo de musique électro-pop-funk KNOWER créé en 2009. Publiant sa musique via YouTube, le duo bientôt rejoint par des membres additionnels se verra adoubé par Quincy Jones, les Red Hot Chili Peppers (dont ils feront plusieurs premières parties), et Flying Lotus. Vous pouvez donc imaginer le niveau des lascars, compte tenu des exigences de leurs glorificateurs. Le succès de KNOWER, ce sont aussi des videos WTF, archi déconnantes, sans moyen, et donc détonnantes, pour accompagner une musique très sérieuse techniquement.

Louis Cole Big Band - Rock en Seine 2019 - ©rockenseine
Louis Cole Big Band – Rock en Seine 2019 – ©rockenseine

Aujourd’hui, ce n’est donc pas KNOWER, mais bien Louis Cole accompagné d’un Big Band, qui montera sur scène. Arrivé d’abord seul, dans un déguisement de squelette, il se pose au clavier, lance un beat, une première boucle, puis une seconde… Attrapant le micro, il commence à chanter F… It Up. Il coupe alors le beat et les boucles, tandis que le Big Band (en déguisements de squelette également) prend place et que lui-même rejoint sa batterie. F… It Up redémarre à pleine puissance. C’est une excellente entrée en matière. L’on peut compter en dehors de Cole à la batterie, 6 cuivres, un bassiste, un clavier et 2 choristes.

Louis alternera entre la batterie, le clavier, le chant, pour un concert à la croisée des chemins entre Jazz, Funk et Soul. Chaque instrument sera mis en lumière à son tour par un quasi solo. Les amateurs de la scène Jazz pur auront apprécié.

Girl In Red : Charme et innocence de la jeunesse

Derrière ce nom de scène se cache Marie Ulgen Ringheim, jeune norvégienne de 20 ans. Composant ses chansons et musiques dans sa chambre, c’est depuis cette dernière qu’elle poste ses premiers morceaux sur Soundcloud. L’effet ne se fait pas attendre, et à l’automne dernier, elle sort son premier E.P. : Chapter 1. Ses chansons parlent de filles, et de son désir pour ces dernières, bien qu’elle ne s’imagine pas nécessairement en icône gay. Plutôt appréciée des teenagers, si vous ne la connaissez pas, eux la connaissent probablement !

Je la découvre aujourd’hui sur la Scène Cascade. Précédée de ses quatre musiciens, Marie déboule en courant et sautant comme un cabri. Jeans noirs, tee-shirt bleu, et guitare en main, elle semble vouloir occuper l’espace qu’elle irradie de sa présence. Musicalement, sans rien réinventer, c’est sympa, ça sent la jeunesse et la bonne humeur. Quant aux mélodies, celles-ci sont accrocheuses et efficaces. A certains égards, Girl In Red me rappelle une certaine Alex Lahey, vue en concert aux Escales de Saint-Nazaire en 2018.

Girl In Red - Rock en Seine 2019 - ©Khaled Weirdsound
Girl In Red – Rock en Seine 2019 – ©Khaled Weirdsound
Girl In Red - Rock en Seine 2019 - ©Khaled Weirdsound
Girl In Red – Rock en Seine 2019 – ©Khaled Weirdsound

Il est grand temps de m’accorder une pause… Enfin, je vais pouvoir m’octroyer un instant bière (la première du festival !), et décide pour se faire de profiter de l’espace VIP et de son calme. Mon verre en main, je me délecte de mon breuvage, tout en assistant à l’interview en direct d’Abd Al Malik, Polo & Pan, et Jungle par Emmanuel Kherad pour France Inter. A quelques mètres de là, 7 Jaws est avec ses potes. Je profite de l’occasion pour faire un brin de causette sympa avec l’artiste très souriant.

Jungle : Retour vers le Fu..nk!

Jorja Smith ne m’a pas convaincu… La faute à Celeste, laquelle avait trop bien fait le boulot plus tôt dans la journée. C’est donc l’approche du concert de Jungle qui me fait quitter le cocon de l’Espace VIP pour rejoindre la Scène Cascade.

Fondé en 2013 par le duo de funk londonien et amis d’enfance, Josh Lloyd Watson et Tom Mc Farland, Jungle a d’abord « joué les Daft Punk », se faisant dans un premier temps appeler J et T, et ne dévoilant pas leurs visages. Il faudra attendre leur premier concert fin 2013 pour poser deux visages sur deux lettres, puis sur deux noms. Pour donner vie à leurs vidéoclips, Jungle, ou plutôt J et T, s’effacent afin que des danseurs mettent en lumière leur musique. Des danseurs qui les accompagnent parfois sur scène.

Jungle - Rock en Seine 2019 - ©Mathieu Foucher
Jungle – Rock en Seine 2019 – ©Mathieu Foucher

Musicalement ? C’est funky, c’est soul, un léger poil disco, ça groove un maximum. Diable, que c’est bon ! Véritables faiseurs de tubes, Jungle est une véritable machine à danser. Leur succès et leur renommée sont déjà là, preuve en est la jauge de la Scène Cascade est archi pleine, et il n’est pas évident de se faire une place pour les retardataires dont je suis !

Jungle - Rock en Seine 2019 - ©rockenseine
Jungle – Rock en Seine 2019 – ©rockenseine

Ce soir seul le collectif est présent sur scène, point de danseurs. Ou plutôt, c’est le public qui fera office de danseurs, que Jungle ne tarde pas à mettre en mouvement. Très efficace, c’est un bon en arrière dans le temps musical ; nous voici tous sur une piste de danse dans les années 70 ! Jungle était passé le 26 février dernier au Stereolux de Nantes, j’enrage de ne pas avoir suivi ma première impression et avoir laissé filer ma chance…

C’est ainsi que se clôturait Rock en Seine pour moi, point de dimanche à mon grand dam. La réalité de la vie, de la gestion des congés, du travail et tutti quanti me faisait reprendre mon train le lendemain, tandis que (sniff) Deer Hunter et Foals enflammeraient Rock en Seine (re sniff…) Cependant, je ne rentrerai pas à Nantes à vide, mais au contraire riche de souvenirs, et de bons moments (voire mémorables, #The Cure). Merci aux organisateurs, aux bénévoles et aux artistes. Un grand merci également aux photographes ayant mis quelques clichés à disposition! (Mathieu Foucher, Olivier Hoffschir, Zelie Noreda, ainsi que celui, celle, ou ceux qui a (ont) oublié d’ajouter son ©!) On se dit à l’année prochaine ? Je vous laisse avec un cliché des entairtainers de Major Lazer, derniers à passer sur la Grande Scène…

Major Lazer - Rock en Seine 2019 - ©Olivier Hoffschir
Major Lazer – Rock en Seine 2019 – ©Olivier Hoffschir

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