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On était bien à Aucard 2022

On était bien à Aucard 2022

On est bien là? Non? Sur le désormais pérenne site de la Gloriette, les chapiteaux de radio Béton sont de nouveau dressés et attendent le public pour cette édition 2022 du festival tourangeaux qui rassemble depuis plus de 30 ans un public fidèle et mobilise des bénévoles non moins fidèles. Le festival est en fait étendu sur une semaine complète, de samedi 4 au dimanche 11, mais le « Aucard officiel » est celui qui se déroule sur le plus grand site, où une grande scène et une plus petite accueillent les têtes d’affiche de l’édition.

Birdstone

Il est 19h, les bracelets une fois distribués, le public commence à se masser devant le guichet des banques pour faire le plein de monnaies de festival sous forme de tickets. Le système a ses avantages, mais il entraine malheureusement une queue assez conséquente… Les premiers accords d’un rock très seventies (Madness, deuxième titre de leur album Loss sorti ce printemps)s’élèvent sous le petit chapiteau aux alentours de 20h. Birdstone, trio tourangeaux, ouvre les hostilités. Comme à leur habitude, ils se sont recouvert le visage d’un maquillage doré qui leur donne l’allure de statues ou d’icônes, reflètant la lumière des spotlights. J’avais déjà vu leur set dans un café concert et été très impressionné. Je ne suis pas déçu. Dès les premiers accords, on est conquis et on se laisse emporter par l’énergie, la classe et une dextérité rare de la part des trois musiciens. C’est groove, intense, bourré d’ascenseurs émotionnels, les parties calmes succédant aux moments de pure énergie et c’est terriblement efficace. On navigue entre rock 70’s (on pense parfois au meilleurs de Grandfunk Railroad) et stoner à la Graveyard. Les rictus de Léo Gaufreteau traduisent et transmettent l’immense plaisir que le batteur ressent à jouer sa musique, les riffs dévastateurs et soli ultra efficaces de Basile Chevalier-Coudrain sont solidement appuyés par la rythmique énorme d’Edwige Thirion. Voir Birdstone en live est bien une expérience jouissive. Et le succès est au rendez-vous, le public étant venu nombreux pour un premier soir de festival, qui plus est en milieu de semaine.

General Elektriks

Si le set des tourangeaux rassemble un public d’aficionados et chauffe déjà bien l’audience, l’ambiance est électrique sous le grand chap’. Et pour cause, General Elektriks va entrer en scène. Le groupe, formé et emmené par le zébulon du clavier Hervé Salters, ne m’avait que moyennement convaincu au Temps Machine il y a … et bien au moins une pandémie. Mais là. Wouah! Leur electro funk bien barré fait monter la pression, chauffe un max un public qui se met immédiatement à danser. Chacun des trois musiciens qui tient le devant de la scène joue et donne vie à un personnage bien particulier : Salters au centre en maitre de cérémonie déchainé est entouré à sa droite d’un bassiste tout droit sorti d’un disco mobile des années 70 (Jessie Chaton qui se brosse le poil de son afro à coup de peigne entre deux poses à la Prince/Freddy Mercury) et, à sa gauche, le guitariste sauteur Éric Starczan, sorte d’Éric Clapton déguisé en ouvrier d’EDF (tenue blanche exigée). Derrière, les percussionnistes et batteurs s’échangent les tabourets. Les titres sont ultra dansants et le jeu de scène enthousiaste des musiciens, bien que réglé au millimètre, n’est pas loin de déclencher le délire dans la foule. Une jeune fille montera même sur scène pour embrasser le bassiste et le chanteur (en tant que guitariste, je proteste contre cet oubli impardonnable d’Éric!) pour re-sauter dans la foule. N’étant pas un connaisseur du groupe, je discernerais tout de même Party Like a Human et son beat imparable. L’ovation faite aux musiciens après ce show épique est à la hauteur du mal qu’ils se sont donné pour faire plaisir au public qui le lui a bien rendu. J’avoue que cet heureux mélange entre la musique d’un George Clinton et d’un Prince tel que le pratique General Elektriks m’a beaucoup plu ce soir là et que j’ai du danser avec le reste du public… ce qui est relativement rare de ma part.

Burning Heads

Je ne compte plus les fois où j’ai vu le groupe de punk hardcore mélodique orléanais depuis leurs premiers albums à la fin des années 80, début des années 90. Mais c’est la première fois que j’assiste à un concert avec Fra (ex The Eternal Youth) au chant. Les punks sont en terrain connu et conquis. Une grande partie du public a l’âge de les avoir vu de nombreuses fois également. Si certains ignorent encore qui est le groupe sur scène (on me le demandera à un moment donné), d’autres sont étonnés de leur âge (« mais ils sont vieux! » me dit ma voisine qui ne doit pas dépasser les 25 ans. Merci, ils doivent avoir juste quelques toutes petites années de plus que moi…). Non, les Burning ne seront jamais vieux car leur musique est éternellement jeune. L’énergie survoltée des riffs et mélodies qui ont émaillé ces plus de 30 ans de carrière n’ont rien perdu ni de leur mordant, ni de leur actualité. Dès les premières notes de Pharmaggedon (Torches Of Freedom, 2022) ça pogote dure dans le public. Les titres du dernier album fonctionnent à merveille au sein de compositions plus anciennes et la voix de Fra est dans la lignée de celle de Pierre Mestrinaro qui est parti en 2018. Et Philippe Agogué, colosse à la Gibson blanche sur le côté de la scène en a profité pour revenir. Des anciens morceaux, justement en voilà qui arrivent avec Gigi Pirate (Be One With The Flames, 1998), Little Bird, I Feel Fine (Escape, 1999) ou encore Push Me, Autopilot Off (Taranto, 2003). Jyb, comme a son habitude, a le sourire jusqu’au oreilles et se dépense sans compter, assurant une rythmique implacable aux côté de Thomas Viallefond, batteur historique, véritable gardien du temple, et membre des légendaires Komintern Sect à la grande époque du punk français du début des 80’s. Peu de morceaux reggae au sein de la setlist. J’en retiens un ou deux (Endless Summer, je crois, mais sans certitude, je ne connais pas vraiment l’album Opposite 2, le plus orienté reggae). On n’est jamais déçu avec les Burning !

The Murder Capital

Je n’étais pas le seul ce soir là à attendre les irlandais avec impatience. T-shirt et même tatouage Joy Division, à côté de moi, deux fans absolus ne cachent pas leur fébrilité à l’idée de voir leurs idoles. La fumée a (un peu trop comme cela semble être désormais la norme sur les concerts avec les lights en contre-jour) envahi la scène et les silhouettes de James McGovern – chant, Damien Tuit – guitare, Cathal Roper – guitare, Gabriel Paschal Blake – basse et Diarmuid Brennan-batterie se détachent bientôt sur fond de lumières chaudes. La présence de Mc Govern est tout de suite palpable, de même que la tenue de Blake, sweat-shirt noir capuche rabattue, en impose immédiatement. La dégaine du chanteur fait penser à une hybridation entre Gene Vincent, avec sa chemise western rentrée dans son pantalon de cuir, Morissey et Ian Curtis dont l’ombre ne quittera guère la scène tout le long du set. Le son des roulements de toms et de la basse qui s’élèvent font d’ailleurs irrésistiblement penser au légendaire combo de Manchester. TMC entame son set avec un Green & Blue plus pêchu que sur l’album qui pose tout de suite une ambiance puissante et lourde. La fascination opère immédiatement, le public ne moufte pas, les têtes dodelinent, les sub basses soufflent les premiers rangs, rentrent directement dans l’estomac. Les pédales d’effets sont triturées et boucles de delay, feedbacks et autres tremolo annoncent l’intro de For Everything. Le show est surtout assuré par le chanteur qui vient régulièrement s’avancer sur les sub-woofer installés dans le crash-pit, s’approchant de mes deux fans transis si près qu’ils auraient pu le toucher, ainsi que par le bassiste qui occupe l’autre côté de la scène. Le groupe va enchainer la plupart des titres de leur album et un inédit. On aura droit à un wall of death, Mc Govern descendra dans le crash-pit pour s’assoir sur la barrière et fumer une clope en écoutant ses collègues, puis, ils se livrera à un crowd surfing sur un des derniers titres. Avant de quitter définitivement la scène, Blake viendra saluer mes voisins avec un respect rare et sincère. Un grand moment pour un groupe qui vaut vraiment le détour sur scène.

Raki Bouzouki

Aucard, c’est l’éclectisme. Ce soir là, sur la scène du petit chap’, c’est Carte Blanche à la Fraca-Ma (Fédération Régionale des Acteurs Culturels et Associatifs) en ouverture de festival. La Grèce est à l’honneur avec Raki Bouzouki et sa musique qui s’inspire du rebetiko, musique traditionnelle grecque. Pas facile de passer sur un festival plutôt orienté musiques contemporaines quand on joue des airs traditionnels. Raki Bouzouki s’inspire de chants de tavernes, d’Izmir ou de ports grecs et est composé de trois musiciens qui n’hésitent pas à utiliser des pédales d’effet (whammy!) ou des pads pour déclencher des séquences rythmiques. Le public répond bien à ces airs qui lancent la soirée sur une ambiance gaie et festive. Peu de jeu de scène, mais un plaisir à jouer et une aisance communicative, hors-d’œuvre musical frais et joyeux pour bien aborder la suite.

Ez3kiel

Des lustres (2012?) que je n’avais pas vu le groupe tourangeau qui compte aujourd’hui presque 30 ans d’existence! Il ne reste aucun musicien du line-up originel hormis Johan Guillon qui avait rejoint le groupe à la guitare quelques temps après la formation en 1993. L’électro-dub des débuts, qui avait laissé place à une musique plus cinématique dans les années 2000, est aujourd’hui plus orienté post-rock. Leur dernier album, La Mémoire Du Feu, est un concept album qui voit l’arrivée de nouveaux musiciens, dont la chanteuse Jessica Martin-Maresco. Une partie des titres est accompagnée de textes déclamés et co-écrits avec l’écrivain Caryl Férey. Encore une fois, la fumée occulte largement la visibilité et ne facilite guère le travail des photographes. Ceci étant dit, le show est magnifiquement au point et les musiciens pleinement investis dans leur musique. Jessica Martin-Maresco impose sa présence au centre de la scène et sait exploiter merveilleusement sa voix. Mais la musique du groupe qui joue plus sur les nuances, les montées et descentes, semble paradoxalement moins à sa place dans cette ambiance festive, que celle de Raki Bouzouki. C’est un show qui se regarde et une musique qui s’écoute pour comprendre le déroulé du récit. La réception du public n’en est que plus contrastée, entre ceux qui décrochent, attendant des rythmes plus entrainants, et ceux qui entrent en transe à l’écoute de ces morceaux, oreilles attentives aux textes récités par Benjamin Nerot, création musicale tout en déploiement de lignes mélodiques et piochant à la fois dans la chanson française et un post-rock atmosphérique. À revoir dans d’autres conditions à mon avis.

Rank-O

La métropole tourangelle est devenue depuis quelques temps une véritable pépinière de talents (Stuffed Foxes, Birdstone, Ez3kiel…) et parmi les prétendants à une carrière nationale, voir internationale, il y a Rank-O. Leur post-punk tire vers les Talking Heads, Squid ou encore la nouvelle scène anglaise… et sous le petit chapiteau Aucard, l’atmosphère n’est pas loin de tourner à l’étuve. Peu importe, ça ne fait qu’attiser l’excitation du public dont une grande partie est déjà familière avec la musique du combo. C’est la folie dans le public dès les premiers accords et rapidement s’enchainent les slams et les pogos. Les titres sont assez dansants, entre post-punk psyché, No Wave tendance noise, et la prestation scénique largement à la hauteur. Un groupe à suivre et à revoir, convainquant sur une scène de taille moyenne, certainement efficace dans les clubs, il serait intéressant de les voir sur la grande scène de Levitation par exemple.

Et les autres…

Cette édition d’Aucard aura été l’occasion pour votre serviteur d’expérimenter, en dehors du festival, mais sur le chemin du retour, l’ultra-violence et de perdre l’usage momentanée de son véhicule… Pour cette raison, principalement, je n’ai pas pu assister à tous les soirs du festival. Parmi les inconnus et agréables découvertes, mention spéciale à Gaffa Tape Sandy et leur garage/punk rock d’outre-manche énergique et joyeux. Guitariste chanteur déchainé au jeu de scène rock and roll et sautillant, Kim Jarvis enchante immédiatement le public. De l’autre côté de la scène, assurant une rythmique aussi solide que ses deux doc plantées sur les planches, la bassiste Catherine Lindley-Neilson n’est pas en reste, et les mimiques désabusées et l’imperturbabilité de Robin Francis derrière ses fûts donnent une identité attachante au groupe. Leurs titres courts et efficaces, aux mélodies accrocheuses, font mouches et le public découvre là un talent qui est né il y a 6 ans à Brighton. À suivre!

Certains groupes ou artistes m’ont moins interpellés, sachant que bien évidemment toutes ces considérations de goût sont purement subjectives, mais il faut néanmoins souligner les performances de Tigre Bleu, ex-Boys In Liilies, Stuffed Foxes ou encore la bonne surprise de Lalalar. La première, seule sur scène avec ses machines, diffuse une musique électronique doucement hypnotique, tirant parfois vers la variété internationale (mot fourre tout bien pratique!) ou le trip-hop. L’atmosphère intimiste de ses chansons a largement réussi à conquérir une audience sous le charme. Les Stuffed Foxes et leur shoegaze, post-punk, dont l’album s’est attiré des critiques dithyrambiques, en dépit, à mon avis, d’un set encore un peu amateur pour un groupe qui prétend à monter sur des grandes scènes, ont bien mené leur barque et largement conquis le public (déjà bien acquis à la cause de ces stars tourangelles). En groupe de fin de soirée, Lalalar et sa techno/rock/transe turque aux accents évidemment orientalisant assureront largement le show et se feront une bonne réputation auprès du public qui sortira ravi du concert.

Voilà, c’est fini pour cette édition, mais les live reports de festivals estivaux continuent sur weirdsound avec la suite de levitation, Primavera, Le Hellfest (ouin, sans moi, trop triste…). Bel été à l’abri des chaleurs et autres manifestations du dérèglement climatique!

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