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Oiseaux Tempête : nouvel album et Live envoûtant

Oiseaux Tempête : nouvel album et Live envoûtant

Oiseaux-Tempête vient de sortir en Octobre un nouvel album, What On Earth(que diable). Récemment, Ziggy avait eu l’occasion de retrouver le groupe à Rennes Antipode, 3 ans après avoir déjà pris une grosse claque au Festival Soy à Nantes. J’étais donc impatient de découvrir, pour la première fois, en concert le groupe . D’autant qu’il ne cesse de séduire un public plus large, album après album et concert après concert! Mais tout d’abord, retour sur l’album.

L’album du tournant plus électro?

What On Earth, une projection d’images mentales

Le collectif, dont les membres originels Frédéric D. OberlandStéphane Pigneul  (plus Mondkopf aujourd’hui) tournent depuis dix ans, sait agréger les talents. Pour ce What On earth (Que Diable) nouvel opus sorti en octobre dernier (Sub Rosa et NAHAL Recordings) les musiciens sont bien entourés. On trouve les voix de G. W. Sok (The Ex) sur A Man Alone (In A One Man Poem) et Ben Shemie (Suuns) sur Black Elephant qui ouvre l’album (aussi à la guitare sur scène). On retrouve les percussions de Jean-Michel Pirès (Bruit Noir), le producteur libano-canadien Radwan Ghazi Moumneh  (collaborateur de Godspeed you! Black Emperor et Suuns), pour ne citer qu’eux. Forte de la B.O. du film Tlamess (Sortilège) de Ala Eddine Slim sorti en 2019, la musique déjà très organique et cinématique du combo s’est faite encore plus imagée.

On chemine dans l’album comme au travers d’une bande son de film, avec ses moments d’attente, ses climax. On en est presque à ressentir une sorte de suspense lorsque les titres s’étirent et se développent sur une temporalité presque impalpable, comme paradoxalement hors du temps. Tel ce The Crying Eye — I Forget avec Radwan Ghazi Moumneh qui prend son temps sur un petit peu plus de vingt minutes. Ici, le temps tel qu’on le conçoit semble ne plus avoir cours et les artistes nous font pénétrer dans une autre dimension. Celle ci se teinte de mélodies arabisantes sur fond de synthé. L’auditeur chemine à travers ce labyrinthe sonore comme au cœur d’un film où l’inattendu peut surgir à tout instant. D’où cette sensation de suspense constant qui parcours le titre.

Une formidable homogénéité

Il est difficile de classer la musique d’Oiseaux-Tempête. On a voulu y accoler l’étiquette Post-Rock, mais force est de constater que sur ce Que Diable, les machines de Mondkopf prennent désormais une place importante. Sans aucun doute, ce tournant plus électronique apporte un air nouveau et plus hypnotisant peut-être encore à la musique du désormais trio. On pourrait se laisser endormir par le rythme lancinant du disque. Mais les plages sont savamment orchestrées. Et là où The Crying eye termine, l’enchainement tout en douceur avec le fabuleux A Man Alone mené par la voix profonde et chantante de G. W. Sok nous secoue d’une torpeur qui aurait pu nous gagner. Et sans pour autant changer de nature. L’impression de continuité et d’homogénéité qui soutient toute l’écoute de l’album est une formidable réussite.

Ambiance orientale dans un bain de froideur électronique : un mix réussi

Choc des sons, choc des harmonies et des supports : machines vs guitares et voix, mélodies orientalisantes vs nappes de bruits et batterie vs rythmiques synthétiques, le mélange aurait pu laisser de marbre. Il n’en n’est rien. What On earth dégage une intensité émotionnelle qui donne raison à Björk quand elle prétend que l’on peut donner de l’émotion avec des sons électroniques! Dans un ensemble somme toute assez sombre, les violons de Jessica Moss (Thee Silver Mt. Zion) apportent un peu de lumière sur le One Man

Des titres plus courts, comme Waldgänger ou Terminal Velocity offrent des respirations presque méditatives au sein d’un univers dense et parfois étouffant ou inquiétant (Nu.e.s sous la comète). Toujours avec Radwan Ghazi Moumneh, Voodoo Spinning ouvre une fenêtre lumineuse, en apesanteur ou en immersion. Une sorte de flottement entre deux mondes où les tiraillement évoqués plus haut prennent toute leur ampleur : guitare et machines dans une lutte pour la lumière, beat et batterie qui semble se tirer la bourre. Une montée qui renoue avec les codes du post-rock (sans atteindre pour autant les sommets tels que peuvent nous délivrer des Mono ou P. G. Lost ou encore Bruit ≥ à qui Oiseaux-tempête est souvent comparé).

Le temps Machine, 8/12/2022, Oiseaux-Tempête/ Ben Shemie

La prestation solo de Ben Shemie, transcendances électroniques

Ce soir là, la première partie est assurée par personne d’autre que le canadien Ben Shemie. Ne connaissant pas son travail, je ne sais donc guère à quoi m’attendre. Le concert à lieu dans le club du Temps-Machine, salle désormais bien connue des circuits indé. Devant la scène à hauteur du public qui se masse assez nombreux, sont installées des machines. Sur la table, les diodes clignotent et des amplis ont été dressés sur le devant de la scène.

Le musicien arrive seul et s’empare du micro. Le tenant devant un des hauts-parleurs, il génère un son qu’il va boucler et transformer pour créer d’abord une ambiance, puis un beat et une mélodie. S’entourant le fil du micro autour du cou, il triture les potards et fixe un thème sur lequel il va appuyer sa voix. Sans distinguer toutes les paroles, on y décèle des histoires de rupture, des cicatrices mal refermées, une douleur qui s’exfiltre par la création musicale. Habité par ses textes et sa musique, l’artiste emmène avec lui un public qui sort du set comme on se réveille d’un rêve profond : les yeux ont du mal à se ré-habituer à la lumière.

Oiseaux-tempête, la sublimation alchimique

Ils sont presque au complet, les invités du disque. Les trois musiciens à la base du collectif sont là, derrière des machines, aux guitares, à la basse… Discret derrière ses claviers, Mondkopf donne l’impression de ne pas intervenir outre mesure. Mais si on tend l’oreille, on distingue les nappes et les ambiances qui habillent les titres et se mêlent avec une sensualité toute en finesse avec les piano électroniques et les guitares, et génèrent le son si homogène du groupe.

La musique composée pour What On earth prend toute sa dimension sur scène. Les titres prennent une ampleur que l’on ne fait que deviner sur disque. La magie des sons et des ambiances qui se déploient opère pleinement sur un auditoire complètement subjugué. Alternant machines et basse, Stéphane Pigneul triture les câbles et boutons de son synthé (Moog?). Il se déhanche avec son Explorer soutenu par la puissance de son ampli Ampeg. le son est rond, puissant, les lignes de basse lancinantes, répétitives et hypnotisantes. Devant, entouré des instrumentistes, G. W. Sok impose sa présence monolithique, sortant de scène lorsqu’il n’a pas de texte à déclamer. Sur le côté droit, Ben Shemie officie comme second guitariste ou clavier. Au chant pour Black Elephant.

Sur Partout le feu, Frédéric D. Oberland s’empare de son saxo et offre une prestation presque free-jazz qui donne au morceau une intensité qu’il n’a pas sur l’album. Un régal! Le set est réellement envoutant, les titres intenses. Après un rappel plus que bienvenu, le public sort un peu abasourdi par ce à quoi il vient d’assister. La chimie entre les musiciens assemblés ici par le trio Oberland/Pigneul/Mondkopf a totalement opéré : on a l’impression d’avoir assisté au concert d’un groupe qui tourne ensemble depuis des années!

Liens :

https://www.facebook.com/OiseauxTempete/

https://oiseaux-tempete.bandcamp.com/

https://www.letempsmachine.com/

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