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Mudhoney et Hooveriii au Temps machine: 23 sept 2022

Mudhoney et Hooveriii au Temps machine: 23 sept 2022

En Une: Bert Hoover (Hooveriii) et Mark Arm (Mudhoney) au Temps Machine le 23 Sept 2022 photo antoine@weirdsound.net

Une date importante dans l’Histoire!

23 Septembre: date historique s’il en est! Pensez donc, naissance d’Octave futur empereur Auguste (63 av. J.C), de Kubilaï Khan (1215), de Mr Moonlight (quelque part à la fin du XXe siècle), passage de Brassens à l’Olympia (1954) et Hooveriii/Mudhoney au Temps Machine en 2022! Alors, hein? La salle de « musiques actuelles » (j’adore ce terme générique qui ne veut rien dire!) accueillait donc ce soir là les jeunes californiens d’Hooveriii, projet de Bert Hoover, et les vétérans du grunge, Mudhoney.

Ces derniers font partie du panthéon personnel de votre serviteur qui, comme à son habitude quand il s’agit de miser sur un cheval, avait parié dans les années 90 que Mudhoney serait LE groupe grunge de la décennie et que Nirvana ne serait qu’un phénomène de mode pop qui s’éteindrait de lui-même avec un succès qui le déconsidèrerait aux yeux des « vrais » amateurs. Bon, l’histoire est passée et a écrasé les prétentions de Nostradamus du rock de Mr Moonlight.

Peu importe Mudhoney reste un groupe qui existe toujours aujourd’hui… contrairement à la majorité de leurs collègues de l’époque (il faut dire que la came et les suicides ont eu malheureusement raison de pas mal d’entre eux…), en dépit des aléas inhérents à la vie de musicien. Et en plus, ils rassemblent encore du public lors de leurs concerts. Moyenne d’âge dans la salle? Disons que grâce à quelques jeunes fans éclairés, elle descendait peut-être en dessous de la cinquantaine… Mouais.

Cette tournée de quelques dates en France est l’occasion pour Hooveriii de se produire devant un public qui découvre bien souvent leur musique. Ziggy, qui a beaucoup plus de flair que le rédacteur de ce live report, avait décelé dès le premier album le potentiel du projet et chroniqué les suivants dans ces colonnes (ici et ici). C’est avec grand plaisir que j’ai rencontré Bert Hoover quelques heures avant leur entrée en scène pour une interview qui nous a permis de mieux connaitre le parcours du musicien et du groupe.

Hooveriii: un set convaincant!

Le public se rassemble dans la grande salle du TM dès les premières notes de basse et l’intro du concert d’Hooveriii qui entame leur set sur un titre du premier album, Destroya. On sent un réel plaisir d’être sur scène de la part du leader qui arborera un grand sourire tout le long du show. Le son est large et les guitares, bien fuzzées, sont en avant, donnant indéniablement un côté Hawkwind à leur musique (évoqué en interview, il est d’ailleurs une des influences du guitariste/chanteur). Plus lourd et saturé que sur album, le son du live vous prend bien au tripes. Hang ‘Em High arrive ensuite, suivi sans pause d’une outro qui permet au groupe de glisser sur le titre d’ouverture du dernier L.P, See.

Si Bert Hoover semblait détendu et heureux dès le début du set, il aura fallu quelques titres pour que le guitariste et le batteur-Owen Barret- commencent à se lâcher. Le bassiste, Kaz Mirblouck, hiératique et placide, ne se départira pas durant tout le concert d’une attitude qui pourrait laisser passer celle de Droopy pour très expressive. Derrière sa Gibson SG et ses retours, il assure pourtant avec brio et efficacité les parties basses des morceaux. Dans le public, les réactions sont positives, et les regards échangés approbateurs. Sans aucun doute, le combo convainc largement l’audience. Seul bémol relevé par une personne du public qui n’avait visiblement pas mis de bouchons, le niveau sonore du concert qui devait certainement fleurter avec les limites légales admises! Quoiqu’on en dise et pense, cela permet en retour de ressentir les fréquences au travers du corps et donc vivre physiquement la musique.

Le groupe mené par Bert va alors jouer à la suite trois autres titres de A Round Of Applause : Out Of My Time, Twisted And Vile, et My Directive. Les applaudissements et encouragements se font plus denses dans la salle au fur et à mesure que les morceaux chauffent le public. Après Control et Reptile, retour sur un titre de AROA avec The Runner et un final très psych-rock avec Head-Squeeze, titre enregistré et joué par Bert sur l’album éponyme de 2017. Il nous délivre ici une version rallongée, moins froide et arrangée pour le live qui clôture magistralement le set.

Mudhoney: Every Good Boy Deserves Superfuzz

Le 28 avril 1995, au palais des Congrés de Bourges, juste avant les Irlandais de Therapy?, un quartet d’américains venus de Seattle entre en scène. Ce soir-là, Mudhoney jouera à peu près vingt minutes avant que—était-ce un prétexte parce que trop défoncés ou la vérité—l’ampli du bassiste d’alors Matt Lukin, ne reçoive un verre de bière empêchant le groupe de finir le concert. Je n’aurais pas parié revoir ces vieux punks vingt sept ans plus tard toujours debouts et quelques rides en plus. Et pourtant, c’est bien Mark Arm qui se tient debout dans la lumière froide, tournant le dos au public, exposant sa toujours longue chevelure blonde. Et c’est bien Steve Turner qui arbore un t-shirt Crass et une Guild rouge sur la droite. Résonnent alors les premières notes de basse—Guy Madison a remplacé Lukin au tournant du siècle— du classique Mudride (Superfuzz Bigmuff, 1988). L’ambiance musicale est évidemment lourde, le tempo à peine plus rapide que sur album. Les arpèges s’égrènent lentement sur la ligne de basse, Dan Peters entame le martèlement de ses fûts. L’intro s’étire, faisant monter la tension dans le public.

Puis Mark Arm se retourne, aborde le micro avec un air de « pff, encore une soirée comme ça » et … la voix du chanteur semble ne pas avoir pris une ride. Le timbre éraillé, nonchalant, la diction trainante : tout est là. En fermant les yeux, on pourrait se croire à la fin du siècle dernier. La wah-wah, la fuzz, résonnent dans l’enceinte de la salle, enchantant un public conquis d’avance. Suit le plus méconnu Nerve Attack qui figure sur le dernier album sorti en 2018, Digital Garbage. Le style est plus stoogien. La silhouette du chanteur encourage d’ailleurs la comparaison avec l’Iguane. Ce que confirmera la dernière partie du set avant le rappel lorsque le chanteur guitariste délaissera sa Gretsch pour se saisir du micro, prenant des postures qu’Iggy lui même n’oserait plus adopter. Mais on revient vite aux classiques avec Suck You Dry (Piece Of Cake, 1992)qui fait l’unanimité, le public hurlant le refrain à tue tête.

Je connais assez mal la période qui suit le départ de Matt Lukin, mais le titre Inside Job qui est extrait de l’album de 2002 Since We’ve Become Translucent est un petit brulot punkoïde diablement efficace! Çà commence à pogoter dans la fosse.

Et au milieu se coule… un titre inédit!

Mélangeant classiques et titres moins connus, le groupe assure la présence tranquille de ceux qui n’ont plus rien à prouver. Arm lance au public « The next song is from our forthcoming album » avant d’entamer les premiers accords de leur presque balade, If I Think qui date de…Superfuzz! Quelle efficacité presque quarante ans après! Viendront Good Enough (Every Good Boy Deserves Fudge, 1991) et c’est bien du caramel chaud qui coule dans nos oreilles lorsque deux titres plus tard—dont Sweet YoungThing Ain’t Sweet No More toujours sur Superfuzz—les accords de Touch Me I’m Sick retentissent! C’est du délire dans le public qui reprend les paroles hurlant plus fort que jamais.

Et ensuite… et bien le voilà le titre de l’album à venir, les petits farceurs! Il en a fallu de la perspicacité pour retrouver d’où sortait ce morceau. Mais c’était sans compter sur la pugnacité de votre serviteur qui a déniché cette annonce sur twitter faite par le groupe, Tom Herman’s Hermit qui succède à Touch me ce soir là, semble bien être le premier titre d’un futur album et a été joué pour la première fois le 9 septembre 2022!

Attention, ceci est une vidéo des années 90, toute ressemblance avec un show de Mudhoney en 2022 est impossible! Si les titres n’ont rien perdu de leur efficacité, en revanche, on n’a plus la même énergie sur scène. la drogue sans doute…

On revient sur des bases plus solides avec des titres issus de EGBDF ou de Mudhoney (1989). Je découvre des titres comme FDK ou Chardonnay, ultra efficaces, deux minutes et quelques de punk brut. Mark Arm délaisse la guitare pour s’emparer du micro jusqu’à la fin du set. Le service d’ordre du Temps machine rappelle à l’ordre des pogotteurs et stage-diver trop turbulents à leur goût. Bon, on n’est pas non plus à un concert de Serge Lama, hein! Dommage… La fin du show fait la part belle aux titres du dernier album, Digital garbage et clôture d’ailleurs le concert par One Bad Actor qui figure sur l’E.P. Morning In America qui est en quelque sorte le « best of the crap » des sessions de Digital Garbage.

Le rappel verra le show se terminer par une version épique—avec solo de batterie de Peters au milieu—du In And Out Of Grace, le morceau que j’ai peut-être le plus enregistré sur mes compil de cassettes à l’époque des auto-radio…K7.

Une plongée dans la nostalgie adolescente? Non, je ne crois pas. Le garage-grunge de Mudhoney ne vieillit pas et l’envie de jouer ne semble pas non plus avoir quitté les musiciens. Hooveriii m’a plus que convaincu en live, et Mudhoney m’a persuadé que l’âge n’avait pas de prise sur les rockers! (chacun ses illusions, merci de respecter les miennes!)

Merci à Bert et à Hooveriii pour leur gentilesse, au Temps Machine pour l’accueil, à Guillaume pour l’orga, à Carlo M. et bien sur à Mudhoney!

http://archives.letempsmachine.com/agenda

https://hooveriii.bandcamp.com/music

https://mudhoneyonline.com/

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