Mama Festival & Convention : le point de vue de la programmatrice

Le Mama festival vient de dévoiler la programmation complète de sa 10ème édition qui aura lieu les 16, 17 et 18 octobre prochain, entre poids lourds et découvertes, il y en a pour toutes les sensibilités.
10 ans ça se fête ! Voilà maintenant 10 ans que le Mama festival & Convention a investi les salles de Pigalle avec ses conférences et ses dizaines de concerts chaque soir, durant les trois jours du festival.

Ils seront quelques 130 artistes à enflammer les salles mythiques du 18ème arrondissement parisien, qui prend les allures de festival urbain géant.
Pour en savoir un peu plus sur ce rendez-vous incontournable de l’automne, ancré dans le paysage culturel parisien depuis 10ans, nous avons posé quelques question à la programmatrice du festival.
Interview de Ségolène Favre Cooper, programmatrice du Mama Festival
Le Mama fête ses 10 ans cette année, peux-tu nous parler de son évolution depuis la 1ère édition ?
Ségolène Fabre Cooper: Le Mama avait lieu sur deux jours (vendredi et samedi), maintenant on est passé sur trois jours pleins (mercredi, jeudi, vendredi). On est passé de 40 à plus de 130 artistes. Donc forcément ça fait une sacrée évolution en termes de fréquentation des professionnels ou du public. On a multiplié par je ne sais plus combien tellement les chiffres ont évolué depuis. On a dix salles et 11 scènes, donc clairement ça a pris de l’ampleur. On a beaucoup remonté le nombre de pros qui viennent tout autant que le public. C’est quand même le but du Mama, de réunir à la fois les différents publics, pros ou pas, les médias bien sûr, mais aussi les français et les étrangers. L’idée est vraiment de créer des ponts, afin que les gens puissent échanger, travailler ensemble, se vendre des artistes, des shows ou au contraire les acheter… Et ainsi les aider à se développer un peu partout dans le monde. Le but est vraiment d’aider les pros, qu’ils soient français ou non, à travailler ensemble.
Comment se met en place la programmation d’un tel festival ?
Ségolène Fabre Cooper: C’est un truc géant, puisque l’idée c’est de présenter des artistes émergents et d’autres confirmés, des artistes français et des artistes internationaux, des artistes de genres très différents, iazz, hip-hop, électro, funk, j’en passe et des meilleurs. Et l’on doit essayer d’équilibrer tout ça. Bien sûr je ne suis pas toute seule pour cette tâche, je travaille étroitement avec les agents, les managements, labels français et internationaux.
Je travaille avec un comité de programmation et j’ai trois personnes avec moi pour m’aider. Ce sont trois personnes de grandes compétences. L’une est directeur artistique des Bars en Trans à Rennes, l’autre est Booker et programmateur et la troisième et co-fondateur d’une boite qui fait de la programmation pour les festivals ou qui programme des scènes des festivals.
Après, il ne faut pas perdre de vue une chose, c’est que le Mama côté professionnel, c’est la présentation d’activités à des programmateurs ou à des potentiels partenaires français ou internationaux. La plupart du temps on est sur des concerts de maximum 45min voire moins, ça dépend des profils. On en a aussi qui durent moins longtemps, soit pour des besoins de temps d’exposition, soit parce que ce sont des artistes très émergents auquel cas il vaut mieux faire un truc d’une demi-heure que de trois quarts d’heure qui ne servent à rien. On essaie de présenter ces artistes là à la fois aux médias bien sûr, mais aussi au public. Le public a à nouveau accès à l’ensemble des salles du festival, quelle que soit la capacité des lieux. L’idée c’est à la fois d’aller voir les artistes qu’on aime bien, mais aussi partir à la découverte d’artistes qu’on ne connait pas, au détour d’une salle. On garde vraiment ce côté Pigalle, village festival.
Pour toi quel est l’artiste ou le groupe à ne pas louper ?
Ségolène Fabre Cooper: Il y en a plein, on est super content de la programmation que l’on a faite cette année, il y a beaucoup de coups de cœur. Après on peut insister sur plein de choses, mais il y a un truc que je vais relever sur deux shows. A la fois sur le show qu’on a essayé de monter à La Cigale. Je pense notamment à la soirée qu’on fait avec le label de Faada Freddy qui a été un artiste pour qui le Mama était important, puisqu’il y a participé quand il était petit. On fait une grosse soirée avec les nouveaux du label à la Cigale. On a pris le parti le jeudi de ne pas mettre forcement des groupes énormes en terme de nom, mais vraiment des artistes auxquels on croit pour la suite. On a vraiment envie de dire aux gens de venir voir, c’est pourquoi on les a mis dans cette belle salle de la Cigale. C’est un peu pareil pour le vendredi où on est parti dans l’idée de transformer La Cigale en une sorte de Dancefloor, ça va être un peu tôt (22h30), mais ce n’est pas grave, on y va. On va présenter trois spectacles en scène centrale dans la Cigale, deux d’entre eux seront en 360 degrés au rez-de-chaussée avec une reprise au balcon. De plus, le live de Molécule sera pour le coup très immersif, puisque non seulement ça va être à 360 degrés pour le son mais en plus dans le noir, beaucoup de noir. Ça va être un spectacle dans lequel les gens vont entrer et danser. On va essayer de transformer cette Cigale en mini dancefloor, évidemment on ne fait pas de hardtek, on reste sur des choses qui sont quand même assez introspectives. Mais je pense que ça va être une expérience assez intéressante, un peu d’innovation ne fait jamais de mal.
En tant que programmatrice, quels sont les artistes que tu as pu ramener au Mama et dont tu es fière actuellement ?
Ségolène Fabre Cooper: Il y en a plusieurs donc je suis fière, mais on est hyper fier d’avoir cru en Christine and the Queens à l’époque, qu’on avait d’ailleurs fait jouer à La Cigale. Elle était extrêmement clivante surtout chez les pros, puisqu’elle n’était pas encore connue du grand public. Nous, nous étions super contents. On est également super content d’avoir accueilli sur la première édition, parce qu’il n’y avait pas grand monde qui y croyait, Woo Kid. Il y a Jain aussi, qui sortait vraiment de nulle part et que tout le monde regardait de travers. Mais nous on y croyait, on disait « non, non si, si, vous verrez ». Il y en a pas mal des comme ça qui étaient petits et qu’on a accueillis, je ne les ai pas tous en tête… Fada on est hyper fier de lui, il y a aussi les jumelles Ibéyi. On les avait programmées dans une petite salle, c’était dans ce qu’on appelait à l’époque le living Montmartre, quand on était encore en billetterie par soir et par salle et pas avec le système de pass. On proposait des concerts entre 18 et 20h, dans des bars, des galeries d’art, des petits théâtres de quartier et là c’était un show privé. Elles ont fait un concert magnifique devant une cinquantaine de personne.
On est super fier aussi d’avoir accueilli Eddy de Pretto et Clara Luciani quand ils n’étaient pas encore connus, même si pour Eddy entre temps, c’est allé très très vite. Quand on l’avait programmé il n’était pas encore connu. Entre le moment où l’on programme un groupe et le moment où il joue c’est quand même très différent.
Clara Luciani c’est pareil, elle était en bruissement, pas du tout à l’échelle où elle est aujourd’hui. C’était il y a deux ans si ma mémoire est bonne. En deux ans il s’est passé pas mal de trucs positifs pour eux. Ce genre de réussite on est quand même assez fier d’avoir contribué à les montrer, à les aider. Après ce n’est pas nous qui avons fait le gros du travail, on leur a donné des scènes d’expositions, mais on est super fier de les avoir accueillis.
Plus d’infos
Mama Festival : 16, 17 et 18 octobre 2019
Lieu : Pigalle
Billetterie
Pass 1 jour : (+35 concerts) : 21 à 27€
Pass 3 jours : (+100 concerts) : 52 à 55€
