Little Richard, rock and roll can never die!

Préambule
Il y a quelques paires d’années, je venais le soir après les devoirs écouter de la musique dans le bureau de mon père. C’est sans doute lui qui a instillé le premier ce goût du rock and roll dans mon cœur et dans mes oreilles, et aussi, peut-être à son grand dam, cet esprit de rébellion qui devrait aller avec. N’oublions pas ce que représentait une figure comme Little Richard pour la génération qui grandit dans les années 50/60. Aujourd’hui, après la disparition de ce géant que fut Richard Wayne Penniman, Mr Moonlight Senior s’est souvenu de ce qu’a représenté sa musique pour l’adolescent qu’il était, et ce qu’elle lui rappelle aujourd’hui. Rest In Peace Mr Richard.
Mais embarquons dans la De Lorean et retournons en 1958 ! (les intertitres sont de votre serviteur, NDLR)
Little Richard, great rocker, que de bons souvenirs !
Radio gaga
J’avais 15 ans, j’étais au collège. Un camarade de classe était mon meilleur ami. C’est lui qui m’a fait connaître la station Radio Luxembourg « 208 medium waves, 49.26 short waves ». Tous les soirs, cette station diffusait les hit-parades pop et rock du moment. Exclusivement anglais et américains. Souvent le son s’affaiblissait, quasi inaudible, puis reprenait, puis disparaissait, puis revenait. Émetteur lointain, en modulation d’amplitude, ondes moyennes ou courtes. Oreilles collées au modeste récepteur radio de la maison. Ma mère qui parfois l’entendait : « C’est de la musique de sauvages ! ».
Rats de bibliothèque. Vraiment?
C’est aussi cet ami, Jean-Paul, qui un jour avait glissé dans son cartable un 45 tours single de Little Richard. Pendant nos heures de bibliothèque, entre deux cours, nous nous asseyions à la table où trônait un tourne-disque. Pas de hauts parleurs, juste une demi-douzaine d’écouteurs. Pour justifier notre usage de ce tourne-disque, nous empruntions auprès de la bibliothécaire un disque de musique classique. Quand elle avait le dos tourné, vite fait bien fait, ce disque était remplacé par Good Golly Miss Molly, (sure like to ball), ou Long tall Sally … Nous ne comprenions pas bien les paroles mais nous adorions Little Richard.
Et, soupçonneuse, la bibliothécaire venait nous voir… Elle nous faisait remettre le disque de musique classique sur l’électrophone. Et à nouveau quelques minutes plus tard, Little Richard reprenait ses droits. Et elle revenait voir, et nous recommencions le même manège. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle en ait assez et débranche l’appareil.
Juke Box Baby
Mais rien ne valait le juke-box du Mambo, une boîte de pinballs (flippers) que nous fréquentions après les cours. Little Richard y avait une place d’honneur, évidemment.
Que de bons souvenirs que la fin des années 1950 – et le début des années 1960 !
By mr Moonlight Senior, live from Tucson, Arizona
That’s all folks! Or… maybe not.
Oui, chaque génération a ses idoles, mais celle de mes parents a ceci de spécial que, peut-être pour la première fois de manière aussi marquée, les stars de la musique encourageaient leurs fans à aller contre « l’establishment », non seulement à se rebeller et à s’amuser (la Seconde Guerre Mondiale n’était pas loin et beaucoup sont nés au milieu du conflit), mais aussi à vivre et à assumer pleinement à la face du monde les personnes qu’elles étaient vraiment : contestation des guerres en Asie, dépénalisation de l’homosexualité, marche pour les droits civiques… À cette époque, la France du Général de Gaulle était étouffée, conservatrice, conformiste, et le moindre écart jugé sévèrement. Les parents de cette période cherchaient avant tout à retrouver ce petit pays étroit qu’il était avant guerre. Il faut donc mesurer ce que l’on doit à ce « soft power » qui, pour le meilleur ou pour le pire, apportait une culture fraîche, nouvelle, décomplexée dans nos contrées. Pour la première fois, et plus que pour le jazz ou le swing, une génération se dressait contre l’ancienne. Et Little Richard, ouvertement homo, était bien placé pour représenter cela. Sa disparition doit nous interroger sur ce que représente la musique aujourd’hui : y a-t’il encore de véritables mouvements subversifs comme le fut le rock and roll, le punk, et même, à ses débuts, le rap?
Comme diraient les américains, God Bless Little Richard!