Iggy Pop - Love Missing
The Offspring - Why Don't Get You A Job?
The Dropkick Murphys - Dirty Old Town cover
Washington Dead Cats - I'm A Dead Cat
Bob Vylan - We live here
Ghost - Kaisarion
Decius
The Brains

Le « on aurait du vous en parler » en 2021

Le « on aurait du vous en parler » en 2021

Eh bien oui, le sacerdoce de chroniqueur bénévole est pavé de ratages, de sorties qui se télescopent, d’interférences avec la vie privée ou professionnelle qui font que l’on aime un album, qu’on veut le chroniquer mais que le temps nous échappe (et le temps perdu ne se rattrape plus comme disait ce bon vieux Bernie Bonvoisin) et qu’il est parfois trop tard pour entamer un article qui sortirait à la fois après le moment adéquat ou bien trop tôt pour être un retour sur celui-ci. Ou d’albums que l’on prend le temps d’écouter que bien après leur sortie. C’est donc pour cela que désormais nous avons décidé de vous faire part tous les ans des albums qui nous ont marqués dans le courant de l’année passée mais qui n’ont pas eu droit à leur article. Exclus de cette sélection, ceux qui ont eu les honneurs du top 10 que je vous invite bien sur à écouter attentivement également.

Les oubliés de Mr Moonlight

Cult Of Luna-The Raging River

Pour commencer, un E.P. sorti en début d’année et qui marque le retour du groupe post/sludge suédois qu’on aime beaucoup chez Weirdsound. Alors que le prochain album s’annonce pour le 11 février 2022, The Long Road North, et qu’un single vient de sortir (Cold Burn), il y a un an quasi jour pour jour, les musiciens nous gratifiaient de cet excellent E.P. sur lequel figure en featuring le non moins excellent Mark Lanegan. Il vient en effet poser sa voix grave et chaude sur le très aérien—et court : 3:20!— Inside Of A Dream, morceau étonnement calme aux accords de guitare cristallins sur fond de nappe de synthé et un beat qui sonnerait presque jazzy.

Le titre d’ouverture, Three Bridges avait fait l’objet d’un clip audio qui donnait le ton. Une atmosphère que ne renierait pas Neurosis, riff angoissant et mélodie sortie tout droit d’un film d’épouvante (j’adore ce terme désuet, on dirait du Macron(ce qui ne veut pas dire que j’apprécie ce personnage!)). Encore une fois, les titres s’étirent et se transforment pour alterner des plages où les guitares se font plus mélodiques tout en égrainant ce sentiment de désolation qui transparait de plus en plus au fil de leurs compositions. Au final, un E.P. qui pousse jusqu’à 38mn et qui pourrait presque être qualifié d’album au vu de la longueur de certains opus d’autres groupes. Il faut dire qu’il se conclut par plus de douze minutes d’un intense Wave After Wave, beau comme une mer houleuse par une nuit sans lune. « Comme bande son de fin du monde, ça se pose un peu là » fait remarquer un fan sur leur Bancamp. On ne saurait dire mieux.

Headcharger-Rise From The Ashes

Cette année aura été particulièrement metal dans les chroniques (bon surtout Mr Moonlight en fait). Peut-être encore plus que d’habitude, le besoin d’expulser des angoisses et des colères s’est-il fait plus sentir que d’habitude? Toujours est-il que le précédent album de cette valeur sûre du metal français (dixit weirdsound :)) qu’est Headcharger, Hexagram, était le dernier rejeton d’une période qui, sans que les musiciens le réalisent réellement, tirait à sa fin. En effet, ce nouvel album voit le départ de Rudy Lecoq et Anthony Josse, respectivement batteur et guitariste et l’arrivée de deux nouvelles recrues qui vont largement participer à l’écriture de cet opus aux allures de phœnix : David Vallée (guitare – chœurs) et Antoine Cadot (batterie) rejoignent donc Sébastien Pierre (chant), David Rocha (guitare) et Romain Neveu (basse) pour former cette nouvelle mouture.

La musique s’éloigne encore plus du metalcore des origines, bifurque du chemin purement stoner du précédent disque pour y glisser des éléments plus heavy-rock. Les mélodies de Sébastien Pierre sont accrocheuses (My Chain) et les riffs lourds (Death Sound) le disputent aux morceaux plus entrainants et lumineux (Magical Ride). Plus torturé, Love-Hate, ou plus énergique et presque classic rock parfois, Piece Of Mind, plus complexes (Rise From The Ashes), accents bluesys sur So Strange, les morceaux gardent toujours cette identité propre au groupe. L’alchimie entre les deux guitaristes prend bien (le final de Death Sound en témoigne) et on sent que des influences plus « fin de siècle » sont venues se glisser dans les compos (on se dit qu’ils ont bien intégré leur Foo Fighters illustré ainsi que leurs cours de Soundgarden). Comme le dit Romain Neveu (que nous avions interviewé pour la sortie d’Hexagram) : « De toute façon, cet album est réellement un « Hommage » au rock des années 90. Je pense que c’est indéniable. On vient de là. »

Mdou Moctar-Afrique Victime

Tout comme une de ses idoles, Eddie Van Halen, le Nigérien Mdou Moctar a commencé la guitare sur un instrument de sa fabrication. Mais ne trouvant pas de cordes ou n’ayant pas les moyens d’en acheter, il l’équipe de câbles de vélo. Autant dire qu’il a du se faire une sacrée corne sur les doigts ! Il s’emploie depuis lors à diffuser des airs du désert qu’il adapte à sa sauce. Sa musique, comme beaucoup de choses sur le continent africain, s’est tout d’abord diffusée via les téléphones portables. Sur Afrique Victime, le penchant psychédélique et la tendance à la transe de cette musique aux mélodies répétitives et tout en demi-tons se font très présents. Signé chez Matador, l’artiste prouve qu’il joue désormais dans la cours des grands. Les neufs titres d’Afrique Victime sont autant de revendications pour une émancipation des pays d’Afrique vis-à-vis des puissances coloniales qui ne veulent pas lâcher leur pré carré, pour le droit des femmes, ou des réflexions sur l’amour et la nature.

Peu à l’aise en studio, c’est en plein air (à Niamey comme le suggèrerait cette video?), entouré d’un public attiré par la musique, que le guitariste a finalisé son album entouré des membres de son groupe—le guitariste Ahmoudou Madassane (qui n’apparait pas sur la video), le batteur Souleymane Ibrahim, et le bassiste Mikey Coltun. Tantôt électriques et sautillantes (Asdikte Akal), parfois acoustiques, chantées en Tamasheq (langue Touareg essentiellement parlée au Mali par un demi million de personnes) ou en français (Afrique Victime), les musiques d’Afrique Victime sont des airs joués le plus souvent sur deux où trois notes autour desquelles vont venir s’enrouler des variations, des voix qui s’entremêlent, des percussions qui vont donner un côté « coin du feu » à certains titres (Tala Tannam). Le morceau qui donne son nom à l’album est le plus rock dans l’esprit avec son rythme à la Shadows, sa guitare fuzz et ses riffs Hendrixiens.

Avec ce magnifique album qui a failli figurer dans le top 10 de Mr Moonlight, Mdou moctar monte d’un cran et permet à la musique touareg de toucher un public plus large et de diffuser une langue qui se fait rare, des rythmes et des mélodies inhabituels dans un univers formaté par le rap ou le rock.

Amon Tobin-How Do You Live

Le prolifique brésilien qui se démultiplie sur différents projets (Ithaca—dans le top 2020 de Mr Moonlight— Two Fingers, Figueroa, Stone Giant, Only Child Tyrant…) et a du créer sont propre label pour les diffuser (Nomark) sort son premier album sous son nom sur ce dernier. Amon Tobin (aka Amon Adonai Santos de Araujo Tobin, ce qui est moins facile à porter, vous en conviendrez) est peut-être l’artiste le plus accessible pour qui est hermétique à la musique électronique. Ses ambiances lourdes et noires le rapprochent parfois de l’indus (Rise to Ashes) et ses prestations pour des jeux comme Tom Clancy’s Splinter Cell l’ont rendu célèbre au-delà de la galaxie des bidouilleurs de boutons et pousseurs de carrés (hello Thomas Jenkinson). Sur How Do You Live, il met à profit son expérience acquise lors de la composition de Figueroa où il a pour la première fois, sous l’impulsion de la productrice Sylvia Massy, osé chanter et se confronter au son de sa propre voix. Il pousse donc la chansonnette sur certains morceaux, tel le très déconstruit et bruitiste Sweet Inertia.

Les ambiances sombres et dissonantes qui marquaient déjà ses premiers albums et se sont intensifiées depuis sa prestation pour le studio Ubisoft, et se développent ici avec encore plus d’intensité. Des sons mécaniques et des boucles d’instruments s’entrecroisent, se superposent, se déposent brièvement sur des nappes, et se répondent pour créer une musique originale aux atmosphères étranges et uniques. Loin de vouloir enfermer l’auditeur dans une zone de confort, l’artiste s’emploie avec un immense talent à brouiller les pistes et à surprendre sans cesse l’oreille qui voudrait se reposer sur des habitudes acquises à force d’easy listening. Et pourtant, sa musique reste étonnement accessible et universelle. Peut-être parce que derrière ces recherches expérimentales, il reste toujours un zeste de mélodie, un esprit jazz et des instruments, telle cette contrebasse très caractéristique du son Amon Tobin, qui pavent le chemin pour une émotion qui affleure sur chaque titre. Encore un album qui a raté le podium de peu.

Between The Buried And Me-Colors II

Ok, encore un ratage grave. On avait bien noté la sortie de cette suite de leur album de 2007, mais, mis de côté pour l’écouter plus tard. ce que j’ai fait un mois après sa sortie. Et encore une fois, le temps, ce sacré dévoreur, m’a manqué pour relater dans un article les sentiments et sensations qu’ont provoqué en moi ce monument du prog-metal. Comme beaucoup d’autres dans le genre (Protest The Hero, The Ocean Collective pour citer deux autres de mes chouchous prog), BTBAM est coutumier des albums concepts. Chaque L.P. est l’occasion de développer un thème ou une histoire de science-fiction. Automata I et II reprenaient la thématique du dormeur dont on exploiterait les rêves et gèrerait la vie. Le premier volet de Colors décrivait un univers où la classe sociale était déterminée par des codes couleur. Colors II, entièrement conçu par internet du fait de la pandémie, est en quelque sorte un album somme. On y retrouve des séquelles de la période The Great Misdirect tout comme des gimmicks qui n’auraient pas dépareillé sur les deux Automata.

Si The Parallax II reste pour beaucoup le meilleur album du groupe, ce deuxième tome de Colors vient se placer tout près du sommet du podium. Des titres comme Human Is Hell laissent littéralement sur le cul tant sa force et sa puissance vous submergent. Le très beau thème qui sert de leitmotiv et de fil conducteur à l’album est intégré et arrangé avec maestria et, comme à leur habitude, les musiciens savent saupoudrer leur haute technicité d’émotions fortes. Bien sur leur virtuosité éblouie et fait partie du plaisir que l’on ressent à l’écoute de leur musique. Mais il faut également compter avec leur talent pour construire des titres qui vous tiennent en haleine sur dix voir quinze minutes et vous réservent une surprise à chaque break ! On notera les featuring derrière les fûts de Mike Portnoy (Dream Theatre), Navene Koperweis (Animals as Leaders, Machine Head…), et Ken Schalk (Candiria).

Avec une durée de quatre-vingt minutes, BTBAM signe l’un des albums les plus longs qu’il m’ait été donné d’écouter cette année. Il est assez difficile de faire une chronique rapide d’une œuvre aussi dense musicalement et thématiquement. Chaque écoute réserve de nouvelles surprises et on se surprend à remercier le groupe de nous donner autant de « nourriture » auditive. Fidèle à leur habitude, leurs compositions intègrent des influences aussi diverses que la bossa-nova (!), le jazz fusion, ou des riffs qui pourraient être inspirés de musiques des balkans, du gospel, un banjo à la Deliverance derrière un furieux riff « speed metal » sur Fix The Error… Bref, un album qui sera à écouter et ré-écouter car, comme toutes les œuvres importantes, non seulement leur richesse ne cesse de se dévoiler au fur et à mesure des écoutes, mais aussi elles ont aussi cette qualité intrinsèque de nous présenter un miroir de notre propre évolution.

Mono-Pilgrimage Of The Soul

Encore une production Pelagic. Décidément, on ne cessera pas de vous vanter la qualité des sorties de ce label mené par Robin Staps (The Ocean Collective). Les japonnais de Mono ont déjà derrière eux une carrière de plus de vingt ans. Leur post-rock instrumental transcende les genres et va bien au-delà de cette étiquette étriquée. Ils ont collaborés avec A. A. Williams sur le très beau Exit In Darkness (Pelagic aussi). Également sorti cette année, un magnifique live, Beyond the Past : Live in London with the Platinum Anniversary Orchestra où ils ré interprètent certains de leurs titres accompagnés d’un orchestre symphonique. Somptueux. Leur dernier album était annoncé et avait fait l’objet de publications dans « Les Clips De La Semaine » sur Weirdsound.

Le résultat est ce pèlerinage de l’âme, produit par le légendaire Steve Albini, qui nous emporte littéralement dans un voyage extra corporel. Le groupe est en éternel questionnement et, après la version symphonique qui intégrait des éléments de musique électronique, les compositions de cet album sont encore une manifestation de la capacité a évoluer des musiciens. Les sonorités électroniques sont désormais partie intégrante des titres—le guitariste Takaakira « Taka » Goto a d’ailleurs sorti un très bon album électro expérimental chez Pelagic. Sur Heaven In A Wildflower un Rhodes ou un Wurlitzer égraine sa mélodie sur des nappes éthérée de sons électro, To See A World qui lui succède est comme un contrepoint énervé et grandiose où la tension est générée par une intro répétitive de guitare et l’arrivée d’une batterie nerveuse qui va rythmer par des arrêts et reprises régulières le thème de la six cordes pour amener la montée finale. Les huit minutes d’Innocence et le morceau suivant Auguries résonnent comme une élévation spirituelle, une cathédrale de sons qui vous emporte au-delà de la corporéité triviale qui est la notre. Avant de clore le disque avec And Eternity In An Hour, Mono nous assène une composition dantesque dont ils ont le secret avec les douze minutes de Hold Infinity In The Palm Of Your Hand.

Si au début du morceau les glockenspiels dispensent une ambiance de berceuse baignée dans un mélange de bruits dignes d’un film de science fiction, on a beau s’y attendre, l’arrivée progressive et parcimonieuse des guitares et de la batterie n’annoncent pas le déferlement de fureur qui va suivre. On flotte au sein d’un ensemble aérien et calme de mélodies douces et apaisantes. Et c’est seulement au bout de huit minutes que l’impression de chaos arrive pour enclencher une de ces montées si caractéristique du genre. Pilgrimage Of The Soul est un album teinté de mélancolie d’où la joie n’est pourtant pas absente, comme nous le fait bien ressentir le dernier titre aux accents classiques, mais jamais triste et qui repose l’âme meurtrie par ces années (et oui!) de pandémie. Une musique introspective s’il en est.

Jaromil Sabor-Mount Vision

La pop bordelaise est bien vivante et foisonnante. J’avais déjà eu l’immense plaisir de chroniquer l’album Second Science du musicien girondin et d’apprécier sa pop psyché qui plonge ses influences chez des artistes comme les Zombies (bien qu’il cite également Springsteen). Le label Howlin Banana qui accompagne Loïk Maille (aka Jaromil Sabor) nous avait envoyé le lien de ce nouvel album publié à peine six mois après The Sun Inside, album plus folk dont la sortie nous avait alors échappé. Je n’ai pris le temps d’écouter cette dernière production que très récemment et je suis tombé une fois de plus sous le charme, y trouvant des zests de Byrds, des accents de Stones, de Beach Boys (Sailing On The Piper Maru) voir des Pixies ! Poursuivant son petit bonhomme de chemin en dehors des modes, toujours avec un grand talent d’écriture et une facilité pour ciseler des mélodies accrocheuses, l’artiste esquisse les contours d’une déambulation dans la galerie colorée de son imagination. Les arrangements bien que riches sont limpides et efficaces, chaque titre est une petite pépite de compo popy, bref, vous l’aurez compris, j’aurais du vous en parler plus tôt. Me Culpa.

En vrac

Pour citer les derniers oubliés, ne ratez pas le If Words Were Flowers, bijou soul de Curtis Harding avec pour seule fausse note l’usage inutile de l’autotune sur So Low. L’hommage drôle et jouissif des Foo Fighters aux Bee Gees avec leur Dee Gees/Hail Satin, la très bonne B.O. du Dune de Denis Villeneuve par Hans Zimmer, le dernier opus des suédois sludge/doom/stoner de Monolord, court, lourd, efficace et brillant, Your Time To Shine. A noter également le retour de The War On Drugs avec I Don’t Live Here Anymore sorti cet automne. Pour finir, une dernière production Pelagic que vous pouvez écouter les yeux fermés, les bordelais massifs et atmosphériques de Year Of No Light et leur Consolamentum qui avait fait une apparition dans nos clips de la semaine n°60 et qui devaient passer au Ferrailleur de Nantes fin janvier. Partie remise. On espère également les voir au Hellfest. Croisons les doigts. On vous en reparlera donc forcément.

Les oubliés de Fatherubu

Peu présent sur le site durant 2021 (et je m’en excuse) voici une belle rubrique permettant de vous présenter quelques albums que j’ai apprécié en 2021. Sur la forme, je n’ai pas les gênes germaniques de l’ami Mr Moonlight (voir ci dessus) impressionnant par sa rigueur et son sens de la synthèse ! Voici donc ma retranscription musicale de l’année écoulée, c’est un peu le bazar, j’ai tout mélangé mais j’espère que vous y trouverez quelques belles découvertes à écouter : Enjoy it Baby.

Les rééditions et autres vieux machins (dédicace à Ziggy!)

Je vais commencer par les rééditions que j’ai beaucoup écouté en 2021, en premier lieu le monument Pansoul de Motorbass. Paru initialement en autoproduction en 1996, Pansoul est l’œuvre de Philippe Zdar (Cassius) et Etienne de Crecy. C’est un pur chef d’œuvre, un disque emblématique, considéré comme un classique de la musique électronique française.

Le vinyle se trouve assez facilement sur Discog pour la réédition de 2003 (sur le label PIAS), la version 2021 pour sa part est partie en quelques jours…L’album est cependant disponible en streaming sur toutes les plateformes habituelles, ainsi qu’à l’achat sur Bandcamp.

Dans la même veine, j’ai aussi eu le plaisir de redécouvrir la Funk Mob, collaboration entre Philippe Zdar (encore lui) et Hubert Blanc-Francard (aka Boombass) qui donnera naissance au célèbre duo électro Cassius. Grand fan de Cassius (je vous renvoie à la lecture de mes différents articles sur le sujet), j’ai du être parmi les premiers acquéreurs de L’EP, paru cet été, regroupant quelques titres et remixes marquants de la période Funk Mob.

Je clôturerai le chapitre des rééditions avec le somptueux coffret sorti pour le live mythique de Depeche Mode, 101. Un peu d’histoire pour ceux et celles que ça intéresse : 101 a été filmé durant la tournée US de Depeche Mode en 1988. Le réalisateur Don Alan Pennebaker a suivi le groupe durant toutes les dates américaines du Music For Masses Tour, pour arriver à leur 101ème date au Rose Bowl Stadium à Pasadena. Outre la captation du concert, une des meilleures à ce jour, on suit l’itinérance de DM aux USA, côté groupe mais aussi côté fans. Il s’agit d’un très beau témoignage concernant l’ampleur mondiale que prend Depeche Mode à la fin des années 1980.

Le concert/reportage nous revient donc en version 4K, mais attendez, ce n’est pas tout ! On trouve aussi un livret avec pas mal de photos signées Anton Corbijn de la tournée américaine de DM, deux CD audio reprenant l’intégralité du concert, une copie de l’affiche du documentaire pour sa sortie en salle en 1989, les fichiers en format wav et flac…. Pour toutes ces belles choses, le prix est plutôt raisonnable (quand on parle de DM…), une centaine d’euros pour le coffret.

C’est de la fabrication française monsieur !

Passons aux labels indépendants français que j’apprécie bien, qui le font suivre des sorties bien sympas, mais malheureusement je n’ai pas le temps de tout chroniquer ici.

On citera le dernier disque en date des parisiens de Bryan’s Magic Tears, Vaccum Sealed sorti sur le label Born Bad Records. Il y a deux ans, je vous proposais un article au sujet de leur second album 4AM. A l’époque, l’aspect délicieusement 90’s teenage/régressif de leur musique m’avait séduit. Ce nouveau disque est encore bien meilleur (déjà du fait de la qualité de la production) car il évite une répétition prévisible qui aurait pu cantonner les BMT dans le seul genre du tribute 90’s. On retrouve les éléments plaisants de 4AM, mais aussi des titres beaucoup moins garage témoignant d’inspirations autres que les éternels Pavement!

Du côté de Howlin Banana Records, j’ai beaucoup écouté l’album Sentimental de Johnny Mafia, le troisième du groupe ! Je m’attendais à un pur disque de garage rock (comme les deux précédents quoi…), quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un album ambitieux et novateur qui sort des sentiers battus. Ce Sentimental est finalement assez pop avec des morceaux très efficaces comme Refused ou bien TV & Disney. Comme les Bryan’s Magic Tears dont je parlais juste au dessus, voilà un groupe qui refuse les étiquettes trop faciles, notamment celle du garage qui a vite fait de signifier tout et son contraire. Johnny Mafia comme les BMT sont assurément deux des meilleurs groupes français que je connaisse actuellement.

Et enfin,  et j’aurai pu le mettre dans les rééditions, l’album Uberschleiss de Scorpion Violente sur le label Replica Records. Le disque date de 2010, je ne l’ai découvert que l’été dernier (la magie des algorithmes sur Bandcamp). Comment vous présenter la chose? C’est sale, très sale, ça poisse de partout. Mais comment en douter avec des titres comme 13 ans presque 17 ou encore Fugue de Pute Mineure? Musicalement ça s’apparente à une synthwave de fond de cave, qui passe très bien en fin de soirée quand vous voulez faire dégager de chez vous des invités restés trop longtemps… Passer l’humour sordide des titres des morceaux on découvre quelque chose de bien maitrisé qui pourrait faire penser à Black Bug ou Contrepoison.

Les disques incontournables de 2021 mais pour certains dispensables…

Je pourrais maintenant vous citer les quelques incontournables sorties de l’année passée, présentes dans mes playlists ou près de la chaîne Hi-fi :

Difficile de faire l’impasse sur le bulldozer IDLES revenant quasiment un an après Ultra Mono, pour nous proposer leur quatrième album nommé Crawler.  En définitive un bon disque même si très honnêtement c’est loin d’être mon préféré. La IDLES mania serait elle terminée ? Non rassurez vous, je les aime toujours autant.

Les gars de Sleaford Mods sortaient aussi en début d’année leur meilleur disque à ce jour. Je l’ai écouté quasiment un mois durant en faisant le trajet domicile-boulot à vélo en me promettant de faire une chronique dessus : Bien entendu je ne l’ai pas faite ! Les défenseurs de la classe prolétarienne anglaise reviennent avec un Spare Ribs plein d’humour, qui reste néanmoins un constat désabusé (et un peu déprimant) de ce qu’est l’Angleterre en ce moment… Oscillant entre le rap et les Ramones, le duo a fait appel a des collaborations sympas, notamment Amyl Taylor, la chanteuse de Amyl & The Sniffers… Un très bon disque, qui, sans bousculer les canons du genre, gardera une place de choix dans ma discothèque.

Nettement plus apprécié, Welfare Jazz des Viagra Boys ! Les suédois ont frappé très fort avec ce disque. Il aurait amplement mérité une chronique sur weirdsound.net. Sincère, caustique, percutant, voilà un album de punk rock qui vient se placer loin devant la concurrence. Reprenant les thèmes chers à IDLES et autre Sleaford Mods, la démarche artistique des Viagra Boys se démarque par son originalité sur la forme (influences fortes du blues voir de l’americana) mais aussi sur le fond en donnant l’impression à l’auditeur d’être assis sur une bombe à retardement. Derrière l’humour et la provocation se cache une envie de feu purificateur assez proche des propos de la Fat White Family sur leurs deux premiers albums. C’est un sacré bon disque, si vous devez en retenir un seul dans toute ma diatribe, je vous recommande sans hésitation Welfare Jazz! L’actualité du groupe est par contre bien malheureuse, avec le décès de leur guitariste Benjamin Vallé en octobre 2021…

Dans un registre totalement différent, j’attendais impatiemment l’album solo de Gaspard Augé (la moitié de Justice), les premiers extraits m’ayant bien plu. Au final cette Escapade (c’est son nom), passée la découverte, je m’en suis un peu lassé ! Je vais aller au bout de ma réflexion, ce disque est même un peu chiant sur les bords. Il en restera des bons moments de disco kitsch Italienne : C’est frais, ça s’écoute bien mais ça ne méritait pas d’arriver dans mon top de l’année 2021.

Une ligne sur les Foo Fighters (groupe que j’aime au demeurant). Cela fait maintenant bien longtemps que j’attends un bon disque de leur part et ce n’est pas Medicine at Midnight qui va rallumer en moi le feu sacré… Les critiques sont pourtant élogieuses (je vous laisserai chercher) : Addictif, dansant et tout le tralala… Mouais, bof. Vous vous ferez votre propre avis!

Deux albums de metal pour compléter votre collection :

Moins rigolo mais très costaud, l’album Your Time to Shine de Monolord. Hormis une pochette qui ravira les taxidermistes, on y trouve de chouettes morceaux qui collent bien à l’ambiance générale de notre époque. On pourrait y voir un constat de fin du monde ou d’Apocalypse à venir…Soyons plus positifs, Monolord laisse entrevoir la possibilité d’un monde débarrassé des influences néfastes inhérentes à l’espèce humaine. Une prise de recul et de conscience radicale mais nécessaire pour démarrer 2022.

Toujours du metal, avec Zao et The Crimson Corridor… Le disque m’a un peu fait penser au dernier Gojira pour la partie chant (présent dans mon top et lui aussi non chroniqué!). De très bons riffs, des paroles inspirées et la découverte d’un groupe que je ne connaissais pas du tout jusqu’à alors. Pour vos oreilles curieuses, ci dessous l’album complet en écoute :

Et le niveau bonus sur Bandcamp :

Enfin quelques petites choses que j’ai découvert en fouillant Bandcamp où grâce à mes solides relations dans le monde musicale (aha) :

La bonne découverte de la fin de l’année : The Acharis (Mila Puccini et Shaun Wagner) et leur album Blue Sky / Grey Heaven. Une insomnie m’ayant conduit sur Bandcamp (parfois ça a du bon), en scrollant ma page d’accueil pour parcourir les nouveautés recommandées, je suis tombé sur ce disque que j’ai écouté dans la foulée. Waouh, c’est cold-wave mais pas que ! Je me sens comme à la maison. Avec un très bon producteur derrière (j’ai réalisé qu’il s’agissait du grand John Fryer : Wire / Swans / Cocteau Twins…). C’est beau, sombre, mystérieux, parfois un peu alambiqué…J’accroche bien et suivrai de plus près l’actualité de ce duo à l’avenir!

On a du vous en parler sur le site, The KVB sortait Unity, un nouvel album, en fin d’année dernière. Le couple mancunien s’est fait (re)connaitre pour ses compositions darkwave de haute voltige, mais surprise, ce nouveau disque est beaucoup plus léger que leurs précédents opus. On passe de la dark à la cold, une petite révolution dans l’univers de The KVB. Unity est somme toute un excellent disque, que je suis encore en train d’apprivoiser.

Impossible pour moi de ne pas citer Museum On The Horizon de Pop.1280, J’adore ce groupe depuis une petite décennie. Formation post-punk/industrielle originaire de New York, le trio nous propose ici un album très marqué par les années 80’s (le premier morceau me fait furieusement penser à Blade Runner!). La comparaison avec Swans et Nine Inch Nails est tout à fait possible, pour ce disque sombre mais dansant avec des morceaux efficaces qui font de Museum On The Horizon l’album le plus accesible de Pop.1280. Une réussite en somme!

Je conclurai ce petit tour d’horizon de mes aventures musicales de 2021 en vous présentant Decius, un projet bien azimuté où on retrouve l’inclassable Lias Saoudi (Fat White Family) mais aussi ses copains de Paranoid London. Un EP (nommé Macbeth) complet est sorti en novembre 2021, faut aimer l’acid house (ou quelque chose du genre) et savoir se jeter dans l’inconnu. Un peu comme le projet Moonlandingz avant lui, Decius fait un pont entre de la musique disco/électronique et les compositions scéniques hallucinées de Lias (mention très bien pour le grimage en Geisha). Concernant le contenu de l’EP en lui même, voici ce qu’en dit son géniteur : Il s’agit de tomber amoureux du découragement. Lors que tu décides d’arrêter de désirer quoique ce soit, tu va finir par te convaincre que tes sensations sont fausses. Quoique tu choisisses de faire dans la vie, tu finiras par le regretter : Ce disque parle de cette vérité, de vivre cette vérité, de toucher cette vérité : Rencontrer le Divin en somme!

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