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Le numéro d’équilibriste de L. A. Salami au Temps Machine

Le numéro d’équilibriste de L. A. Salami au Temps Machine

Faut-il écrire un compte rendu de concert sous le coup de l’émotion? Le risque est d’en faire trop, de retranscrire plus une impression qu’une réelle chronique du show. Pourtant, après la prestation de L. A. Salami ce soir là au Temps Machine à Joué-Les-Tours, il était très difficile de ne pas se pencher sur le clavier afin de tenter de rendre compte des moments autant étranges, que parfois décalés, et bien souvent intenses que l’artiste nous avait fait vivre. Le mieux étant peut-être de jeter les premières impressions à chaud—à show— et de compléter l’ensemble après quelques heures de repos. Ainsi fut-il fait. Amen.

Sous un ciel bleu et un soleil de plomb, vendredi 4 mai 2018, quelques personnes attendaient l’ouverture du Temps Machine sur le parking, au pieds des immeubles du centre ville de Joué-Les-Tours. La salle, rénovée et ré-ouverte depuis 2011, me semble t’il, propose deux espaces de concert, respectivement de 600 places pour la Grande Salle, et  200 pour le Club. C’est l’Asso, également organisatrice du festival Terres du Son, qui gère le lieu depuis 2013 avec Marie-Line Calvo à la programmation.

Ce soir de mai donc, L. A. Salami, dont nous avons chroniqué le dernier album ici, allait jouer sur la scène du Club. Ouvrait pour lui, Revivor, un groupe soul tourangeaux mené par Renn, un chanteur anglophone au timbre riche et puissant. Un croisement heureux entre Marvin Gaye, James Brown et Curtis Mayfield. Ils feront d’ailleurs une reprise  magistrale du Pusherman de ce dernier.

Renn, Revivor
Renn, chanteur de Revivor : une présence scénique et une voix dans la lignée des plus grands de la soul music. Photo Antoine GB pour Weirdsound.

La salle n’est pas comble, mais le public sait qui est là ce soir. Aussi, dès les premiers morceaux balancés par Renn, Mathieu & tOma Burgot, et Mogan, l’ambiance est là. La réputation de Revivor n’est plus à faire. Si je n’avais jamais eu la chance de les voir sur scène, le nom m’avait déjà été soufflé à plusieurs reprises. Point de basse chez eux, tout se fait de la main gauche groovy de l’orgue Hammond B3 de Mathieu Burgot. De l’autre côté de la scène, tOma, le frangin. Et ça marche d’enfer! Un set super carré, péchu, qui sait ménager des moments de calme et des poussées d’intensités et de tension au travers d’une soul old school jouissive.

Après le set de Revivor, le public est chaud, l’ambiance est détendue. Bien que peu nombreux, la salle n’est pas pleine, l’assistance est bruyante et réceptive.

Puis arrivent L. A. Salami et ses musiciens, guitaristes/bassistes habituels dans son sillage, mais derrière les futs, un batteur que je n’ai repéré sur aucune video… Dans les premiers temps du set, volontairement peut-être, l’ambiance descend de plusieurs degrés d’un seul coup. Est-ce que les membres du groupe et le chanteur ne savent pas trop comment va réagir l’audience? Toujours est-il qu’on a l’impression que chacun se guette de part et d’autre de la scène. Pas trop de regards au public, une intro très longue, bruitiste, dopée aux effets psychés des pédales de guitare pour le premier morceau, Going Mad qui s’enchaine directement avec Anything’s greener than burnt grass, une certaine attente s’installe. On sent les hésitations du public qui ne demande qu’à être conquis.

Puis, lorsque une plage de silence s’installe enfin, l’ambiance se détend, les lumières, un peu froides jusqu’alors, se réchauffent et le chanteur s’adresse finalement au public pour le remercier. La gestuelle de L. A. Salami, plutôt introverti et replié sur lui-même lors des deux premiers morceaux, se fait un peu plus ample, plus tournée vers le public. Et le contact passe. Si bien que lorsqu’il endosse sa guitare acoustique pour entonner Grass et As Before, le public suit; le contact est établi.

Le concert va se poursuivre comme ça, en yoyo musicaux. Les musiciens vont tour à tour s’échanger la basse et la guitare, s’assoir pour accompagner discrètement les interventions acoustiques, se déchainer lorsque le poète reprend sa guitare électrique pour chanter le très entrainant Who’s cursing us now?, puis Science+buddhism=a reality you can know de nouveau en acoustique. Tout comme I need answers. Et, petit à petit, on va sentir de manière quasi palpable  la confiance s’installer des deux côtés. L’émotion distillée par chacun des morceaux a beau être forte, servis qu’ils sont par un interprète qui vit intensément les paroles qu’il porte, le contact avec le public s’établit sur une communication non verbale, une entente mutuelle qui veut que chacun soit bienveillant et réceptif. On se rend compte, sans surprise, que pour le londonien, le texte est tout. Il se pose sur une musique qui le porte, tout comme le concert doit porter une émotion de bout en bout. On pourrait croire que le set est pensé comme une histoire, avec ses moments de tension, un peu de rire, de la douceur, des instants vifs et brefs, fulgurants. D’autres plus posés. Un peu comme la vie, en fait.

Arrive le single du dernier album, Generation L(o)st, très rock, et qui, sans surprise, emmène le public. puis I wear this because life is war, présent sur Dancing with bad grammar. Puis, les trois musiciens vont s’éclipser, laissant Lookman Adekunle Salami seul sur scène avec sa guitare et son harmonica, jouer encore deux morceaux acoustiques, I’ tell you why et Day to day, morceau qu’il dédit « à ceux qui n’ont pas de travail et voudraient en trouver un »… et quelques instants plus tard à « ceux qui ont un travail et voudraient le quitter » déclenchant des rires dans l’assistance.

Le chanteur, tout d’abord assez réservé et introverti, développe, au fur et à mesure du concert, une gestuelle de plus en plus tournée vers le public et expressive.

Le concert se termine sur What is this? que les musiciens font monter en intensité. Le rythme lent et la mélodie mélancolique opèrent leur charme, laissant une impression à la fois chaleureuse et apaisée au sein de l’audience. Le rappel ne se fait pas attendre. Trop rapidement, peut-être—les organisateurs m’ont confié que le musicien n’était pas très bien avant de monter sur scène, ceci expliquant peut-être l’étrangeté, subjective, du concert—comme pour se débarrasser d’une obligation? Quoi qu’il en soit, sa version de No Hallelujahs now est juste magistrale et me donne des frissons.

De manière prédéterminée ou non, sur scène L. A. Salami n’est jamais là où on l’attend. Sa musique et ses textes prennent toutes leur dimension devant un public, révélant un artiste complet et extrêmement talentueux, généreux, qui présentait également quelques peintures et dessins sur le stand de merchandising.

L’anglo-nigerien se fait un malin plaisir de casser les codes du concert, de mélanger les genres et de brouiller les pistes. Lorsqu’on croit que le groupe est en vitesse de croisière, bien sur les rails d’un rock pop souvent psyché, il s’amuse à faire redescendre la tension et endosse sa guitare acoustique pour entonner un morceau intimiste, sans pour autant faire retomber la sauce. Un numéro d’équilibriste

À la sortie du concert, après une dédicace sur le vinyl de Dancing with… je convient avec un L. A. Salami qui semble bien fatigué, d’une interview par internet. Rendez-vous est donc pris.

Un grand merci aux artistes et au Temps Machine pour l’autorisation de prendre des images. Merci à Marie-Line pour la partie de baby-foot. J’essaierai de perdre la prochaine fois…

https://www.lasalami.com/live

https://www.facebook.com/LASalami/

https://www.letempsmachine.com/

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