J’aurais du vous en parler… mea culpa

Que d’albums sortis chaque année et qui passent à côté de nos oreilles. Ou qui ne se glissent pas au bon moment dans notre playlist. Ainsi, chaque année, bon gré mal gré, de nombreuses pépites sortent, atterrissent dans nos lecteurs, sur nos platines et… Et faute de … Faute de quoi? De temps? Ou écoutées juste au mauvais moment, on passe à autre chose, ou on oublie. Aussi, dans cette chronique, je voudrais rapidement revenir sur quelques albums qui n’ont pas trouvé leur place dans les chroniques cette année, mais qui néanmoins méritent largement le détour. Dans le désordre :
1 Church Of The Cosmic Skull, Everybody’s going to die

Originaires de Nottingham, les sept membres de l’Église vous convient à une messe qui n’a absolument rien de noir. Leur musique est tout en second degré et clins d’œil, et leur crédo semble plus être la rigolade que la pénitence. Pêle-mêle, on citera Blue Öyster Cult, The Doors, les Beatles ou encore Supertramp. Depuis trois albums, ils distillent une musique savamment construite où chaque titre est un tube potentiel. Je l’avoue humblement, j’ai découvert COCS avec cet album en cette fin d’année… Dommage, il aurait sans doute figuré dans mon top 10.
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2 Monolord, No Comfort

Concernant le trio de doom/stoner de Gotenbhurg, j’avoue que j’ai reçu l’album en septembre. Je n’ai jeté qu’une oreille distraite aux six titres de No Comfort, me disant que j’y reviendrais quand j’aurais le temps. Il a fallu donc trois mois pour que je l’écoute mieux. J’avais beaucoup aimé Rust, leur troisième L.P. sorti en 2017. On y retrouve ce son lourd, gavé de fuzz, cette voix caverneuse et ces ambiances pesantes. Mais, pour ce quatrième opus sorti chez Relapse, le groupe porte encore plus haut les qualités qui le caractérisent : mélodies, émotions et ampleur du son. Le ton un peu désenchanté du disque se condense dans le morceau The Bastard’s son. C’est le guitariste Thomas Jäger qui en parle le mieux : « Nous [humains] sommes censés durer, nous prenons possession du monde et le tuons à petit feu. Tout le monde s’en fout car chacun ne cherche qu’à faire du fric!«
https://store.relapse.com/b/monolord
https://monolord.bandcamp.com/
3 Mars Red Sky, The Task Eternal

Les Bordelais continuent leur petit bonhomme de chemin, traçant leur route unique dans l’univers du stoner. Pratiquant un doom psychédélique paradoxalement léger, chacune de leur production les emmène un peu plus loin (Collector). Ils apportent sans aucun doute une originalité certaine et une fraîcheur à un genre qui a tendance à s’autocopier. Le trio mené par le guitariste chanteur Julien Pras avait sorti une video en avant première pour The Task Eternal, que nous avions diffusée dans les clips de la semaine (ici), cette dernière donnait le ton de l’album.
https://www.marsredsky.net/
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4 Lo-Pan, Subtle

Classé dans mon top 10, je n’ai pas trouvé le temps d’écrire sur l’album. Le départ du guitariste Adrian Zambrano laissait planer le doute sur la capacité de son remplaçant à apporter à la fois du renouveau et à garder l’identité du groupe. Que l’on soit rassuré, Chris Thompson a immédiatement trouvé sa place et ses riffs fluides et sensuels portent à merveille la voix puissante et maitrisée de Jeff Martin. Dans mon top 10, vous dis-je!
https://lo-pan-rock.bandcamp.com/
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5 The Darkness, Easter Is Cancelled

Non, messieurs les frères Hawkins, le Rock And Roll ne mérite pas de mourir! Derrière ce titre provocateur qui ouvre l’album, le groupe montre encore une fois qu’il ne se prend vraiment pas au sérieux. Il n’y a qu’à regarder la pochette où le chanteur est représenté en Christ (blasphème!), il n’y a qu’à écouter le disque qui n’est finalement qu’un grand détournement de tout ce que le rock fait de meilleur. Les clichés sont ressassés et remis à neuf après être passés par la lessiveuse The Darkness. Un album plus que jouissif. Du pur rock and roll qui bouge encore.
http://www.thedarknesslive.com/
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6 The Black Keys, Let’s Rock

Turn Blue m’avait quelque peu laissé sur ma faim. Je trouvais que le duo Dan Auerbach/Patrick Carney s’était laissé entrainé dans la facilité et les arrangements trop pop. Le tournant plus « variété », le succès et les demandes de collaborations semblaient leur avoir fait perdre une certaine spontanéité. Let’s Rock s’est fait attendre, le temps que le batteur se remette d’un accident de surf. Comment dire qu’une chose aussi peu agréable ait pu être une chance ? Et pourtant, ce neuvième album revient un peu aux racines du groupe. Si la production est toujours assez léchée—sans Danger Mouse, ce qui explique peut-être le retour à un son plus « roots »—, si le côté Marc Bolan de Dan Auerbach peut agacer, il reste que cet album qui prend parfois des accents de rock sudiste est une accumulation de petites perles. Et après une carrière qui commence se poser là, ce n’était pas gagné!
https://theblackkeys.com/
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7 DJ Shadow, Our Pathetic Age

C’est toujours avec un plaisir qui ne faiblit pas que j’écoute Endtroducing sorti en 1996. Joshua Paul Davis, aka DJ Shadow est un des inventeurs de l’abstract hip-hop et celui qui mélange peut-être avec le plus d’habileté les sons électroniques et les samples, les références électro et le rock. Avec Our Pathetic Age, le DJ offre un double album monumental avec une partie instrumentale flirtant par moment avec l’indus (Juggernaut), où sa maitrise des beats et des arrangements mélodiques sont encore une fois remarquables, et une partie où des rappers viennent poser leur flow (Nas, DeLaSoul, Run The Jewels, entre autres). Parlant de son album, il disait vouloir refléter une large palette de concepts, images d’un monde tourmenté par la précarité rampante et la pauvreté générationnelle. Au final, une musique encore plus sombre, ou la beauté des arrangements traduit bien le sentiment de mélancolie que l’artiste tente de transmettre. Encore un qui aurait pu figurer dans mon top 10…
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8 Michael Kiwanuka, Kiwanuka

Cette fois-ci, c’est bien une production Danger Mouse pour le troisième album du chanteur ougando/britannique de soul Michael Kiwanuka. Découvert… à la radio avec le titre You Ain’t The Problem, j’avais décidé d’acquérir l’album afin de jeter une oreille plus attentive sur la musique de celui que l’on compare à Otis Redding ou Bill Witers. C’est chose faite, à la dernière limite de l’année 2019. Ses compositions vont plus loin que la simple soul : chœurs très seventies à la Francis Lai, instrumentations parfois psychédéliques, guitares fuzz, le tout accompagnant des mélodies qui font la part belle à ses racines ougandaises. On y trouvera un brin de folk ou des échos lointains de Radiohead. Une écriture sensible et chargée d’émotions (Hero).
https://www.michaelkiwanuka.com/
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9 King Gizzard &The Lizard Wizard, Infest The Rat’s Nest

Le combo australien nous surprend une fois de plus avec un album définitivement orienté trash old school. Enregistré à trois au lieu des sept membres habituels, il suit de très près le Fishing For Fishies (dans le top 10 de John O Cube) sorti lui aussi cette année! Il faut dire qu’en moins de dix ans de carrière, le groupe accumule quinze albums! Assez inégaux mais toujours surprenants, ils mixent leurs influences au gré de leurs envies. Sorte de bande son de l’effondrement, ce disque sonne comme une urgence, à la fois musicale et climatique. Il présente une humanité qui, face aux crises environnementales, fuirait la terre pour une Planet B dans une fiction de 35mn top chrono. À écouter…de toute urgence.
https://kinggizzardandthelizardwizard.com/
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Et ce n’est certainement pas tout. Ziggy aurait beaucoup aimé vous parler du dernier Iggy Pop, par exemple. Et puis, pour 2020, le topo sera sans doute le même : il suffira d’un rien, d’une humeur particulière, d’un fichier oublié dans un coin de l’ordinateur, de la nouvelle d’une sortie qui sera annoncée un jour off, ou de nombreux articles en attente… d’une gastro ou d’un week-end déconnecté. Bref, le sacerdoce de chroniqueur a ses limites et finalement, ça permet d’alimenter la rubrique « Dans le rétro » de temps en temps, non?
Merci pour cette liste c’est toujours l’occasion de varier sa playlist