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Hilary Woods: une irlandaise atypique encore peu connue

Hilary Woods: une irlandaise atypique encore peu connue

Il y a moins d’un mois sortait, chez Sacred Bones Records, Birthmarks , troisième album, mais deuxième vraiment solo, de Hilary Woods. Ce peut-être l’occasion, avec cet album plus expérimental, pour nombre de nos lecteurs de découvrir une artiste irlandaise qui reste relativement méconnue en France. J’avais acheté, il y a deux ans, son album précédent, Colt,(de surcroît , en édition spéciale, très beau vinyle bleu marbré) et avais été séduit par l’atmosphère de celui ci, tout en ne prenant pas le temps de le chroniquer.

Hilary Woods à la basse avec JJ72

Hilary Woods bassiste de JJ72 en 2000

Hilary Woods a d’abord fait partie d’un groupe rock indé de Dublin entre 1998 et 2003, le groupe JJ72. Le groupe s’était formé en 1996 mais après plusieurs bassistes, c’est finalement Hilary Woods, que le chanteur guitariste fondateur du groupe, Mark Greaney, connaissait depuis plusieurs années, qui intégrait le groupe. Après avoir été repérés puis signés par le label Lakota Records, leur single « October Swimmer« , en Novembre 1999, devient « single de la semaine » pour BBC Radio One. Ils sont soutenus par The Dandy Warhols et leur 1er L.P éponyme, en 2000, est bien reçu par la critique: cela permet à JJ72 de passer dans plusieurs grands festivals comme Glastonbury et Reading tandis qu’Hilary Woods et ses grands cheveux blonds fait le buzz dans le « Melody Maker ». Ils disent alors être influencés par Nirvana, Mudhoney et Joy Division dont ils reprennent « Warsaw ». Après un deuxième album, I To The Sky, en 2002, leur label met fin à leur contrat au regard des faibles ventes et Hilary Woods quitte le groupe en Mars 2003. Le groupe se sépare en 2006 sans qu’un troisième album, pourtant préparé, ne voit le jour.

Titre addictif sur l’album de JJ72 en 2002

Hilary Woods revient à la musique 10 ans plus tard.

The-River-Cry album de 2013
The-River-Cry album de 2013

Après avoir quitté JJ72, Hilary Woods passe par une école d’arts, étudie la littérature et le cinéma au Trinity College de Dublin. Elle se consacre ensuite à un projet solo, The River Cry, qui débouche sur un album éponyme en 2013, qualifié de « Révélation » par le Sunday Times et de délicieuse pop éthérée. Cet album est, hélas, introuvable aujourd’hui. JD. Beauvallet, rédacteur en chef des Inrocks, lui consacrait une brève en mai 2013: « Nettement échappée de l’excitation d’un rock souillon/brouillon, elle(Hilary Woods) visite aujourd’hui, à pas feutrés, un rock autrement plus complexe, dans lequel elle croise d’illustres ainées ayant suivi le même parcours de la rage vers le sage, P.J Harvey ou Hope Sandoval ».

L’ombre de Hope Sandoval, Julee Cruise, Grouper et Marissa Nadler.

Très beau titre de 2016 de Hilary Woods

C’est en pensant à Hope Sandoval (ex Mazzy Star) que j’achetais l’album Colt, souvent considéré comme le véritable premier album solo de Hilary Woods, paru chez Sacred Bones Records en 2018. Celui ci avait été précédé tout de même par deux E.P, Night en 2014 et Heartbox en 2016 avec le très beau « Sabbath ». L’album Colt a été enregistré pendant l’hiver 2017 mais Hilary Woods eut, peut-être la mauvaise idée de sortir son album juste au début de l’été. Ce n’était pas le disque pour animer les soirées d’été et encore moins les Dance Floor. Pourtant, le charme incroyable de l’album opérait grâce à de nombreuses pépites , de « Inhaler » à « Jesus Said » ou « Black Rainbow » en passant par « Prodigal Dog et « Kith ».

Extrait de l’album Colt en 2018

Alors bien sûr, l’ombre de ses aînées Hope Sandoval ou de Julee Cruise planait sur l’album mais ce n’était pas pour me déplaire! J’aurais d’ailleurs bien aimé poser la question au chanteur frontman de Cigarettes After Sex s’il aimait et connaissait l’irlandaise, lui qui est fan des deux américaines. Les fans de deux autres américaines, Marissa Nadler (la compagne de label de Hilary Woods et que l’on a rencontrée en début d’année 2019 dans l’album de Mercury Rev, voir ici) et de Liz Harris aka Grouper devraient aussi aimer Hilary Woods! Ambiance brumeuse/vaporeuse et piano/voix sont les dominantes de cet album de Hilary Woods paru un mois et demi après celui de Grouper. Evidemment, l’album n’a rien à voir avec le passé musical d’Hilary Woods: la majorité des titres vous plongent dans une atmosphère crépusculaire ou nocturne dans laquelle vous vous laissez flotter. La voix éthérée, souvent légèrement en retrait, de Hilary Woods vient simplement se poser sur le piano, les nappes de synthé ou parfois une guitare (sur Kith) ou un xylophone (sur Take Him). Entre univers acoustique et électronique, Colt nous fait voyager sur les thèmes de l’Amour, du chagrin et de l’abandon.

Birthmarks, l’album plus expérimental paru mi Mars.

Birthmarks-tâches de naissance- a vu le jour entre Irlande et Norvège, pendant la grossesse d’Hilary Woods. Cela peut éclairer la genèse mais aussi le contenu de ce nouvel opus. Hilary Woods y explore « les processus de l’individualité et du devenir, de la croissance gestationnelle cachée et de la naissance en soi, au milieu d’un changement social et personnel » nous disait le communiqué accompagnant la parution de l’album. Hilary Woods a enregistré à Galway, petite ville portuaire de l’Ouest de l’Irlande mais a ensuite emmené ses chansons chez le producteur norvégien Lasse Marhaug, plutôt adepte de la musique noise expérimentale.

Titre ouvrant l’album Birthmarks

Celui ci a d’ailleurs travaillé souvent avec une autre musicienne du label Sacred Bones, la norvégienne Jenny Hval qui a notamment sorti le bel album Apocalypse, Girl en 2015. L’album Birthmarks est donc la résultante du travail et de la vision des deux musiciens. On retrouve ainsi, aux côtés des enregistrements originaux dépouillés de Hilary Woods, les synthés analogiques de basse, violoncelle, percussions, un saxo….parmi les drones et, bien sûr, la voix feutrée de Hilary Woods.

Avec Lasse Marhaug, Hilary Woods a accru, dans cet album, les éléments d’art sonore, lui donnant, indéniablement un aspect plus noisy/bruitiste que l’album précédent. A l’écoute de certains titres, d’autres influences peuvent venir à l’esprit. Ainsi, dans « The Mouth », on peut penser à Zola Jesus (Une autre américaine du label Sacred Bones Records!). Dans le très beau « Lay Bare », à côté d’un violoncelle lancinant, vous vous retrouvez quelque part entre la voix éthérée de l’ex Cocteau Twins Elisabeth Fraser et Dolores O’Riordan (l’ex chanteuse décédée en 2018 de The Cranberries). « J’ai peur de ce qui pousse en moi »( I’m afraid it’s growing inside of me) chante Hilary Woods dans « Orange Tree ». Espérons qu’étant devenue mère, elle soit rassurée maintenant même si la période n’est pas des plus favorables!.

Une guitare, une voix . Live in Gand

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