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Glaö : Rencontre aux Escales et nouveau clip!

Glaö : Rencontre aux Escales et nouveau clip!

Derrière le nom Glaö, créé en 2007, se cachent David Gouin et Brice Tenailleau. Le premier a commencé dans sa chambre avec une Groovebox, et tombera plus tard amoureux du didgeridoo, tandis que le second, arrivé plus tard en 2017 dans le projet, est batteur et a une formation axée sur le jazz. Leur musique : l’Electro Ethno Trance Dub Psychedelic. Un bon gros beat puissant, le son mystique du didgeridoo, une guitare électrique, une batterie, des chants incantatoires tirés de l’imaginaire, voici donc Glaö. Présents sur le festival des Escales de Saint Nazaire pour six représentations, ils ont accepté de nous rencontrer pour une interview en toute bonne humeur. Au moment de la rencontre, Ziggy et moi n’avions pas encore vu le duo à l’œuvre sur scène, et ne savions donc pas qu’ils étaient capables de retourner une salle en un tournemain, transformant un gentil public assis en une horde dansante comme si chaque corps ne s’appartenait plus lui-même.

Glaö en pleine réflexion!
Glaö en pleine réflexion!

Il s’agissait de ma toute première interview, j’avais donc demandé à Ziggy de m’accompagner. Nous en étions aux présentations, lorsque Brice Tenailleau a reconnu en Ziggy son ancien professeur de lycée. Diable que le monde est petit ! Séquence souvenirs souvenirs donc, et nous voici 4 à parler en même temps. Sympa, mais pas facile de démêler tout ça en réécoutant l’enregistrement ! Voici donc le compte rendu de cette rencontre réalisée dans la loge de Glaö.

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Glaö, album « Esprit O+ »

Weirdsound : Glaö, c’est un mot breton qui a un rapport avec une forte pluie ou une forte averse ?

David Gouin : Effectivement ! Il y a ce sens mais ce n’est pas celui auquel j’ai pensé quand j’ai décidé d’utiliser ce nom. Glaö est un mot qui vient du Kobaïen, la langue inventée par Christian Vander (Magma), le plus vieux groupe français.

W : Donc quand vous chantez, c’est emprunté au Kobaïen aussi ?

DG : Non, ce n’est pas du Kobaïen, mais cela s’inspire effectivement de l’idée d’une langue inventée, au même titre que Dead Can Dance et Magma par exemple. Il s’agit plus d’une langue sensorielle que d’un langage qui voudrait raconter quelque chose à proprement parler. Il y a cette théorie d’une tribu qui aurait disparu, et d’un vieux document retrouvé sur un enregistrement. On cherche plus à évoquer un imaginaire poétique, qu’à dénoncer ou dire des choses plus sociales.

Brice Tenailleau : Quand j’ai intégré le projet, tu parlais de dialecte aussi. Chaque chanson est souvent rattachée à un élément ou à un évènement, à quelque chose qui nous touche. David, dans ses paroles, par ses allitérations et les sons produits, renforce cette identité. C’est un élément très porteur au niveau de l’identité artistique.

DG : Il y a le didgeridoo qui a cette vibration profonde et vient accompagner tous les rites. Et pour les aborigènes, il y a ce concept du chant et de la danse. On essaie de retraduire cette atmosphère, avec des sonorités plus actuelles comme la transe ou le dub.

David Gouin au didgeridoo
David Gouin au didgeridoo

W : Donc David, vu que tu l’as choisi, pour en revenir au sens de Glaö?

DG : Je ne sais pas si j’ai le droit de le dire, c’est un peu un secret… Un ami, qui a été le bassiste de Magma, avait choisi cet exemple là (Glaö), pour m’en donner la signification. Il n’y a pas vraiment un vocabulaire dans l’esprit où chaque mot aurait un sens comme dans les langues latines. Cette langue s’inspire plus des langues slaves et germaniques. C’est plus le son du mot qui est important. (W : Il finit par céder et nous donner le sens de Glaö). Bon ça veut dire : le sang ! D’où le dernier album O+. Voilà, le secret est lâché…

W : Vous me confirmez donc que vos chants sont issus d’un langage totalement imaginaire que vous créez vous mêmes ?

DG : Oui, tout à fait !

W : Comment se passe la création de ce langage ? Ce n’est pas quelque chose de banal !

DG : Le focus se fait sur les sonorités. J’aime bien ce que dit Lisa Gerrard (Dead Can Dance) : « je n’ai pas la patience d’attendre d’avoir trouvé quelque chose d’intelligent à dire, donc la musique me porte et les sons viennent. » Sans vouloir être fantasque, c’est vrai qu’il y a de ça. La musicalité m’amène à chanter un peu naturellement, des mots me viennent et finissent par s’accorder.

BT :  Il a toujours fait comme ça ! Quand on faisait de la musique ensemble vers 17 ans au coin du feu, lui à la guitare et moi aux percussions, il commençait à jouer et chantait un truc en impro. Le fait d’inventer des paroles pour la musicalité du son permet d’être reliés directement. Tu as gardé ce côté “je chante, ça vient comme ça vient”. Je suis un peu spectateur de ça et cela me nourrit !

DG : Il y a une idée d’incantation au travers de ces chants. On entre dans une réalité un peu autre, dans laquelle le mot n’a pas l’importance de son sens, ce qui permet à l’auditeur de se faire un imaginaire poétique. Humblement, je ne me sens pas capable non plus d’écrire comme dans le rap pour dénoncer, c’est quelque chose que je ne sais pas faire, ou qui m’intéresse moins !

W : Malgré tout, quand tu chantes, tu mets un sens ? Et les gens qui écoutent peuvent y mettre un autre sens ?

DG : Bien sûr ! Je mets des intentions, que je ne raconte pas avant ! Si les gens peuvent le ressentir c’est fabuleux ! Je pense que les gens ont cette capacité intuitive à ressentir les choses, c’est l’intelligence sensorielle. Maintenant, chaque morceau a une intention bien précise dans une idée incantatoire.

BT : Le côté suggestif narratif va un peu avec le côté cinématique que l’on essaie humblement de travailler. On propose une ambiance sur chaque morceau, et l’auditeur est libre de se faire sa propre interprétation. C’est drôle d’ailleurs de voir les gens, et même ma propre fille, se faire leurs propres interprétations !

Glaö aux Escales édition 2018
Glaö aux Escales édition 2018

W : Justement, je voudrais vous proposer une interprétation qui m’est personnelle. Le titre « Exile », tiré de l’album « Esprit es-tu là », est-il la transcription musicale d’un trip ?

DG : (Rires) Probablement ! Effectivement, il y a clairement une influences des musiques psychédéliques, je ne le cache pas ! Mais j’aime encore aujourd’hui pouvoir parler de spiritualité, sans que ce soit forcément associé à la drogue ou à une discussion en fin de soirée sur fond d’alcool. Aujourd’hui, avec les philosophies matérialistes, parler spiritualité est presque devenu tabou ! Ça n’est pas quelque chose dont on est obligé de débattre, mais il y a plus important que de savoir quelle bagnole on va acheter… Moi, c’est quelque chose qui m’intéresse.

W : Avez-vous besoin de vous mettre dans des conditions particulières pour créer ?

DG : Justement non ! J’ai essayé pour découvrir, sans abus. D’ailleurs, je ne devrais pas le dire, et je ne le dirai pas sur un média un peu plus large ! Le côté psychédélique amène ce truc. Les initiés comprendront qu’il y a un lien, les autres vont tout de suite ramener ça à un cliché, comme cela a été le cas pour la fumette avec le reggae, ou pour l’extasie avec la techno. Je suis pour ma part de la famille de ceux qui essaient de casser ces clichés plutôt que de les alimenter. Il y a un joueur de didjeridoo français assez connu qui est passé chez Cauet il y a quelques temps. Il n’avait pas fait 3 notes que Cauet disait : « Ah j’adore ! Avec un pétard ça doit être génial ! » Donc il faut ramener cette musique à un autre plan ! On ne va pas se mettre sans arrêt sous acide pour composer !

BT : Pas du tout ! Tu vois, dans le contexte de ce soir, on vient jouer, essayer de ramener notre présence et notre énergie. L’état dans lequel on veut se mettre, c’est un état de lucidité, d’interaction entre nous deux. Ça peut paraitre cliché, mais c’est la musique qui nous transporte !

W : Entre le moment où vous avez commencé à faire de la musique avec La Belle Bleue et le projet Glaö, quelle a été la transition ?

DG : Pour l’anecdote, Brice, moi-même et Antoine, le bassiste de La Belle Bleue, nous jouions ensemble avant que je n’intègre La Belle Bleue. J’y suis rentré il y a 14 ans, mais je créais déjà des compositions à base de musiques électroniques, et de didgeridoo. Je faisais un genre de fusion rock reggae, (parce que c’est que nous écoutions à l’époque), dans mon coin avec ma groovebox (rires). Après un voyage au Mexique j’ai proposé à Antoine (La Belle Bleue), un projet basse didgeridoo, j’avais vraiment envie de concrétiser ! C’était un peu un O.V.N.I, notre duo s’appelait ET, il y avait donc une association qui pouvait se faire. La Belle Bleue venait répéter là où Antoine et moi habitions en collocation, c’est comme ça que j’ai intégré le groupe ! Il y avait ce côté Noir Désien, un peu rock sauvage, presque tribal par moments, que j’aimais bien. Les gars écrivent bien aussi, et cela me permet de jouer pour un public qui a moins besoin d’être averti, car c’est une musique peut être plus accessible, plus populaire par son côté chanson française.

W : Brice, avais-tu un groupe aussi avant ?

BT : J’ai un parcours différent. A la base, j’ai fait mes études dans le jazz, et j’enseigne également la batterie. J’ai joué avec un groupe de hip hop, les Street Chamaans, tout en gardant une fibre très acoustique. En rejoignant David dans son projet Glaö, je ramenais cette pâte acoustique organique et la mêlais avec les machines, et jouais avec quelqu’un que je connaissais très bien ! Ce qui me plaisait, c’était de jouer sur un gros beat envoyé par les machines et de venir surfer avec des textures plus acoustiques pour amener cette touche un peu tribale qui fait corps avec le didgeridoo. On a retrouvé nos vieux reflexes d’il y a plus de quinze ans !

W : Récemment au Hellfest, j’ai vu un groupe « Heilung ». Vous connaissez ?

DG : Oui, j’adore ! Ils étaient au Hellfest ?

W : Oui ! Quand j’ai écouté votre musique, j’ai eu la sensation d’entendre une version électro de Heilung. Ça vous parle ?

DG : Bin carrément ! Eux ont poussé le délire vachement loin dans ce côté viking ! Les harmoniques de voix, on affectionne particulièrement ! Oui, c’est bien vu…

BT : Musique venue du froid ! Oui moi ça me parle ! Justement les influences un peu laponnes ou chamaniques, c’est quelque chose qui me suit.

W : Pourquoi ne peut-on pas écouter l’album O+ sur Deezer ?

DG : Dans un premier temps, parce que je ne voulais pas que les gens aillent l’écouter et ne l’achètent pas, donc clairement pour les inciter à l’acheter physiquement. Là ça tarde, car on sort un clip sur l’un des titres de O+ sur lequel on a rajouté des parties de batterie et la voix féminine de la compagne de Brice (chanteuse classique alto et accessoirement ancienne élève de Ziggy aussi !), le mastering est en train de se terminer, l’album sera donc accessible très prochainement ! (W : De fait, l’album est effectivement aujourd’hui disponible !)

Fairy Ritual, le nouveau clip de Glaö, extrait de l’album O+

W : J’ai néanmoins pu écouter sur YouTube quelques titres de O+ sur ta chaîne YouTube David Gouin. S’ils sont moins tribaux que les morceaux d’Esprit es-tu là ? on les imagine parfaitement accompagner un film comme Mad Max par exemple.

DG : Ah oui ! Carrément !

W : Donc si je comprends bien, il n’est pas encore question d’un nouvel album ?

DG : Pour l’instant c’est le clip qui va sortir bientôt ! On essaie d’y retrouver l’ambiance autour du feu, la façon dont j’ai découvert le didgeridoo il y a 20 ans autour d’un feu, cette idée un peu post apocalyptique façon mi Mad Max, mi préhistorique, avec une fée, mais on ne va pas tout dévoiler, il faudra aller le voir ! Ensuite viendra le temps de recomposer de nouveaux morceaux avec Brice, pour sortir plutôt un EP, un album serait trop conséquent.

W : Avec Ulule ?

DG : Il y a deux choses dans Ulule. Il y a le côté un peu mendicité même si le terme est peut-être un peu fort, et le fait d’impliquer son public. Je pense que les gens sont aujourd’hui conscients que c’est difficile pour l’artiste de se débrouiller. Ce serait même un métier en voie de disparition, si l’on en croit certaines personnes plus aguerries et expérimentées que nous. Acheter un album est presque devenu un acte militant ! On paye parce qu’on a envie de soutenir l’artiste, alors que l’on pourrait avoir la musique de l’artiste gratuitement.

BT : On commence à faire quelques concerts et c’est très sympa. J’ai fait souvent l’erreur de faire des E.P trop tôt, avant même d’avoir fait beaucoup de concerts. C’est bien de transpirer notre musique, de la faire écouter, et après d’ajuster.

Glaö aux Escales de Saint-Nazaire 2018
Glaö aux Escales de Saint-Nazaire 2018

W : Vivez-vous de votre musique ?

DG : Oui, je suis intermittent depuis 2010. Je ne roule pas sur l’or mais cela me permet de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille, ce qui était un objectif depuis que j’ai 16 ans.

BT : Je suis passionné de pédagogie et j’enseigne en parallèle la batterie dans les écoles de musique.

W : Il faut absolument que je te pose une question ! Tu as fait du Jazz et tu enseignes la batterie. Qu’as-tu pensé de Wiplash ? (Film de Damien Chazelle – 2014)

BT : Il a le mérite d’avoir donné à plein de gens l’envie d’écouter cette musique, c’est un excellent tremplin ! Cela étant, je le trouve un poil caricatural. Le côté je fous mes mains en sang dans le seau de glace et je travaille ma musique en force comme Rocky Balboa, non ! Les performances d’acteurs sont elles excellentes. Disons que j’ai un avis mitigé…

W : Quelle(s) musique(s) écoutez-vous aujourd’hui ?

BT : Dead Can Dance est un truc qui nous rassemble, après nous avons chacun nos influences. Moi je suis très fan de Marie Boine. J’aime aussi le Jazz contemporain comme Gogo Penguin.

W : Dernière question ! A-t-on oublié de vous poser une question qui serait importante pour permettre de mieux vous connaitre ?

DG : On a été bavards… Après il y aurait toujours des choses à dire !

BT : Le petit truc qui me vient, c’est : ok, nous sommes avec des machines, mais il y a ce côté musique de l’instant ! C’est ça que l’on aime bien quand même ! Même si l’on a figé pas mal de sons avec les machines, cela nous permet d’avoir pas mal de liberté ensemble et d’être dans ce côté interactif qui nous est cher et qui fait que chaque concert est différent !

W : Merci à vous, cela nous a fait très plaisir de passer ce moment avec vous ! Et bien sûr nous viendrons à l’un de vos concerts du week-end !

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