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Frustration au Stereolux :  working class heroes!

Frustration au Stereolux : working class heroes!

20H précises, j’arrive au Stereolux et dehors ça caille méchamment. Je ne suis pas mécontent de pouvoir me réfugier à l’intérieur de la salle. L’endroit se remplit tranquillement, j’ai à peine le temps de préparer mon matériel photo qu’arrive déjà le duo formant Hand & Leg.

Musicalement c’est propre, rien à redire. La démarche art rock me bloque en revanche un peu, je ne suis pas ultra fan de ce type de concept. On se tient à mi-chemin entre le concert et la performance artistique. Le fait de n’être que deux sur scène, de surcroit en restant très statique n’arrange rien à l’affaire.

Pour recentrer le débat, au niveau musical je rapprocherai la démarche de Hand & Leg de formations comme Television ou bien encore Pere Ubu (sans pour autant atteindre le génie et la folie de ces derniers !) C’est très underground, très conceptuel, et finalement (de mon point de vue) un peu ennuyeux.  Pour modérer mon avis, je tiendrai compte du fait qu’il n’est jamais simple d’être le groupe qui ouvre la soirée !

Hand & Leg au Stereolux (Nantes) – 23 janvier 2020

Petite interruption le temps de réorganiser la scène avant l’arrivée des Suisses de Leopardo. Je vais chercher des bières avant que la salle ne soit comble et que nous ne puissions plus bouger. Changement d’ambiance par rapport à Hand & Leg, le public commence à se trémousser et à reprendre certains refrains. Il faut dire que la fine équipe qui compose Leopardo dégage une aura de sympathie immédiate. Ils prennent plaisir à être sur scène et la salle Micro le leur rend bien : élémentaire mon cher Watson !

Leopardo, c’est le croisement réussi entre les Brian Jonestown Massacre, King Gizzard et Black Lips. Dire que nous écoutons un bon vieux rock garage teinté de psychédélisme relève de l’euphémisme. L’atmosphère commence sérieusement à se réchauffer sur les derniers titres joués par les Helvètes, ils assurent bien le job ! Le deuxième album du groupe est sorti fin 2019, il se nomme Is It An Easy Life ?. A écouter de plus près si vous voulez mon avis.

Frustration : Colère froide pour salle en éruption!

La salle est désormais pleine à craquer ! Les techniciens installent le matériel de Frustration, je suis collé à la scène et je suis bien décidé à ne pas en bouger. Frustration et moi c’est une longue fidélité, j’ai dû voir les parisiens 6 ou 7 fois, et ils ne m’ont jamais déçu sur un live. Paradoxalement, hormis quelques clips partagés et quelques citations (notamment dans le top de 2019 pour l’excellent dernier album So Cold Streams) je n’ai jamais eu l’occasion d’écrire un article à leur sujet : erreur réparée !

Fabrice Gilbert fondateur et chanteur du groupe depuis 2002

A faire une brève étude sociologique des personnes présentes ce soir, Frustration a une bonne fan base à Nantes. Un joyeux mélange de vieux couples de punks, de mecs habillés en noir avec des piercing et des Doc aux pieds, et des kids bien entendu. Putain l’espoir est de mise, les gamins de 20 ans n’écoutent pas tous Aya Nakamura.

Pénombre et lumière rouge, le groupe arrive sur scène sur les premières notes de Insane, une petite bombe tirée du dernier album. Le rythme est martial on se prend une division blindée de watts dans la face, c’est cool. Les gars ne sont visiblement pas venus à Nantes pour rigoler : tant mieux !

Nicus Duteil - Stereolux (Nantes) 23 janvier 2020
Nicus Duteil – Stereolux (Nantes) 23 janvier 2020

Après un sommaire « Bonsoir Nantes ! », les présentations sont faites. Voilà le morceau Duties : Comme en réaction à des clés mises sur le contact, le public de la salle Micro commence à bien bouger, ça n’augure que du bon pour la suite. La suite justement c’est le triptyque Pulse, Miss You et So Trouble. Courte pause, Fabrice Gilbert le chanteur du groupe nous parle rapidement du mouvement social que nous connaissons en ce moment concernant les retraites : visiblement la retraite à points ça le branche moyen. Fab part ensuite sur le sujet des migrants vivants dans des conditions déplorables et sur le grand cirque médiatique. Il conclut, plein d’ironie :

« Mais on n’est pas U2 et je ne suis pas Bono ! »

Ça tombe bien, je suis venu voir Frustration, et vu les préliminaires, on va passer une bonne soirée. Some Friends, puis l’excellent mais ultra speed When Does a Banknote Starts to Burn, dont la rythmique enjouée du clavier de Fred Campo vous restera en tête. Décidemment le dernier album du groupe est bourré de bons titres. L’ambiance est montée d’un cran, les pogos se déclenchent à répétitions, je me sens dans mon élément, ça fait du bien.

Mes vertèbres sont d’ailleurs mises à rude épreuve durant les minutes qui suivent, Minimal Wife et Excess déclenchant une joyeuse mêlée générale au milieu de la salle : les petits formats et les poids plumes volent dans tous les sens !

A ce stade, Fab reprend la parole pour nous rappeler une triste réalité concernant l’état de notre monde : La tragédie qui se joue sur les eaux de la Méditerranée conduisant à la mort de milliers de migrants dans une quasi-indifférence générale. Quelques connards égarés sifflent dans la salle, Fabrice met un terme au débat avec un « ta gueule » bien mérité qui produit l’effet escompté.

Quand quelqu’un fuit son pays et manque de se noyer pour arriver chez nous, tu ne l’accueilles pas dehors avec une serviette mouillée ; le minimum c’est de lui trouver un toit, de quoi manger et de le protéger, la suite on verra bien… 

Le titre suivant, Slave Markets, a été écrit en collaboration avec Jason Williamson le chanteur de Sleaford Mods, formation avec laquelle Frustration a pas mal d’affinités. C’est sans conteste l’un de mes morceaux favoris du dernier album, très émouvant. Avec Pepper Spray on en revient à la thématique de l’émeute ! Un morceau enragé qui chauffe la fosse à blanc ! L’assaut général continue avec Assassination (titre présent sur l’album Uncivilized – 2013) et On The Rise (2014).

Le Grand Soir vient clôturer cette belle série : encore un super morceau tiré du dernier album… Les paroles sont en français, fait original chez Frustration, et son refrain est imparable. La musique s’arrête, le groupe part backstage : Fin du spectacle ? Mais non !

Le groupe revient pour un rappel, qui débute avec le célèbre Too Many Questions, sans doute le morceau le plus dansant et le plus électro de Frustration. C’est toujours aussi cool d’entendre en live un titre que j’écoute chaque semaine ! Suivront The Drawback, que j’ai aussi la chance d’avoir à la maison en 45 tours, un titre dont l’écoute vous donnera un bon aperçu de ce qu’on appelle le post punk… Enfin Brume, tiré du dernier album, et un classique qui fait toujours plaisir, Blind, pioché sur Full Of Sorrow (2006).  Fin du concert, je suis sur un petit nuage.

Frustration c'est déjà fini pour cette fois!
Frustration c’est déjà fini pour cette fois!

En résumé :

  • Ne pas connaître Frustration est un oubli préjudiciable pour vos oreilles mais facilement réparable
  • Sous-estimer la place légitime qui leur revient dans le paysage du rock français est sûrement lié à une méconnaissance ou à une forme chronique de snobisme
  • Aimer / ne pas aimer : ça, ça vous regarde, moi j’adore et ce soir visiblement nous étions 300 à partager le même sentiment.

Nous avons donc passé une très belle soirée, je remercie encore l’association Back to Garage pour sa sympathique invitation ! J’ai eu l’occasion de découvrir deux groupes que je ne connaissais pas, Leopardo méritant sûrement une session de réécoute, quant à Frustration…, je pense que vous aurez compris mon enthousiasme ci-dessus !

https://www.facebook.com/backtogarage/

https://www.bornbadrecords.net/artists/frustration/

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