Crédit photo : Sylvère H.
C’est tout d’abord ce clip un peu choc de Kiss them goodnight. Ces chutes à répétition, ces regards d’enfants, froids et distants. C’est ensuite cette voix au phrasé si typique, oscillant entre mélopée shamanique et rap nonchalant (trainant, suisse quoi…) de Max Usata. C’est enfin ce mélange un peu vide-grenier musical/bric-à-brac de styles en fond sonore, habillant l’ensemble qui me chatouillent les oreilles. Oui. Je l’avoue humblement, jusqu’à aujourd’hui j’ignorais tout de Puts Marie. Leur nouvel EP chez Yotanka, dont est issu ce titre tubesque, est sorti le 24 avril dernier, et il ne doit pas passer inaperçu!
Après l’excellent Catching Bad Temper chez Yotanka en septembre dernier, les cinq de Berne nous offrent un deux titres inventif et addictif. C’est peut-être parce qu’ils ne revendiquent pas vraiment d’influence marquante qu’ils pratiquent cette musique aussi « magnifiquement singulière », sans réelle ancrage dans un style particulier. Les guitares arrivent quand elles doivent arriver, les claviers ne sont pas des instruments démonstratifs, ne cherchent pas la texture pour la texture, mais sonnent juste là où ils doivent sonner. Les atmosphères appuient élégamment la voix remarquable du chanteur et ses textes, véritables petites histoires. Et lorsque le débit saccadé se casse pour laisser place à la mélodie, les émotions se libèrent. Si on pense parfois à Arctic Monkeys ou même à G. Love pour le phrasé, chaque titre est comme une petite pièce de théâtre ; le groupe développe sa propre mise en scène, ses couleurs et ses changements de ton. Pas d’égo surdimensionné, pas de démonstration, mais une musique qui prend son temps et qui ne se donne pas de limite. Des musiciens qui se font plaisir. C’est que les Puts Marie sont riches d’une longue histoire, puisque cela fait une quinzaine d’années—avec des hiatus—qu’ils se côtoient. Et, bon gré mal gré, ils arrivent sans cesse à faire renaitre une nouvelle flamme toujours plus brillante, comme cet EP, Kiss Them Goodnight, d’où suinte une ambiance malsaine aussi bien que sensuelle.
Le deuxième titre, A Boy Called Monkey ,offre une autre facette du groupe. baigné par un orgue qui sature dans les moments forts, contrebalancé par des arpèges de guitare doucement mélancoliques, il alterne les périodes d’accalmie et les déchainements de nappes de clavier, portant une superbe mélodie que la voix légèrement cassée de Max Usata vient renforcer.
Il est également impératif de se pencher sur l’album Catching Bad temper (Yotanka – Two Gentlemen – [PIAS]) pour découvrir la richesse musicale des suisses et apprécier l’étrange unité de style qui se dégage de cette collaboration. On y trouve des plages plus noisy—Garibaldi— des ritournelles arabisantes comme C’mon, ou encore, dans Rhapsody, les influences rap du chanteur qui se font plus présentes. Bref, les cinq Bernois ne sont jamais là où on les attends.
Liens :
https://soundcloud.com/yotanka/sets/puts-marie-kiss-them-goodnight-ep/s-t32K4
https://putsmarie.bandcamp.com/
http://smarturl.it/Puts_Marie-KTG
https://www.yotanka.net/fr/artists/puts-marie/