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Cali dans les pas de Ferré: Cali nous raconte son défi passionné!

Cali dans les pas de Ferré: Cali nous raconte son défi passionné!

J’avais consacré un article au nouvel album de Cali, chantant Ferré, et, au delà du concert de Nantes , premier d’une longue tournée, ce fut aussi un réel plaisir de m’entretenir avec Bruno Caliciuri pour évoquer, bien sûr, d’abord et surtout Ferré et cet album mais aussi ses engagements, le « cap » des 50 ans, le plaisir du vinyle ou…..le Hellfest!

Cali C'est extra Nantes 4 Octobre 2018 photo Benoît
Cali C’est extra Nantes 4 Octobre 2018 photo Benoît weirdsound

 

Naissance d’un projet, d’un « pari fou »: chanter Ferré!  

Weirdsound: Tu parlais d’un « pari fou », « d’Everest »… chanter Ferré t’affolait un peu au départ ou tu restais serein?

Cali: « La fierté a pris le pas sur la peur… je pense que je n’aurai pas pu le faire plus tôt mais que maintenant, à 50 balais (Cali a eu 50 ans en Juin), un tournant, je me suis rendu compte que j’avais amassé, tout au fond de moi, tellement de traces de Ferré tout au long de ma vie, depuis gamin, depuis Papa…Papa écoutait Ferré et moi je ne comprenais rien, je le voyais ému et j’étais intrigué.. Il écoutait « les anarchistes » et « ils ont voté » et il pleurait! ». Cali me rappelle une anecdote rapportée par son père (et qu’il raconte aussi en concert): « Ferré se faisait cracher dessus pendant une chanson et applaudir à tout rompre celle d’après »!. Cela intriguait effectivement beaucoup le jeune Cali. La seule « appréhension » que Cali eut, en commençant son projet était la réaction de la famille Ferré: « Je voulais que la famille Ferré soit avec moi et ils sont avec moi complètement ». « la veille de l’enregistrement (au mythique studio Pigalle où enregistrait Ferré NDLR), Cali n’était pas encore « sûr de ce qui allait sortir » mais il était « avec deux grands musiciens (Steve Nieve et François Poggio)  et « c’était parti ».. »les titres enregistrés en une seule prise » en 5 jours. Cali avait misé sur la « spontanéité »: « on n’avait qu’à respecter la sobriété et rester humble ». Ce qui l’avait décidé dans ce projet, c’était aussi la célébration très/trop discrète du centenaire de la naissance de Ferré alors que « c’est un monument au même titre que…Beethoven ». « Tout le monde connait « Avec le temps » ou « c’est extra » et Ferré s’est aussi permis des chansons extraordinaires comme « Et Basta« ..un disque entier..39 minutes! »(En fait 35’18 pour être précis plus « Ni Dieu ni maître » NDLR).

Weirdsound: Tu avais aussi une certaine manière de chanter, un certain phrasé qui se prêtait à chanter Ferré?

Cali: « Ce que l’on m’a dit, et notamment Matthieu Ferré, c’est qu’avec mon accent, je prononce tous les mots qui claquent, ce qui permet de les entendre entiers ».

Le choix et l’ordre des titres et l’émotion à les chanter.

Weirdsound: Comment s’est fait le choix des 18 titres (20 si l’on compte les deux qui seront mis sur le net, me précise ensuite Cali)…et l‘ordre des titres, sachant que l’on retrouve une grande similitude en concert?

Cali: « Le choix était compliqué, évidemment, et cela a pris des mois: le 1er dogme, c’était de choisir auteur Ferré/compositeur Ferré.. Le deuxième dogme (Cali évoque à nouveau sobriété/humilité), c’était de »faire le Ferré de Cali, de ma vie » avec notamment, « Les anarchistes » (nouvelle référence à son père), « Ils ont voté et après » (Cali me parle d’un Live où le public hurle à chaque fois que Ferré prononce ces mots… mais aussi « C’est extra » (Cali me raconte qu’il la chantait en « bal de village »). « La mémoire et la mer, c’est la chanson immortelle par excellence..tu l’écoutes le matin et le soir elle a encore une autre signification ». « Ferré disait (et c’est aussi rappelé par Cali lors du concert de Nantes) qu’il ne comprenait pas que les gens aiment cette chanson car « il n’y a que moi et mes proches qui peuvent la comprendre ». Cali m’évoque ainsi cet extrait: « Rappelle toi ce chien de mer que nous libérions sur parole » et de m’expliquer que « Le chien de mer était un poisson que Ferré était en train de pêcher, avec un copain, près de sa maison en Bretagne (en fait, un îlot accessible à marée basse, au large de Cancale, l’île du Guesclin, que Ferré avait achetée en 1960, NDLR).. et  si « ce poisson est un chien de mer, on ne peut emprisonner un chien, donc on va le rejeter à la mer » … Cali m’explique aussi le choix du titre « L’enfance« … »une chanson que je connais depuis toujours…je connaissais la mélodie, les mots , mais pas la propre histoire de Ferré (Cali m’apprend ainsi la face cachée de cette chanson, Ferré en pension, de l’autre côté de la frontière, en Italie « chez les curés » et qui aurait été « abusé »). Quant à « l’ordre des titres », il s’est fait « la veille de l’enregistrement ». Cali voulait « démarrer avec « C’est extra » et finir avec « L’amour est dans l’escalier »… « L’entre deux s’est fait naturellement, en 10 minutes »! et tant mieux si certains y ont vu un ordre thématique avec une certaine cohérence….alors hasard??!

Weirdsound: Y a t-il eu des chansons plus difficiles à chanter, vocalement mais surtout émotionnellement parlant?

 

Cali: « difficiles..non..car tout était au fond de moi…le plus difficile, c’était de convaincre les gens qu’il ne fallait rien préparer! Le plus difficile, émotionnellement fut la chanson « Lorsque tu me liras » (bientôt sur le net)… »C’est un poème d’Amour, il parle à sa femme Marie-Christine et ce fut difficile car lorsque je la chantais (Pour l’enregistrement studio), elle était en face de moi….Elle avait les larmes aux yeux et moi aussi ». Autre moment difficile ….la chanson « 20 ans »…le matin, j’étais allé enterrer le grand frère, Jacques Higelin et j’étais bouleversé….une émotion absolue. »

Weirdsound: Dans « Les anarchistes« , Ferré évoque les anarchistes espagnols  et l’on peut relier aussi cette chanson à ton histoire familiale?

Cali: « Oui, ce n’est pas pour rien que mon père l’écoutait à tue tête…le grand père (Giuseppe ndlr) qui vient de Calabre et qui se bat contre tous les fascismes du monde et qui se retrouve, avec les Brigades internationales pour se battre sur le front de Brunete (Près de Madrid, en Juillet 1937, là où la compagne de Robert Capa, photographe elle aussi, fut mortellement blessée, ndlr)..Il est blessé et soigné par sa future femme (Maria, d’où la chanson Giuseppe et Maria, la plus émouvante de Cali, ndlr)..Ils passent sous les bombes à Barcelone puis sont « accueillis » dans les camps d’internement du Sud de la France » (St Cyprien, ndlr)…avec la tragédie de la séparation des couples… « Ce qui est intéressant, continue Cali, c’est que l’on a tous notre définition des anarchistes et Matthieu Ferré m’en a donné une qui me convient très bien: un anarchiste c’est quelqu’un qui est dans un bar, voit quelqu’un seul, retranché dans sa solitude..et qui va le chercher, le prend par le bras et lui dit..allez on y va, on va se battre ..mais sans violence ».

 

L’engagement politique et humanitaire...

weirdsound: tu t’es souvent engagé sur le plan politique, tu es né en 68, une année plutôt révolutionnaire…par rapport à la chanson « Ils ont voté et après », as tu eu , par rapport à certains de tes choix/soutiens, le sentiment d’être déçu, voire d’une grande désillusion?

Cali: « La question est incroyable d’actualité..mais quoiqu’il arrive on ne peut qu’être déçu car ton idéal va toujours au delà de ce qui peut être accompli!.. Ferré ne votait pas, moi je vote et quand tu parles avec des jeunes et que tu leur demandes, pourquoi vous ne votez pas, ils te disent..Vous avez voté..et après!! La caisse de résonnance des medias nous offre la même chose…des voleurs, des gens qui profitent, des passe droits….alors ils (les jeunes) te disent :pourquoi aller voter. Hélas, beaucoup de nos représentants, à des postes clés, manquent d’éthique et creusent le fossé entre la jeunesse, le petit peuple et l’élite… La seule structure qui peut encore faire tampon, ce sont encore les associations… qui malheureusement ont été assoiffées » (Sous Sarkhozy surtout) . Nous évoquons alors Trump, Poutine, et le Brésil….

weirdsound: sur le plan humanitaire, tu t’es aussi engagé, notamment avec « One » (fondée par Bono, qui a d’ailleurs remercié Cali pour son engagement lors du 1er concert de U2 à paris, en Septembre dernier, ndlr)… Un combat pour toi, là aussi??

Cali: « Oui car cela est très concret..cela fait maintenant quelques années que je suis avec eux ». Cali raconte l’une de ses « missions »: « Je suis notamment allé au Sénégal voir la confection de vaccins contre la fièvre jaune…je suis allé aussi en brousse pour sensibiliser à la protection contre le sida…Tout cela passe par de l’argent donné par les Etats qui acceptent de verser un certain % de leur P.I.B pour lutter contre l’extrême pauvreté ». Cali me parle aussi de son travail avec « terres des Hommes » (ex faire des concerts) .. »même si cela parait une goutte d’eau, ils sauvent des gosses ».. »des centaines ». J’évoque aussi avec Cali le combat de Dominique A ( Cali et Dominique A se sont d’ailleurs appelé avant et après le concert de Nantes) qui a créé  l’asso « des Liens » pour permettre, notamment, à des gens dans l’extrême précarité d’assister à des spectacles et concerts…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

weirdsound: la pochette de l’album et l’affiche du concert, avec un singe, qui en a eu l’idée?

Cali: « Quand tu fais un album Ferré, la question c’est …tu mets quoi…. Cali, Ferré, les deux??Le photographe Yann Orhan (qui a travaillé avec Miossec, Thiefaine, Fr.Hardy, ndlr) me dit « Tu sais Ferré, ce qui m’en reste, c’est aussi, depuis que je suis môme, cette photo avec une guenon, Pépée…on dirait que c’est sa fille, ils se font des calins ». (son décès a d’ailleurs été vécu comme un drame par Ferré, ndlr). « On a trouvé l’idée géniale ». La pochette et l’affiche rendaient ainsi hommage à l’animal et à Ferré!

Cali et moi avons aussi parlé …vinyles : « ce qui est génial avec le vinyle, c’est une cérémonie..tu prends le temps…tu peux rêver, voyager »…du »cap » des 50 ans: Cali me rappelle alors les mots de Victor Hugo: « 40 ans, c’est la vieillesse de la jeunesse, 50 ans, c’est la jeunesse de la vieillesse » avant d’ajouter « ce qui est génial à 50 ans, c’est d’être encore un troubadour, de pouvoir écrire ce que tu veux quand tu veux, d’aller sur la route »…..A propos d’écriture, Cali a terminé son deuxième roman (parution au printemps 2019)…Nous évoquons encore le Hellfest (Cali rêve d’y venir avec son fils)….et la magie du doudouk de Levon Minassian qui pourrait faire merveille sur « L’affiche rouge » lorsque Cali devait se produire à Marseille….. Ce fut le cas d’ailleurs!! La magie opéra son oeuvre!

Cali en tournée..chantant Ferré, c’est jusqu’au printemps 2019!!

Merci à Bruno Cali pour cet entretien!

 

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