Au Mama festival Pongo et Bandit Bandit m’ont tueR

Dix ans ça se fête ! Pour cette dixième édition du Mama Festival, plus de 120 artistes étaient programmés pour enflammer les salles emblématiques de Pigalle. Pour la plupart, des artistes dont on a déjà eu l’occasion de parler sur Weirdsound. Mais deux m’ont surpris durant cette édition. Deux genres musicaux opposés qui ont fait mon Mama.
Jeudi dernier, c’était celle que la presse n’hésite plus à qualifier de reine du Kuduru, la Portugaise d’origine Angolaise Pongo et vendredi c’était au tour du groupe de rock français Bandit Bandit, d’achever de me convaincre d’écrire ces quelques lignes. Un choix qui respecte la parité femme-homme cher au festival dans sa programmation, une exposition qui constitue un réel tremplin pour les artistes ou groupes émergents en manque de visibilité.
Dès 19h, les salles de Pigalle-Montmartre étaient prises d’assaut par le public pour assister aux quelques 130 concerts prévus pour les trois soirées du festival, dont le cœur se trouve entre le Trianon et la Cigale où une sorte de village du festival a été installé.
Ainsi que me prévenait la programmatrice en interview le mois dernier, « L’idée c’est à la fois d’aller voir les artistes qu’on aime bien, mais aussi partir à la découverte d’artistes qu’on ne connait pas, au détour d’une salle. » et c’est justement au détour de deux salles que le charme a opéré.
Kuduro à la Cigale
C’était la salle to be de la soirée, après celle d’hier qui recevait de grands noms tels Imany, Faada Freddy ou encore Anwar. Ce soir c’est place à Irma, Yseult ou encore Pongo qui a fait sensation avec son Kuduro remixé. C’est d’ailleurs cette dernière qui est l’objet de ma présence dans cette salle ce soir, après plusieurs loupés en festivals cet été.
C’est Irma qui est sur scène à notre arrivée, la jeune artiste soul d’origine Camerounaise nous donnera un bel aperçu de ce qui nous attend par la suite. Dans une maitrise de pas de danse à la Michaël Jackson, elle fait valser le public dans son seul en scène avant de se retrouver entourée de deux danseuses prêtes à en découdre.
« Vous connaissez le Kuduro ?«

Pongo a pris le relais et a retourné la salle d’une main de maitre avec son Kuduro bien trempé durant les quarante-cinq minutes qui lui étaient imparties. La Portugaise d’origine Angolaise, l’une des révélations de l’année 2018 que la presse n’hésite plus à présenter comme la reine du Kuduro, était très attendue après son passage qui a fait sensation l’année dernière aux Trans Musicales de Rennes.
Pour la petit histoire, le Kuduro est un genre musical tout droit sorti des favelas d’Angola. Autrefois, il servait de défouloir aux souffrances des prisonniers qui avaient soif de liberté.
C’est tout naturellement en tenue couleur or que l’artiste s’est présentée sur scène comme à son habitude, « Vous connaissez la danse du Kuduro ? Vous voulez voir à quoi ça ressemble ? » ouiiiiiiiiii, hurle le public. Tambulaya son premier single avait fait beaucoup de bruit à sa sortie en 2018, il est festif et tout le monde saute au rythme de Tambulaya, sans oublier de bouger son petit cul comme le fait l’artiste. A ce jeu-là, certains ont plus de prédispositions que d’autres, je n’en dirai pas plus. Elle est bientôt rejointe sur scène par deux danseurs aussi talentueux l’un que l’autre, qui avec leurs duels enjambés, en feront pâlir plus d’un(e). Elle fera raisonner le cœur de la Cigale sur Chora, le titre qu’elle fait reprendre au public telle une grande chorale.
« C’est une musique triste, ne soyez pas malheureux, continuez à croire en vous » lance-t-elle, avant de nous demander de tous allumer nos téléphones pour éclairer la salle. C’est dans une ambiance mélancolique qu’elle interprète Kuzola, son single dans lequel elle évoque un amour brisé. Le poing levé on crie notre amertume dans une configuration qui n’est pas loin de rappeler les églises de gospel qu’on trouve à Harlem. Tel un pasteur au milieu de la scène, elle raconte cette histoire triste en exhortant le public à faire bloc avec elle « La Cigale, chantez »
Baia qui veut dire « Danse » en portugais est sans doute le plus entrainant de la soirée, un coup à gauche avec une jambe soulevée, un autre à droite en soulevant l’autre jambe. Il faut vraiment être souple pour parvenir à exécuter tous les pas de danse qu’elle nous montre, en matière de Baia nous ne sommes pas encore rôdés.

La session Kuduro prendra fin avec le titre Wengue Wengue du groupe Buraka Som Sistema, un concentré de Kuduro en provenance d’Angola sorti en 2008 alors qu’elle n’avait que 16 ans et qui recevra un MTV Music Award la même année. Elle conviera d’ailleurs quelques fans sur scène pour un bouquet final où chacun essaiera tant bien que mal de reproduire ce qu’il a appris en matière de Kuduro au cours des 45 minutes qui viennent de s’écouler. « Merci la Cigale, je t’aime », nous aussi…
Braquage live à la Boule Noire
Il n’y a parfois pas de hasard dans la vie, quelle autre scène de Pigalle pouvait accueillir le spectacle noir que nous a offert le duo Bandit Bandit, que celle de la Boule Noire, noire de monde pour l’occasion ? Et tout cela commandité par le Mama festival.
L’apéro qui précède le concert est une sorte de première partie qui ne dit pas son nom, réservé uniquement aux professionnels avec open bar et autres petits fours. Le public lui sera autorisé à rentrer quelques minutes avant le début des prestations, s’emparant des dernières places debout. A 19h55, la soirée est lancée par une animatrice qui annonce au menu : Bandit Bandit, Ebony Frainteso, ABD, Big Zuu et Atoem.
Un duo de Bandits

Si l’on m’avait dit que j’allais passer l’une de mes plus belles soirées du festival avec ce duo de choc, qui est en train de se faire une belle place sur la scène rock française, pour rien au monde je n’aurai parié une pièce. Le rock n’étant pas ma tasse de thé, j’avais prévu de ne rester que les cinq premières minutes et de me barrer par la suite. Trente minutes plus tard, je me trouvais encore là, parmi les fans à applaudir comme un malade pour ce moment qui avait fait ma dernière soirée au Mama.
Un show magistralement assuré
Le nouveau duo de choc du rock français Bandit Bandit composé de Maeva Nicolas et Hugo Helerman a sorti son premier EP éponyme cinq titres le 11 octobre dernier. Un duo qui se transforme en quatuor une fois monté sur scène, avec la présence du bassiste Ariel Moitier et du batteur Anthony Avril.

N’ayant pas fait attention à la composition du groupe en amont, je ne savais pas exactement au nombre de combien ils seraient sur scène. Je suis dans le Néant total quand trois bonhommes font leur entrée sur scène, le micro au centre me laisse penser qu’il manque une quatrième personne à l’appel. Et c’est après avoir chauffé leurs instruments que Maeva fait irruption sur scène dans sa tenue fleurie qui contraste avec le noir des garçons. Seule touche de féminité au milieu de ce concentré de virilité, elle n’aura pas froid aux yeux quand il s’agira de nous entrainer dans une autre Dimension pour un vendredi night Fever.
Siamese Love a quelque chose de sauvagement séduisant avec la percussion des instruments. Maux, le premier single est très rock et envoie du lourd grâce à la nonchalance des deux voix qui s’unissent pour n’en former plus qu’une. Le duo atypique se livre un duel sauvage et efficace qui trahit une certaine attirance réciproque du couple qu’ils forment au civil, après une rencontre sur Tinder. Ils alternent entre le français et l’anglais, aidés des riffs de guitares et de la batterie derrière qui assure pour délivrer un rock garage monstrueux.
L’ambiance délirante de Pixel, plonge la salle dans un état second. La fin semble proche et Maëva en profite pour remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite de leur projet et surtout leur manager, rencontré lors d’un voyage en BlaBlaCar, alors que cette dernière avait décidé de passer ses propres compositions dans le transistor du bolide. Une rencontre déterminante dont le résultat se vit en live ce soir avec cette fin sur Tachycardie où Hugo nous offre un aparté avec son Tzuras (sorte de petit bouzouki) qui donne un mélange de musique psychédélique et oriental qui électrise le public.
Un public qui aura du mal à se séparer de ses bourreaux et aimerait encore se faire braquer par des Bandits de leur espèce. Mais la configuration de la soirée ne permet pas de rappel. Il ne reste plus qu’une seule option aux irréductibles, guetter leurs prochaines annonces, pour savoir quand est-ce que ces adeptes d’un rock très fin, séviront encore.