En Une: A.A Williams au Hellfest Juin 2022. Photo weirdsound
A.A Williams sort, en ce début Octobre 2022, son deuxième véritable album, As The Moon Rests. A nouveau sur le label Bella Union fondé en 1997 par Simon Raymonde et Robin Guthrie alors que s’arrête Cocteau Twins. Début Juillet 2020, nous vous avions présenté le premier album, Forever Blue. Véritable coup de coeur, l’album s’était d’ailleurs retrouvé en tête de mon top 10 des albums de 2020. (voir la synthèse de notre rédaction weirdsound!). Autant dire qu’après un album de reprises pendant le confinement, le bien nommé Songs From Isolation, on attendait le deuxième opus. Pas de déception: la poésie alliée à la voix toujours envoutante de A.A Williams fonctionnent parfaitement! La qualité de l’enregistrement est aussi top!
A.A Williams: une ascension fulgurante depuis 2019
En 3 ans, et malgré deux ans de pandémie, A.A Williams a su creuser son sillon musical. Pour ne pas reprendre trop d’informations présentes dans l’article précité de Juillet 2020, je me limiterai à l’essentiel. Le premier E.P éponyme 4 titres sort en Janvier 2019, peu de temps après le début de son projet musical. Dès Avril, on retrouve déjà A.A Williams au Roadburn Festival de Tilburg aux Pays-Bas. Moins d’un an après, elle joue à guichets fermés au Purcell Room dans le cadre du prestigieux Southbank Centre à Londres. Tout va très vite mais la pandémie galope aussi!
A.A Williams se retrouve ainsi en tournée avec plusieurs groupes, comme notamment les suédois de Cult Of Luna. Si j’évoque Cult Of Luna, de passage ces derniers jours à Nantes c’est parce que l’on croise Johannes Persson dans l’album Forever Blue. Sa voix nous surprend et nous séduit dans le titre Fearless. Un album intimiste mêlant influences classiques et sons plus heavy. A.A Williams est aussi embarquée en tournée avec The Sisters Of Mercy, y compris à nouveau en ce début 2022. N’oublions pas, enfin, le superbe vinyle 2 titres, déjà mixé par Adrian Hall, avec les japonais de Mono en Janvier 2020. On les a retrouvés ensemble au Hellfest 2022. Exit In Darkness, un moment magique!
La période d’isolement mise à profit
Le confinement s’est imposé au Printemps 2020, obligeant A.A Williams à interrompre, avec The Sisters Of Mercy, la tournée juste avant les Pays-Bas. A.A Williams va alors en profiter pour travailler des reprises suggérées, chaque semaine par ses fans. Dans les centaines de chansons qu’on lui propose reviennent, heureusement, des artistes que A.A Williams adore: Nine Inch Nails, Radiohead, Nick Cave, The Cure et, bien sûr, Deftones. Ce groupe fût l’étincelle, à l’adolescence, pour A.A Williams. Le résultat? Un superbe album de reprises, la qualité du son ne souffrant pas des conditions modestes d’enregistrement chez elle.
A.A Williams met aussi cette période de confinement forcé pour revisiter son premier E.P, rebaptisé Arco. Reprise plus dépouillée et acoustique, avec cordes, qui sied à merveille à un titre comme Control. Cette longue période est aussi une occasion de peaufiner davantage le nouvel album, As The Moon Rests, qui vient de sortir.
Elle sait quels peuvent en être les pièges et les attentes. « Traditionnellement, le deuxième album est celui où il y a le plus d’inquiétude et beaucoup d’attente. Mais je dois me forcer à créer une musique que j’aime moi, et j’ai eu plus de temps pour le faire sur ce disque. J’ai ressenti plus de confiance et de conviction. As The Moon Rests est à la fois plus lourd et plus doux, il y a plus de texture et de poids, et un ensemble de cordes. C’est Forever Blue multiplié par dix ! »; Nous sommes prêts à la croire!
As The Moon Rests, album moins introspectif… rempli d’émotions et de tensions
Paradoxalemnt, même s’il nait pendant le confinement, As The Moon Rests est un album moins introspectif que Forever Blue. Voici ce que A.A Williams déclare, début Septembre dans une ITV pour le Southbank Centre. »Lorsque j’ai écrit Forever Blue, j’ai passé beaucoup de temps à faire une introspection, à trouver des failles en moi et à essayer de trouver des moyens de les éradiquer ou de les réparer. Dans As The Moon Rests, on sent que l’on essaie d’accepter et de gérer ces défauts avec grâce et gentillesse – ce n’est certainement pas un parcours facile, avec de l’anxiété, de la tristesse et du stress à chaque tournant- mais cela aboutit à un album qui parle autant de devenir un ami de l’obscurité que d’en avoir peur ».
Comme l’affirme A.A Williams, As The Moon Rests amplifie l’ampleur de ses ambitions, cristallisées par Evaporate, le premier morceau issu des sessions. Il est accompagné d’une vidéo qui incarne les tensions palpitantes de l’univers de A.A Williams, où les émotions oscillent entre contrôle et chaos. Les paroles d’A.A Williams posent un certain nombre de questions existentielles tout au long de l’album : qui suis-je ? Qu’est-ce que je peux changer ? Qu’est-ce que je ne peux pas changer ?
« Tout fait partie d’un arc primordial », dit-elle. « Avec le recul, il y a des chansons où je comprends des choses, d’autres où je disparais dans un trou. Par exemple, dans ‘Evaporate‘, j’essaie de garder un couvercle sur des pensées compliquées et pétillantes, qui explosent. D’autres fois, je suis plus détendue. La plupart du temps, l’écriture est plus rétrospective, elle ne concerne pas l’ici et le maintenant. Les paroles sont l’endroit où je trouve les choses ».
Un album fragile entre post Rock et dark metal prog!
A.A Williams va poursuivre, musicalement, dans la voie de son premier album. Son parcours classique de multi-instrumentiste, piano, violoncelle puis guitare, nous le rappelle. L’ensemble de cordes est de retour pour As The Moon Rests, renforçant souvent les dimensions cinématographiques de l’album. Le morceau d’ouverture de l’album, Hollow Heart, définit le terrain émotionnel : « Give me time and I will learn / that I am only human », chante-t-elle avant que les instruments ne commencent leur lente ascension vers le point d’explosion.
C’est le seul reproche que pourraient faire les plus exigeants. Une construction de morceaux qui se ressemble souvent. Des débuts souvent calmes, piano et arpèges de guitare où se pose la voix claire et lumineuse de A.A Williams. Des ruptures de rythmes explosives aux accents dark metal surviennent alors. Il y a cependant des exceptions! Evaporate, au parfum Witin Temptation, démarre de façon péchue! Alone In Deep alterne les ruptures; Les 2 premiers morceaux font partie de mes titres préférés avec les superbes Pristine, For Nothing ou le morceau titre clôturant l’album.
A.A Williams nous éclaire d’ailleurs sur le choix du titre de l’album: « Pour moi, ‘As The Moon Rests’ a sauté aux yeux comme évoquant un changement de direction dans les paroles », explique-t-elle. « C’est une chanson d’amour, pas nécessairement romantique, mais entre deux personnes ayant un lien inébranlable. Cela semblait assez poignant et proéminent pour fonctionner comme titre. »
A noter aussi la qualité de l’enregistrement, cette fois dans un vrai studio avec Adrian Hall. Au delà des instruments, souvent denses et riches, la voix reste toujours claire, contribuant à notre envoutement. Fait rare aussi, tous les morceaux sont… bons et A.A Williams nous offre 62 miutes de musique cohérente et addictive.
A.A Williams: 2022, l’année du sacre d’une nouvelle reine!
2022 devrait être l’année du sacre d’une nouvelle reine musicale, A.A Williams. En fin de Printemps, on l’a revue avec Mono et le Jo Quail Quartet au Hellfest Au violoncelle puis au clavier/chant pour Exit in Darkness. Une semaine plus tard, A.A Williams s’y produit à nouveau mais sans les japonais . En Septembre, après un passage français au Trabendo, encore avec Mono, puis Biarritz, Besançon et Lille, A.A Williams a recommencé une nouvelle tournée qui va la conduire dans 12 pays. Début de tournée londonien au prestigieux Queen Elizabeth Hall mais la France, en Novembre, peut s’estimer choyée avec, encore, 7 concerts ! Aux côtés d’A.A Williams, on va d’abord retrouver son mari, bassiste et co-producteur Thomas Williams et le multi-instrumentiste Matthew de Burg Daly. Celui-ci, principalement guitariste-claviériste, son ex ingé son, et Wayne Proctor, à la batterie, complètent le quartet.
A.A Williams En concert :
19.11 – Dunkerque – Les 4 Ecluses
20.11 – Savigny Le Temple – L’empreinte
22.11 – Nantes – Le Ferrailleur
23.11 – Rouen – Le 106
24.11 – Lyon – Hard Rock Café
25.11 – Metz – L’aerogare
26.11 – Strasbourg – La Laiterie
https://www.aawilliamsmusic.com/
Très bel article, hâte d’être au Ferrailleur
Article magnifique, hâte d’être au Ferrailleur 😍