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Cult Of Luna, A dawn To Fear : la fin d’un monde

Cult Of Luna, A dawn To Fear : la fin d’un monde

Le premier album depuis 3 ans

Le concert de Cult Of Luna au Hellfest de cette année a été une véritable révélation. Jusqu’à ce show, le groupe restait pour moi quelques lettres sur un T-shirt aperçu dans la rue, des titres sur des couvertures dans la presse spécialisée, évoquant l’image plus ou moins romantique d’une musique potentiellement puissante et chargée d’émotion. Intuition bien confirmée par la plongée dans la discographie du groupe qui suivit. Pour leur septième album (huitième, neuvième? Vertikal II, un album? Eternal Music? c’est selon…), le premier depuis le superbe Mariner de 2016 avec Julie Christmas (ex-Made Out Of babies et Battle Of Mice), les Suédois continuent de glisser vers un post-metal alternant atmosphères et puissance, s’éloignant des premieres productions de 2001, plus brouillones et moins travaillées. Le premier extrait de l’album, The Silent Man, morceau épique de 10:37, propose une palette d’ambiances où pointent parfois des réminiscences de Pink Floyd, comme sur ce final où l’orgue domine.

Une approche plus sensuelle de la composition

A Dawn To fear s’étire sur plus d’une heure et huit titres, dont le plus court dépasse déjà les six minutes. Et pourtant, sur toute la durée, aucune longueur, pas de redite, et des morceaux d’une rare intensité tel le titre qui donne son nom à l’album. On se prend à l’écouter presque religieusement, à savourer une slide guitare sensuelle qui, tranquillement, va accompagner une montée pour laisser place au chant de Johannes Persson pour ensuite s’y méler langoureusement, créant un contraste presque sexuel entre cette voix gutturale et cet instrument dont les sonorités serpentent au fond des conduits auditifs. Comme leurs ainés et (on oublie un peu Isis) créateurs du genre, Neurosis, COL sait jouer avec les ambiances angoissantes, répétitives que viennent appuyer des guitares à la fois bien lourdes et atmosphériques. Nightwalkers, qui en est une bonne illustration, n’est pourtant pas qu’une boucle de dix minutes qui oscillerait entre passages ambiants et passages forts. Ainsi, en plein milieu du titre, le groupe ose une cassure avec un rythme que je ne peux définir que comme « dance music ». Preuve de la recherche et de l’inventivité en termes de composition des musiciens. Il faut d’ailleurs noter que, en dépit de changements de line-up—pas si récents— de l’éloignement géographique des membres du groupe, il faut une grande cohésion musicale pour jouer une musique aussi complexe. Ce qu’ils réussissent magnifiquement en studio. Les choses s’avèrent parfois plus difficile en live où il faut recréer des arrangements peut-être trop complexes, sans parler de la synchronisation des deux batteurs! Mais, une fois encore, la claque du Hellfest confirme que rien n’est impossible.

Changement de méthode, mais pas de producteur

Contrairement à son habitude, le chanteur/guitariste n’est pas parti d’un thème prédéfini pour écrire l’album, mais s’est laissé inspirer par une réflexion sur sa propre vie. En étudiant les minuscules changements qui s’opéraient au fil du temps dans sa vie ou autour de lui, il en est arrivé à concevoir l’écriture de manière plus instinctive. Au lieu de partir d’un thème, il se donne le temps de prendre du recul pour regarder le résultat et en trouver une interprétation.

La production de Magnus Lindberg, collaborateur du groupe depuis le premier album, (il a produit aussi Märvel dont nous vous parlions ici, ou Lucifer, le groupe de Nick Anderson, ou encore Propaganda de No One Is Innocent) apporte cette fois, après le plus froid Vertikal, une couleur et une texture assez organique à la musique de CoL. Le choix d’utiliser des orgues mécaniques et autres harmoniums (Lights On The Hill) n’y est pas pour rien. L’ampleur et l’épaisseur du son sont d’indéniables atouts et des facteurs explicatifs de l’intensité ressentie tout au long de l’album. On sort presque épuisé de l’écoute des quasi 80mn. Car la densité de chaque composition en fait une œuvre musicale à part entière. Et pourtant, le disque est totalement cohérent, les titres s’enchainant logiquement, amenant l’auditeur vers le final dantesque de 13 mn de The Fall.

Des sensations plus qu’une thématique

Il est assez difficile d’extraire une histoire de l’ensemble des textes de l’album. Néanmoins, un sentiment d’apocalypse qui approche, ou l’impression d’assister à une aube terne et dure après une nuit d’angoisse surnage de l’ensemble. Les paroles évoquent le sommeil, le feu, la nuit ou encore des thématiques de succession ou de transmission, d’héritage. Et, plus qu’un thème,ce sont des émotions avant tout qui ressortent des images invoquées ici, personnifications des démons du chanteur, comme des sensations de fin du monde et de renouveau. Le talent du groupe est de traduire cela magnifiquement dans sa musique. Car, effectivement, on ressent une sorte de balancement entre ombre et lumière, entre espoir d’un renouveau et angoisse d’une fin à l’écoute de A Dawn To Fear. On est comme enserré dans ce maelstrom musical qui joue le rôle d’une catharsis à la frustration et la rage qui pourraient nous habiter face au monde contemporain. Un album autant magistral qu’indispensable.

Liens :

https://www.cultofluna.com/

Le groupe a récemment signé chez Metal Blade :

https://www.metalblade.com/us/releases/cult-of-luna-a-dawn-to-fear/

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