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Julien Chang – « Jules »

Julien Chang – « Jules »

Alors que label londonien Transgressive continue d’explorer les sons du futur (SOPHIE, une claque dont je ne me remets pas) et d’élargir les territoires de la pop (Kokoko!, fusion jouissive entre la musique congolaise et Devo), son dernier poulain se tourne, lui, vers le passé. Mais s’il le fait, c’est pour mieux en embrasser le spectre éclectique, au prisme de la décennie musicale 1975-85.

Irréel du passé. 

Julien Chang est étudiant à Baltimore. Il a 20 ans (depuis un mois). Ses 19 premières années sont saturées de musique : il grandit dans une famille de musiciens, entre au conservatoire, joue du piano, du trombone, et de tous les instruments que l’on peut entendre sur son premier album, “Jules”.

“Jules”, diminutif de Julien, est un surnom qu’on ne lui a jamais donné. Mais on qu’aurait pu lui donner. Tout comme il aurait pu naître quarante ans plus tôt, et écouter à la radio, à l’époque où ils étaient diffusés pour la première fois, tous ces tubes FM qu’il cite dans son album. Jules est un disque qui trouve son identité dans l’irréel du passé.

Il s’ouvre sur “Deep Green”, dont les arpèges de guitare classique, la tonalité mélancolique, les breaks de batterie à la Nick Mason et les claviers feutrés évoquent avec grâce et discrétion le Pink Floyd du début des 70’s, celui de Meddles et de Dark Side Of The Moon. Mais Chang n’a pas l’intention de se vautrer comme un stoner sur l’énorme pouf du rock psyché, et poursuit son voyage imaginaire dans la pop du passé avec un morceau disco funk : le bien nommé “Of The Past”. Boîtes à rythmes 80’s, cocottes funky, guitares suraiguës, rien ne manque à ce tube qui aurait pu faire fureur en 1982. 

Panoplie, pas parodie. 

L’album de Chang s’essaie ainsi à toutes les manières dont on a fait de la pop entre 1975 et 1985. À America, il emprunte le goûts des harmonies vocales (les magnifiques “Two Voices” et “Candy Cane Rainbow”) ; à la sophisti-pop, les sonorités les mélodies sucrées et les solos de saxophone (Dogologue”, et son ambiance très Matt Bianco). “Memory Loss” fricote avec la synth pop de Tears for Fears. Et ainsi de suite. 

Pourtant, Jules ne verse pas dans le disque-hommage qui ne vaut que pour ses références, ou qui mise tout sur la nostalgie de l’auditeur. Pas plus qu’il ne verse dans la parodie : les solos de sax, les sons de claviers ultradatés ne fonctionnent pas comme des clins d’oeil relous. La démarche de Chang se rapproche finalement de celle de Tarantino qui, dans Once Upon A Time… In Hollywood, recrée une époque qu’il n’a pas connue, mais qu’il a assimilée à force d’y vivre par procuration, par le biais de films. Julien Chang opère de la même manière avec la musique, ce qui n’est pas sans rappeler Ariel Pink, dont l’identité sonore et le talent de compositeur sont si personnels qu’il parvient toujours à faire du neuf malgré une matière première composée de tubes FM archiconnus. Jusque là il était le seul à connaître la formule. Sans atteindre le génie explosif de Pink, Julien Chang se pose comme un adepte de la même magie.

Car la magie opère : malgré toutes ces références, Julien Chang livre un album plein de personnalité, mêlant nostalgie et délicatesse, et qui révèle, surtout, un amour aussi immense que communicatif pour la musique.    

http://julienchangmusic.com

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