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Sisters Of Mercy au Hellfest : le mélange des genres

Sisters Of Mercy au Hellfest : le mélange des genres

Première époque, machine VS humain

Bien qu’inventée dans les années 20/30 par Theremin, ce n’est qu’au tournant des années 80, avec l’avènement du rap, les avancées de la musique électronique et la place grandissante des machines dans la musique, que l’utilisation de boites à rythmes dans le rock se légitime.

Leeds, Angleterre, même époque : deux potes, le chanteur Andrew Eldritch aka Andy Taylor (rien à voir avec Duran Duran) et Gary Mark (qui devient Marx), ainsi qu’une machine, Doktor Avalanche (une Boss DR55 ), créent en s’inspirant du titre de Leonard Cohen, le groupe The Sisters Of Mercy. Après un essai non concluant avec Eldritch à la batterie et la sortie d’un 45, The Damage Done, les deux compères adoptent définitivement la boîte à rythmes comme troisième membre. Elle a depuis sa propre place sur scène et connaîtra des évolutions au fil des périodes, mais restera une des signatures sonores du groupe. Les musiciens citent, pêle-mêle, Leonard Cohen, les Stooges, Suicide ou encore … Motörhead comme principales influences. L’époque n’est pas vraiment aux ouvertures musicales, et le groupe sera rapidement catalogué aux côtés de Joy Division, Bauhaus ou encore Virgin Prunes comme rock « gothique » ou cold wave. Ces mouvements, réels ou sortis de l’imagination des critiques musicaux, ne sont finalement que des branches plus étroites de la vague post-punk. Terme lui -même aux contours plus que flous.

Sur la lancée des Buzzcocks, de nombreux groupes ont choisi de garder une certaine indépendance vis à vis des labels. En 1981, afin de sortir ses propres productions, Eldritch créé Mercyful Release. Dans ces premières années, le répertoire du groupe mêle des reprises comme Sister Ray du Velvet, Ghostrider de Suicide ou encore Louie Louie, avec des compositions personnelles. En 1982, le bassiste John Langford quitte SOM, remplacé par Craig Adams. Le line-up s’enrichit d’un second guitariste, Ben Gunn, qui ne restera que quelques mois, rapidement remplacé par un exfiltré de Dead Or Alive, Wayne Hussey. C’est aussi cette année qu’ils écriront le désormais culte Temple Of Love.

Sortent ensuite plusieurs EP, Body And Soul, Walk Away, No Time To Cry, pour ne citer que ceux là.

First, Last and Always, le bien nommé

En juin 1984, le groupe s’enferme en studio avec une bonne réserve d’amphétamines pour Eldricth, et enregistre ce qui sera le seul album de cette formation, First, Last And Always. Début 1985, le quatuor part en tournée et… splite. Les personnalités de Marx et d’Eldritch, trop fortes et opposées, ainsi que l’autoritarisme du chanteur finissent par éloigner les autres membres. C’est d’abord Gary Marx qui part fonder Ghost Dance, puis Hussey et Adams qui, après avoir disputé l’usage du nom The Sisterhood à Eldritch, adoptent celui de The Mission.

L’apport du chanteur à l’album reste sujet à polémique. La plupart des lyrics des nouveaux titres auraient été écrits par les autres membres du groupe, dont Hussey qui réutilisera certains d’entre eux dans sa formation suivante. Tout comme quelques unes des mélodies vocales-guides enregistrées par Marx qu’il réemploiera avec Ghost Dance. C’est notamment le cas de Nine While Nine (while qui est équivalent à until en patois gaélique) similaire à celle de A deeper Blue de Ghost Dance.

Eldritch a croisé Patricia Morrison, future bassiste des Damned et épouse de Dave Vanian (un peu de Closer par-ci, par-là pour les lectrices qui seraient dans un salon de coiffure. Oui, parfois je suis un vilain misogyne), alors que SOM tournait avec le Gun Club. Lorsqu’il lance son propre projet Sisterhood pour devancer celui de Hussey/Adams, c’est elle qu’il recrute pour tenir la quatre cordes.

…et le monde s’écroule

Et, quand le chanteur reprend l’aventure Sisters Of Mercy en 1987 pour enregistrer l’album Floodland sur Mercyful Release, elle quitte la tournée des Fur Bible pour assurer les parties de basse. Sur le disque, les autres instruments sont joués par Eldritch et l’inébranlable, quoique changeant, Doktor Avalanche. La tonalité apocalyptique des paroles de cet opus vient en écho aux événements de ces années-là. Le musicien a la sensation que le monde se détériore et met en parallèle son histoire personnelle avec les ex membres du groupe et l’histoire contemporaine. La catastrophe de Tchernobyl et la Guerre Froide sont deux des thèmes abordés dans les chansons. Le titre This Corrosion avec ses chœurs style « armée rouge » joue sur ce double sens.

Morrison quitte abruptement le groupe lors de l’enregistrement de Vision Thing, pour être remplacé par Tony James de Sigue Sigue Sputnik. La cause de ce départ aurait été les arriérés de droits qui ne lui auraient jamais été versés par le chanteur. Les parties guitare, plus rock, voir hard rock, sont le fait de Tim Bricheno de All About Eve et John Perry. La sortie de Vision Thing précède l’annonce d’une tournée américaine avec … Public Enemy. Celle-ci sera annulée par les promoteurs par peur des rixes éventuelles entre les fans des deux formations.

Vision Thing est le dernier album enregistré à ce jour par le groupe dont Eldritch reste le seul représentant historique. Les suivants ne seront que des compilations, des inédits ou des faces B. À l’orée des nineties, le rock gothique et la new wave des années 80 s’effacent peu à peu pour laisser place à d’autres genres émergeants.

Parrain malgré lui

Mais n’en déplaise aux programmateurs du Hellfest, Sisters Of Mercy n’est pas, et surtout ne se revendique pas du mouvement—peut-on parler de mouvement?— Gothique. Les fans du style de la première heure n’ont jamais assimilé SOM aux autres représentants du genre. Ce n’est que plus tardivement que la formation sera intégrée au panthéon des porteurs de grosses chaussures, de maquillage noir et autres fanfreluches caractérisant les gothiques.

Eldritch sera surnommé le parrain du goth. Ce qu’il reniera toujours, déclarant que Sisters of Mercy est avant tout un groupe progressiste et humaniste, et se désolidarisant de l’imagerie morbide du genre.

Ironiquement, le « mouvement gothique » sera aussi souvent assimilé à des factions d’extrême droite. Rien ne saurait être plus éloigné des tendances politiques du plus illustre des « créateurs involontaires » du mouvement qu’est Andrew Eldritch. Un exemple ? Le deuxième single du groupe, Body Electric/Adrenochrome  sort en 1982 sur le label de la CNT ! La Confédération National du Travail est en effet un organe anarcho-syndicaliste, fer de lance des luttes antifascistes, directement inspiré par les mouvements libertaires espagnols de 1936. Eldritch lui-même s’oppose vivement à la politique des Républicains, non pas espagnols, mais américains, depuis l’élection de Bush jusqu’à Trump, et revendique ses sympathies travaillistes. C’est dire si l’on est loin de l’image que peuvent renvoyer certains aficionados du genre ! Il y a, par ailleurs, une certaine confusion entre ces groupes à la noirceur assumée et aux influences romantiques et expressionnistes, et les groupes de Black Metal. L’utilisation d’imageries sombres, de pierres tombales, les références au cinéma d’horreur par les premiers sont autant d’éléments qui alimentent cet amalgame. Le choix  un peu maladroit de patronymes tels que Joy Division, New Order, à la connotation un peu douteuse il faut bien l’avouer, l’utilisation de runes nordiques par des groupes sur leur pochette ou de signes anti-religieux n’ont fait que renforcer cet état de fait. On peut citer Death In June qui, bien que niant toute fascination pour l’Allemagne nazi, en utilisant à outrance de tels symboles, a largement contribué à la diffusion de ces représentations et à accentuer le mélange des genres. Quelques groupes de Black Metal s’étant également tristement distingués par des propos racistes, il n’en fallait pas moins pour assimiler les uns aux autres.

Sisters of Mercy et Eldritch ne sont pas des figures du métal des années 80, ni des années 90 ou 2000. Leur rock laissant assez peu de place aux soli, leur style plutôt assimilé à la vague post-punk anglaise de ces années là, et les musiciens ayant joué au sein du groupe appartenant plus à la nébuleuse indus/alternative, qu’est-ce qui justifie la présence du combo au Hellfest ? Et bien, pour commencer, les influences d’Eldritch qui est un fan revendiqué de Led Zeppelin, en témoigne les reprises de Stairway to heaven qui trainent ça et là sur le web (pas le plus grand moment live du groupe…). Grand amateur de Deep Purple, il apparaît également en backing vocals sur plusieurs titres d’ After The War de… Gary Moore. Finalement, ce sont plus la presse et les fans qui ont rangé l’homme et sa musique dans un genre trop étroit, ignorant largement que la musique n’a pas de frontière.

Il sera sur scène avec Doktor Avalanche, Chris Catalyst, Ben Christo,  et Ravey Davey sur la scène Temple au Hellfest.

Liens :

Les différentes identités de Doktor Avalanche :

http://www.thesistersofmercy.com/tech/doktors.htm

Super wiki sur Sisters Of Mercy :

https://sisterswiki.org/Main_Page

Livre :

Life, édition anglo/italienne offerte en Bonus lors de l’achat d’un vinyl bootleg.

https://www.sisterswiki.org/LIFE

Le Hellfest :

http://www.thesistersofmercy.com/

https://www.hellfest.fr/programmation/samedi/

https://www.hellfest.fr/artiste/the-sisters-of-mercy/

3 thoughts on “Sisters Of Mercy au Hellfest : le mélange des genres

  1. Bel article (et que de souvenirs!) en attendant une soirée de folie le 22 juin! Les Sisters of Mercy seront aussi au Bataclan, seule autre date française, le 19 Octobre!

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