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David Bowie à contre temps

David Bowie à contre temps

Et si toutes les histoires commençaient  par la fin ? 

Le jour commence à peine à se lever le 11 Janvier 2016 et pourtant une nouvelle étoile brille déjà au dessus du monde, après avoir ébloui des décennies durant sur la scène du Rock. Certains verront alors en Black Star un disque testament, annonciateur d’un  retour imminent  dans l’espace … musical de l’Artiste. Peut être pourrions nous aussi y voir l’allégorie du combat de la vie contre  le temps que la maladie n’avait de cesse de le consumer. Mais David Bowie offrait là une nouvelle certitude : jamais l’ombre n’empêchera la lumière de s’imposer. Lumineux, Il l’a toujours été. Depuis Rubbert Band, qui fera naitre le jeune  homme sur la scène musicale, en passant par Space Oddity, qui propulsera l’alien Bowie aux yeux du monde. Ce sont d’ailleurs ces yeux, l’un d’un bleu électrisant, l’autre à la pupille grande ouverte qui semblaient avoir absorbé tout ce que l’univers avait à offrir en spectacle.

Et si l’Art véritable de David Bowie est celui de savoir se réinventer  sans cesse, en affrontant les convenances sociales et musicales ? Il est en effet juste de se demander si c’est l’Homme qui fait de la musique, ou si c’est la musique qui défait l’homme …

Ziggy Stardust est certainement le personnage le plus célèbre de David Bowie. Cet androgyne à la crinière flamboyante et aux yeux allumés  semble être descendu de Mars et  avoir traversé Suffragete City pour habiter l’album The Rise and the Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars.

David Bowie - période Alladin Sane
David Bowie – période Alladin Sane

Cet avatar singulier se fera le témoin du grand théâtre de la vie, contant presque sur un ton confidentiel les divers événements du monde qui poussent selon lui les hommes à grandir plus vite que ces ‘’ five years’’ ne peut leur permettre. Les  titres de l’album semblent alors interroger les transformations du monde en même temps que le personnage lui-même grandit, et se situe à la frontière du genre masculin/ féminin comme en témoigne la chanson Lady Stardust : 

https://www.youtube.com/watch?v=sYFnpy7tGpE

La Douceur avec laquelle David Bowie interprète ce morceau permet aisément d’imaginer un être hybride entamer sur un ton suave le premier couplet devant un public n’ayant pour seule conscience de lui-même  que l’image qu’il projette en miroir sur son  Idole.

« The boy in the bright blue jeans

Jumped on the stage

And Lady stardust sang his songs

Of darkness and disgrace ».

David Bowie.

David Bowie tuera Ziggy Stardust deux ans plus tard, en 1973, sur la scène de Hammersmith au son de Rock’n’roll Suicide. Le personnage laissera toutefois  dans l’esprit de ses contemporains une trace indélébile faisant alors prendre tout son sens à la recommandation ‘’ ne laisse pas le soleil  détruire ton ombre’’ chantée par l’Artiste.

Un autre personnage fera son apparition  en 1974 lors de la parution de l’album Pin Ups. Il s’agit cette fois d’un pirate  à l’allure rebelle, abordant un bandeau sur l’œil droit.  Prenant appui sur les cendres encore chaudes de Ziggy, il fait référence à ce dernier notamment dans la chanson Diamond Dog. La première phrase de la chanson «  ce n’est pas du rock’n’roll, c’est un génocide » donne le ton. David Bowie à travers Halloween Jack prend son envol, c’est la première fois depuis 1969  qu’il ne sera pas accompagné sur scène par les membres des Spiders from Mars

Bowie dans la peau de Hallowen Jack
Bowie dans la peau de Hallowen Jack

L’araignée continue bel et bien de tisser sa toile en solitaire, au rythme de Anyway, Anyhow, Anywhere.

« I can go anyway, way I choose,

I can live anyhow, win or lose,

Anyway, Anyhow, Anywhere I choose ».

David Bowie

La différence de l’esthétique sonore entre l’album porté par Ziggy Stardust et celle de l’album  portée par Halloween Jack  est à relever. La spirale infernale qui émanait des cordes de guitare du premier semble avoir été maitrisée et insuffle un vent de changement. Cette singularité est d’ailleurs accentuée par le fait que l’album constitue une reprise de chansons des années 60. Halloween Jack serait il un hommage à Ziggy Stardust  en même temps que l’album Pin Ups serait celui que Bowie adresse aux musiciens qui l’ont inspirés ?

Il cédera sa place à Tin White Duck, personnage accompagnant son créateur durant ses heures les plus sombres qui inspireront en 1976 l’album Station to Station :

« Here am I, flashing no colour, 

Tall in this room overlooking the ocean ».

David Bowie

Les premières notes de la chanson éponyme   annonce donc l’arrivée de cet étrange personnage dont les pas semblent résonner du premier au dernier titre. Le jeu de guitare y est crissant, presque agressif, ce qui contribue à accentuer  la noirceur de ses états d’âme qui se fracturent entre les différents morceaux. Comme dans les deux albums précédents, le double de David Bowie, présenté dès la première chanson,  semble venir d’un pays lointain issu des méandres de l’inconscient humain.

David Bowie à l'époque de Station to Station
David Bowie à l’époque de Station to Station

A la fin des années 70, Bowie mettra  ses avatars entre parenthèses, jouant ainsi son propre rôle, certainement  le plus difficile.

Il se retrouvera alors face à lui-même seulement vêtu du poids des années passées et recouvert  de récompenses diverses prestigieuses,  dont la plus belle est l’amour que ses fans ne cesseront de lui porter. Les années 80 voient naitre Scary Monsters and Super Creeps,  qui peut être perçu comme une seconde émancipation. Ses avatars sont évoqués, sans pour autant être invoqués. Il commence à cette même période à faire le deuil de ses démons, Ashes to Ashes prendra les notes d’une cérémonie d’enterrement un peu funky.

La chanson Fashion, issue du même album, fera également état du temps qui défile tels les mannequins sur un podium. Peut être finissait –il ici par accepter son extrême lucidité qu’il avait jusqu’alors essayée de contenir. Ces années que nous pourrions qualifier de « moratoires » entrainent une série de collaborations diverses, notamment avec Queen  pour la célèbre Under Pressure.

Le  dernier personnage  de David Bowie à être mis en scène est celui de Lazarus dans son album Black Star. Lazarus, une bande blanche enroulée autour de la tête, n’a pour seuls yeux  que deux boutons de chemise noir. Nous ne pouvons que nous référer au mythe de Lazare, qui apparait au sein de Nouveau Testament : mort depuis quatre jours et dans un sépulcre, il serait sorti vivant de sa tombe sur ordre de Jésus.

David Bowie - photo extraite du clip de Lazarus
David Bowie – photo extraite du clip de Lazarus

David Bowie s’érige alors ici en prophète, et  Sa(int)cralise  sa musique, la rendant immortelle.

David Bowie était un visionnaire. Plus que d’accompagner la société, il a su  faire en sorte de l’influencer, participant ainsi à sa progression.

Ses personnages disparaitront plus rapidement que les démons que l’homme porte en lui.

Cependant, même si en 69 ans il a semblé mourir 100 fois, il renaitra sans cesse. Nul doute que sa disparition soudaine marque la naissance d’un nouveau personnage ayant emprunté son masque à l’Invisible.

Can you hear me, Major Bowie ?

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