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Marianne Faithfull: Negative Capability pour trouver la beauté…et la vérité?

Marianne Faithfull: Negative Capability pour trouver la beauté…et la vérité?

Je vous épargnerai la biographie et la discographie de Marianne Faithfull, imaginant que rares sont ceux, parmi nos lecteurs, qui n’en connaissent pas quelques grands traits. Bon….allez… 2 éléments tout de même indispensables pour éclairer au moins deux des titres de ce 21ème et somptueux album « Negative Capability » que j’ai acheté le jour de sa sortie, le 2 Novembre; Marianne Faithfull a 17 ans quand, chantant alors dans les cafés, elle rencontre Andrew Loog Oldham, le manager des Rolling Stones, alors que Mick Jagger et Keith Richards viennent d’écrire « As Tears go by » mais qu’ils ne vont pas enregistrer car ne collant pas alors à leur image plus rock et blues: le titre est alors confié à la jeune Marianne et le succès immédiat lance sa longue carrière de chanteuse et d’actrice! 2ème élément…Marianne Faithfull a 19 ans quand, avec son jeune fils, elle s’installe chez Brian Jones qui vit alors avec Anita Pallenberg. C’est aussi le début d’un engrenage d’addiction à la drogue et aux dommages collatéraux.

Marianne Faithfull en…1965 « As Tears go by »!

 

Marianne Faithfull, c’est donc une carrière prodigieusement riche et, 40 ans après « Broken English » , un classique et peut-être son album le plus connu que j’avais alors déjà acheté, « Negative capability » est un album magnifique qui va nous conforter dans l’idée que cet automne est, décidemment, celui d’albums féminins exceptionnels après Anna Calvi et Cat Power! Marianne Faithfull, bientôt 72 ans, affirme elle même (sur France Info, à Elodie Suigo) que ce dernier opus est « la plus belle chose que j’ai faite dans ma vie…et pourtant j’ai déjà fait des albums magnifiques », avant d’ajouter »Je n’ai pas souvent ce sentiment d’avoir réussi exactement ce que je voulais ». « C’est l’album le plus sincère de ma carrière » déclarait-elle aussi à « L’Observer/Guardian » (ITV de Jude Rogers le 22 Sept) qu’elle recevait dans son appartement du boulevard Montparnasse.

Marianne Faithfull Paris 2018 Photo Yann Orhan
Marianne Faithfull Paris 2018 Photo Yann Orhan

Le titre de l’album « Negative Capability » a été emprunté au poète romantique anglais John Keats au début du XIXème siècle….Ce concept est la capacité de contempler le monde sans le désir d’essayer d’en concilier les aspects contradictoires ou de l’adapter à des systèmes fermés et rationnels…La capacité négative est aussi une théorie sur l’accès de l’artiste à la vérité, sans la pression ni le cadre de la logique ou de la science…Selon Keats, » le pouvoir d’inspiration de la beauté est plus important que la recherche d’un fait objectif »…(voir son « ode sur une urne grecque »..où il écrit « la beauté est vérité…. »). Marianne Faithfull a adopté ce concept de Keats (mort de tuberculose alors qu’il n’a que 25 ans) dans sa jeunesse et semble toujours le cultiver aujourd’hui encore : son album, empreint de mélancolie, chante l’absence, la solitude, la mort et l’incompréhension mais « cet album ne raconte pas la souffrance, il parle aussi d’Amour » confie encore Marianne Faithfull (à Elodie Suigo/ France Info 2 Nov 2018)….Keats aspirait aussi à trouver la beauté dans un monde souvent laid et terrible!

Le 2ème titre de l’album….musique de Nick Cave, retrouvé au piano et au chant!           Un chef d’oeuvre absolu!

L’album est arrangé et produit par Warren Ellis (et Rob Ellis) qui va aussi marquer profondément l’album par son violon (parfois flute alto) que l’on aime tant dans les albums de Nick Cave; Nick Cave, Ed Harcourt ou Mark Lanegan sont d’ailleurs omni-présents, avec Warren Ellis, puisqu’ils signent les musiques des 7 nouveaux titres de l’album (Les 3 autres étant revisités). Il a té enregistré au studio La Frette  (près de Paris)

Marianne Faithfull/ Ed Harcourt/ Nick Cave photo Rob Ellis
Marianne Faithfull/ Ed Harcourt/ Nick Cave photo Rob Ellis

L’album, d’une beauté tragique et magique à la fois, s’ouvre sur « Misunderstanding » et un violon déjà déchirant ; « Misunderstanding is my name, what I am is not a game »….le ton est donné!on entend pour la 1ère fois Warren Ellis et Nick Cave en « Backing vocals » en fin de titre pour répéter « Only you have such allure »!

Le 2ème titre » The Gypsy Faerie Queen » est un chef d’oeuvre absolu! Musique de Nick Cave qui est au piano et chante le refrain avec Marianne Faithfull. « As Tears go by » est l’un des 3 titres revisités de façon sublime: cette version est la plus belle que je connaisse. La voix toujours légèrement éraillée (de fumeuse qu’elle reste) fait merveille; « Avec le temps, certaines paroles prennent une nouvelle signification » déclarait-elle aussi récemment. On enchaîne ensuite avec « My own particular way », touchant par sa sincérité et sa fragilité: « send me someone to love »… »Love me for who I really am, not an image and not for money » avant d’ajouter »I know I’m not young and I’m damaged but I’m still pretty, kind and funny »!!Marianne Faithfull se dévoile avec une telle sincérité! « Born to live » (and born to die, aren’t they just the same ajoute t-elle auusitôt) est dédiée à Anita Pallenberg, décédée en Juin 2017: la flute alto de Warren Ellis et le piano d’Ed Harcourt magnifient le titre.

La 2ème face (du vinyle) s’ouvre avec « Witches song », reprise de l’album « Broken English » où elle interpelle sa famille pour conclure « Happy is our family, lonely is our warmth…Remember, death is far away, and life is sweet »…Vient alors la relecture du titre de Dylan« It’s all over now, baby blue » et le retour du violon de Warren Ellis.

https://www.youtube.com/watch?v=fJ-iuo88HA4

La version de 1988 « It’s all over now, baby blue » par Marianne Faithfull

 

Le titre »They come at night », dont la musique est de Mark Lanegan, évoque les terribles attentats du 13 Novembre 2015 « Terror in Paris »…tension et émotion sont très palpables. Le morceau « Don’t go » est un autre hommage à un cher disparu, cette fois il s’agit de Martin Stone (ex guitariste des Red Hot Peppers, décédé en Décembre 2016)…magnifique avec la flute de Warren Ellis et le piano d’Ed Harcourt une nouvelle fois.

« No moon in Paris » clôture l’album d’une façon mélancolique, Marianne Faithfull nous ouvrant encore son intimité….et sa solitude en absence de lune à Paris.. »Qu’est ce que je peux faire excepté prétendre être courageuse, être forte…alors que je ne le suis pas ».

Si vous achetez le cd vous avez droit à un nouveau titre supplémentaire magnifiquement frustrant pour les acheteurs de vinyle! « Loneliest person »…prolongeant la solitude évoquée dans le titre précédent « Vous ne serez jamais aussi seul que moi »….

 

En Bonus, l’interview de Marianne Faithfull par Nick Cave.(voir ci dessous)

 

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