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Headcharger, le metal bille en tête!

Headcharger, le metal bille en tête!

Quelque part dans la nébuleuse heavy rock, entre Nashville Pussy, W.A.S.P. et Corrosion of Conformity, navigue Headcharger. Et, si l’on se donnait la peine de chercher dans la généalogie, ils seraient les descendants lointains d’AC/DC, Black Sabbath et Pentagram. Formé en 1997 à Caen, autour d’un noyau composé de Sébastien Pierre (chant) et Romain Neveu (Basse), deux des membres d’origine toujours présents au sein du combo aujourd’hui, le groupe s’oriente tout d’abord vers le metalcore. Puis, évoluant vers un rock plus stoner, Doggystyle devient Headcharger en 2004 et enregistre son premier L.P. dans la foulée. Ils accueillent alors à la guitare le frère du guitariste Guillaume Rocha, David. Anthony Josse, ingénieur du son, les suit, puis finit par intégrer le groupe comme guitariste avec David Rocha. À cette époque, la voix de Sébastien Pierre est encore nettement marquée par le metalcore, puis progressivement, d’album en album, il affine ses vocalises et, tout gardant un timbre agressif et rugueux, ses lignes de chant se font plus claires. Sur l’album Hexagram, sorti au printemps 2017, le groupe franchit un nouveau pas. Les compositions font preuve d’une grande maturité d’écriture, se diversifient, lorgnant parfois vers un prog metal à la Mastodon (Feed your illusion qui clôture magnifiquement le disque), des « clins d’oreilles » discrets qui parfois, lors de brefs surgissements, ne sont pas sans rappeler les grands moments de Maiden (le riff de Dirty Like Your Memories titille le grand fan de Piece of Mind de la dame de fer que je suis). Le son de la production est à l’image de la photo de couverture : puissant et rentre dedans. Le metal français est décidément riche de surprises et de groupes de qualité (vous pouvez aussi lire l’article sur les groupes français présents au Hellfest cette année, malheureusement sans Headcharger qui a déjà officié sur une des  scènes du fameux festival en 2011 : https://weirdsound.net/2018/01/25/hellfest-metal-made-in-france/ ). Séduit par ce son et la musique des cinq Caennais, nous avons voulu en savoir plus. C’est Romain Neveu (basse) qui a eu la gentillesse de se prêter à l’exercice de l’interview.

Land of Sunshine sur le précédent album, Black Diamond Snake

Weirdsound : Pour revenir un peu sur votre histoire, comment et pourquoi s’est opéré ce glissement entre Doggystyle et Headcharger ?

Romain : L’histoire de Doggystyle a commencé autour de l’année 1996 (avec une première démo, K7, je tiens à le préciser !!!). On évoluait plutôt dans la scène métal, hardcore… Plutôt musiques extrêmes et virulentes globalement ! On a fait notre bout de chemin pendant quelques années, et on a produit 2 albums, qui nous ont permis de jouer assez souvent, et un peu partout en France ! Pendant ce temps, notre son commençait à évoluer vers quelques chose de moins rentre-dedans, d’un peu plus rock, avec plus de mélodies (surtout dans le chant !), et du coup, au moment de recomposer et d’enregistrer un nouvel album, on s’est dit que ça ne serait pas mal de changer de nom, vu que le style était bien différent de nos premières années ! C’est donc en 2004, que l’on a choisi de changer de nom, et devenir Headcharger. Et entre nous, c’est quand même mieux que de s’appeler « levrette » dans la scène rock… En général, t’es pas trop pris au sérieux ! Et ça nous a plutôt bien réussi : on a intégré un premier petit label très efficace (Customcore Records), et notre disque a pu être correctement distribué !! Et il s’est enchainé pleins de bonnes choses ensuite !

Votre dernier L.P. est magnifiquement produit, un bon mastering, un son précis et puissant et des compos hyper efficaces. Pouvez-vous nous en parler un peu plus largement ?

Hexagram est donc notre 6eme album ! Sorti en Mars 2017 chez Verycords. Après toutes ces années, on a bien gagné en confiance en nous en tant que musiciens, on a acquis une certaine expérience en matière de studio d’enregistrement. Du coup, on savait exactement où l’on voulait aller, et comment ce disque devait sonner. Toutes nos erreurs passées nous ont servi à devenir meilleurs, ce qui nous a permis de ne pas refaire toujours et encore les mêmes.

Avant d’arriver en studio, on avait déjà composé presque à 100% tous les titres (hormis quelques arrangements par exemple, mais on se laisse toujours une petite marge de manœuvre pour le feeling en studio, et les bonnes surprises d’enregistrement !). On avait aussi écrémé les bons des mauvais titres (de notre point de vue en tout cas !). Et donc on avait plus qu’à enregistrer nos 11 titres, et bien peaufiner les sons des instrus que l’on avait en tête… En fait, ça a été plutôt très simple : une fois les sons définis, y’a plus qu’à bien les jouer. Mais on s’était aussi très bien préparé là-dessus : on avait les morceaux sur le bout des doigts, donc pas de mauvaises surprises !

On a aussi fait appel aux bonnes personnes : aux manettes, Guillaume Doussaud du Swan Sound Studio, qui nous connait depuis des années (on a fait 4 autres albums chez lui), qui est toujours à notre écoute, et qui a toujours une très bonne idée sous le coude… facile quoi ! Et ensuite, on a demandé à Damien Bolo (Spectrum studio), qui a beaucoup bossé avec C2C par exemple, et qui a une expérience de dingue en matière de mixage et de mastering ! Il a apporté une touche bien fraiche à notre son (tout en gardant l’essentiel de Headcharger)… Bref, on est ultra fier du travail accompli, on a formé une très bonne équipe, d’où ce résultat !

Le « tubesque » The Metamorphosis sur Hexagram

Pouvez-vous nous en dire plus sur les thématiques qui parsèment l’album et le symbole (de l’entrelacement) du titre Hexagram  ?

Le thème « global » du disque est la dualité ! Je dis global car il n’y pas vraiment de concept… Hexagram n’est pas un concept album, mais il y a une idée générale (la dualité) que l’on a voulu décliner de différentes manières ! D’abord, sur l’être humain et les relations sociales auxquelles il peut être confronté. Ça a été la base des paroles qu’Antony (Guitare) et Seb (Chant) ont développées pour chacun des titres, en puisant dans leurs propres expériences vécues au quotidien !

Ensuite, l’imagerie… On s’est servi de ça pour travailler l’artwork du disque (réalisé par Cédric Neveu, qui n’est autre que mon frangin dans la vie !). On voulait quelque chose de plus « simple », de moins étiqueté « stoner », quelque chose de plus moderne ! Donc, le blanc et noir était la solution idéale !

On a choisi aussi le bœuf musqué (l’animal qui se trouve sur la pochette) car c’est un animal qui peut être aussi placide que brutal lorsqu’il y a un conflit au sein de la meute… Bref, une histoire de testostérone ! Mais, bon, c’est cette dualité qui nous plaisait dans cet animal ! Et c’est aussi un animal du nord… un peu comme nous en fait –bon, OK, il fait moins froid en Normandie qu’au fin fond des montagnes norvégiennes !).

Et pour finir, le symbole – un hexagram – qui met cette touche de modernité à cet artwork ! Nous sommes un peu des vieux de la vieille, du coup, ça fait du bien, un peu de fraicheur ! Ça agrémentait la pochette, tout était bien homogène. On nous a aussi parlé du coté français (6 côtés comme un hexagone), du 6eme album… Mais à ça, on n’y avait pas pensé ! Mais c’est vrai que ça marche aussi !

Quelles sont les difficultés, ou opportunités, pour un groupe français de metal dans un pays peu porté sur cette musique, et quel accueil dans des pays anglophones où vous arrivez avec une image de « frenchy » ?

Comme tu le sous-entends dans ta question… C’est vrai que ce n’est pas facile de se faire son « trou » dans ce milieu ! Ça passe peu en radios, peu à la TV, du coup, ce milieu reste une niche, même si ça tend à changer, doucement mais surement ! Avec Gojira en fer de lance, ça montre que la France peut produire des groupes de classe internationale, donc ça bouge un peu en ce moment ! Sincèrement, il n’y a pas de secret pour continuer à exister, mais juste à continuer à être motivé de faire sa musique, et à un moment ça peut payer… Il existe beaucoup de très bons groupes de Rock / Metal chez nous, mais pas énormément d’endroits pour tous les faire jouer souvent et partout ! Alors, chacun fait sa sauce et essaye de jouer comme il peut, où il peut ! Et c’est notre cas ! On avance, et on voit ce qu’il se passe… On a pas trop le choix, c’est comme ça dans notre milieu ! A l’étranger, c’est pareil… Sauf qu’il faut réussir à y aller, et c’est bien ça le plus dur ! La Belgique, la Suisse, bref le côté francophone, à la limite, ça peut le faire, mais pour le reste, c’est assez dur d’y aller ! Certains y arrivent très bien, nous c’est un peu plus compliqué : on ne veut pas partir à tout pris non plus, on veut pouvoir jouer dans de bonnes conditions d’accueil technique, et du coup, ça nous bloque les portes assez souvent… Mais on veut pouvoir présenter un bon show, de la meilleure qualité possible, alors, jouer dans un bar dans un trou paumé, on n’est plus trop motivé (car on l’a déjà fait pas mal dans nos premières années !). Après, on a de très bons souvenirs de notre tournée en Angleterre (2011 si ma mémoire est bonne), le public avait bien accroché et on avait pu jouer dans de bonnes conditions (car on accompagnait le groupe US My Ruin !). On verra ce que nous réserve l’avenir !

Après 20 ans d’activité, au moins pour 2 d’entre vous au sein du même groupe, quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Et bien on est toujours là… Et c’est déjà beaucoup ! On reste motivés, on s’amuse toujours autant, et c’est le principal ! On pourra dire à nos enfants ou petits enfants, que l’on a joué dans un groupe de rock bordel !!! Bon, nos enfants le savent déjà… Mais les petits enfants ce sera autre chose. Si ça trouve, ils ne connaitront pas le rock, vu qu’il n’y aura que de l’électro ! On sera comme des dinosaures, mais on s’en fout, on l’aura fait, et du mieux que l’on pouvait !!! Ils verront ce qu’était le rock (avec de vrais instruments !) dans les livres !!!

On the road with Headcharger

Quel est votre meilleur souvenir de tournée/concert ? De groupe ou artiste que vous avez accompagné ?

Tellement de choses cool nous sont arrivées, du coup dur d’en choisir certaines en particuliers… Le truc qui me vient quand même à l’esprit c’est notre premier gros festival, à l’étranger : c’était en 2010 (pour la sortie de notre album  The End Starts Here ) en Espagne pour le Sonisphère à Madrid ! C’était fou : on était parmi des groupes que l’on estime énormément, comme Slayer, Deftones, Faith No More, Alice In Chains… Et personne ne nous voyait comme les petits frenchies, ou le petit groupe d’ouverture. On était comme « tout le monde » dans les backstages ! On a bien fait le fiesta (d’après midi, par 40°) avec les Volbeat, taper la discute avec Dave Lombardo de Slayer, tout simplement, à la cool quoi ! Bref gros souvenir. On a fait plein de trucs géniaux ces dernières années, mais ce souvenir restera gravé dans nos mémoires ! Car il reste ce sentiment de première fois…

Avez-vous le sentiment de vous être affranchi des modes et des influences ?

On fait la musique que l’on sent, on joue ce que l’on aime et ce qui nous unit… Parmi les 5 membres du groupe, on a tous nos propres influences musicales… Donc, à la base, c’est un gros mélange de genre ! On a réussi (enfin je trouve) à digérer tout ça ! Donc, de notre côté, je te dirai oui, on s’est affranchi de nos influences ! Après, on évolue dans une « scène », celle du rock / métal, donc on sera évidemment catalogué pour être mis dans une case, histoire que le public s’y retrouve ! Le rock en France reste un microcosme, donc, il y aura toujours des étiquettes ! On fait avec, pas de soucis !

D’ailleurs, qu’est-ce qui vous séduit dans le métal, ou plus généralement dans la musique actuelle ?

Et passée ?

Justement, c’est ça : le fait d’être dans une communauté, un groupe, un peu à part… De ne pas être comme « tout le monde » ! Mais c’est avant tout la musique qui est l’élément fédérateur là dedans ! On adore les grosses guitares… Et les gens qui en font ou qui en écoutent ! Et je dirai que pour un très gros pourcentage, toutes ces personnes sont des crèmes, et des « gentils nounours », comme nous quoi !!!

Vos morceaux sont aussi très visuels, quels sont vos goûts en matière de BD, livres, ciné… ? Un réalisateur dont vous aimeriez faire la BO?

Nous sommes assez différents là-dessus, du coup, je vais parler pour moi ! J’aime beaucoup tout ce qui touche au fantastique, la SF, la fantasy… Du coup, dans le cinéma et la BD (mais aussi les livres !), c’est plutôt là dedans que je me retrouve ! J’aime m’évader un peu, et surtout être « entertainé » ! Pour une BO avec quelqu’un en particulier… Je ne peux pas te répondre : peu m’importe tant qu’il a envie de mettre du gros son dans son film, ça me va !!! Histoire de montrer au plus grand nombre ce style… D‘ailleurs, je trouve qu’il y en a de plus en plus : le rock se marie bien avec le cinéma ! Et ça se développe… (bon, pas encore trop dans nos fameux Césars, mais ça peut venir, sait-on jamais!!!)

Enfin, lorsque vous n’êtes pas Headcharger, quelle est votre vie ?

Pour la plupart, nous sommes d’heureux parents, et fiers de nos familles ! Et ils nous le rendent bien, car nos proches nous supportent encore malgré cette passion dévorante que représente notre groupe ! On bosse tous côté : la musique ne nous fait pas vivre ! Alors, certains d’entre nous sont intermittents du spectacle, prof de guitare… et banquier !!!

On profite autant que l’on peut de tout ça, on essaye de concilier au mieux la VIE, et la musique… Et tant que l’on a encore quelque chose à dire on essaiera de continuer comme ça : sans (trop) de stress, avec le sourire et la passion !

 Merci à toi pour cette interview, c’était bien cool de la faire !

Merci à toi d’avoir bien voulu répondre à ces questions!

Voilà, il ne vous reste plus qu’à faire comme Romain, apprécier la vie en écoutant Headcharger. Pêche garantie au réveil!

musique-caen-headcharger-sort-hexagram-son-6e-album

Headcharger  : Rudy Lecocq (Batterie), Romain Neveu (Basse), Sébastien Pierre (Chant), David Rocha (Guitare), Antony Josse (Guitare)

Pour suivre le groupe :

http://www.headcharger.com

facebook / twitter / instragram / youtube (headcharger TV)

https://www.youtube.com/user/headcharger1

(pour les guitaristes, didacticiels de David qui décortique solo et riffs du groupe! )

https://www.facebook.com/headchargerband/

http://shopverycords.bigcartel.com/

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