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Protomartyr: l’album de l’automne!

Protomartyr: l’album de l’automne!

Pour ceux qui croyaient le courant post-punk peu vivant, il suffit d’écouter le 4ème album de Protomartyr, Relatives in Descent, paru le 29 septembre pour se convaincre du contraire. Abonné à la newsletter mensuelle du label « Domino« , j’avais été séduit, en Août, par le pre-order destiné à commander l’album en édition vinyle marbrée limitée, d’autant que le single qui était déjà paru A Private understanding était excellent!Je fus heureux d’acquérir cet album d’autant que cette édition fut épuisée dès sa sortie.

Trois albums depuis 2012

Protomartyr est un groupe formé à Detroit en 2008, alors que le duo Greg Ahee (guitare) et Alex Leonard (batterie) furent rejoints par Joe Casey au chant puis par Scott Davidson à la basse qui remplaçait Kevin Boyer, resté peu de temps. La musique de Protomartyr est classée post punk /garage rock et Joe Casey, leur leader parolier est fan de Pere Ubu (que nous avons vu à Nantes, Father Ubu et moi, en 2016) et de The Fall . La voix et le phrasé de Joe Casey peuvent d’ailleurs parfois rappeler ceux du chanteur de The Fall , Mark E.Smith. ( à découvrir absolument y compris les videos déjantées si vous ne connaissez pas!).

Protomartyr avait déjà sorti 3 albums depuis 2012, « No passion all technique » (2012), « Under color of official right » (2014) et « The Agent intellect« , en 2015, précédé notamment par le très bon single why does it shake. Joe Casey avouait récemment dans une interview à un journaliste américain qu’il avait un peu trop dévoilé de lui même dans cet album, parlant de la mort de son père ou de la démence de sa mère ( dans Ellen, titre écrit pour sa mère).

Protomartyr/ Live en 2015/ « why does it shake »

Relatives in Descent, un des grands albums de 2017

Dans ce 4ème album, Joe Casey multiplie les références littéraires, historiques et culturelles pop. Il médite sur la décrépitude économique de Detroit, le capitalisme sauvage, la méchanceté, les pensées qui l’assaillent la nuit ou quand il essaie de s’endormir. Joe Casey pose des questions souvent philosophiques….quel est le sens de la vie, qu’est ce que la Vérité, qu’est ce que le bien ou le mal?….Il ne prétend pas, pour autant, apporter les réponses.

L’album est truffé de références, de situations cocasses, voire délirantes mais aussi graves….Le 1er titre « A Private understanding » , en est un bon exemple: c’est le titre qui fut écrit le 1er…d’abord une demo du guitariste Greg Ahee….puis, selon Joe Casey qui n’avait qu’une phrase en tête ( la dernière… »she’s just trying to reach you« …) en s’interrogeant sur ce que peut être la Vérité….plusieurs sources d’inspiration: la lecture de « The Anatomy of Melancholy » de Robert Burton..un type qui lutte, dans les années 1700, contre la tristesse de la vie et les inégalités du monde, la crise sanitaire due à la contamination de l’eau potable à Flint (entre 2014 et 2016) et l’histoire d’Elvis (d’après une biographie de Peter Guralnick)…Après un roulement de batterie en début de titre, la guitare accompagne le chant de Joey Casey puis après un superbe changement de rythme , le refrain explose « People live with a private understanding« … »truth is hiding in the wire »…vient alors le couplet  délirant par rapport à Elvis, conduisant un camping car, appercevant dans une forme nuageuse le visage de Staline  puis découragé après le changement de vent, mourut sur le sol de sa salle de bain….  le final est magnifique, Joey Casey répétant à de nombreuses reprises « she’s just trying to reach you« …Il ne savait pas alors « qui elle était et ce qu’elle essayait de dire »…

Le 2ème titre, « Here is the thing »…évoque la ville de Detroit alors que Joey Casey se réveille d’un long sommeill..la ville a changé…..la « chose« , c’est le capitalisme sans entraves qui pèse sur l’humanité….le titre est porté par la basse de Scott Davidson…on pense aussi , dans ce titre à Sleaford Mods ….

PROTOMARTYR  « My children »/ Live /Chicago / 08/10/2017/

« My children » est un de mes 3/4 titres préférés…guitares shoegazing pour démarrer ..pendant que Joey Casey répète « to create pass on« …..puis le rythme s’accélère. « My children », c’est un titre qui lui trottait en tête depuis longtemps, lui qui n’a pas d’enfants alors qu’il a dépassé les 40 ans, qu’il n’a pas de sécurité financière et qu’il s’interroge sur l’héritage que l’on peut laisser……Il a emprunté le « Don’t lean on me man« (ne compte pas sur moi, mec ») à un doc qu’il a vu sur Bowie!Dans ce titre, Ian Curtis (Joy Division) ou même Jim Morisson ne sont pas loin non plus….

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le « Ambassador bridge » qui relie Detroit à Windsor, près de Zug islands

La lecture d’un livre d’un auteur irlandais ( Mairtin o Cadhain) avec 2 traductions très différentes l’a encore interrogé sur « où est la Vérité » pour écrire « Caitriona« ……on peut apprécier les jeux de guitare dans ce titre placé après « My Children » car Joey Casey avait conçu 3 sets de 2 titres en face A (du vinyle) avec une cohérence souhaitée dans chacun de ces découpages. Dans « The Chuckler« , le groupe ayant d’abord composé la musique, Joey Casey s’interroge, là encore, sur ce qui est vrai…..thème récurrent retrouvé dans « Windsor hum« ….vibration étrange « the sound..across the river »… que l’on entendrait entre Detroit et Windsor ( au Canada), au niveau de l’ancienne zone industrielle de « Zug islands » (pour le moment, les scientifiques n’ont rien trouvé encore..)..Plus largement, le titre veut évoquer les mensonges et la fragilité de beaucoup d’institutions et de valeurs du pays…la face A du vinyle se termine sur cette étrange senstion…..

« Don’t go to Anacita » ouvre la face B….titre séduisant et rapide: je pense aux Clash avec une basse toujours vrombissante!!…Anacita..une ville née de l’imagination de Joey Casey…tandis qu’il essayait de s’endormir…ville pittoresque et respectable mais où il y a trop de policiers par rapport à la population….donc une ville inqiétante……

« Up the tower« ….les paroles de Joe Casey sont venues sur une musique proposée par Alex Leonard, le batteur: sonorités comme  » des gens montant en courant des escaliers et frappant à ma porte » explique Joe Casey. Il voulait écrire un titre à propos d’un « troll » lâche et affamé de fric qui vivait en haut d’une tour dorée alors que la population de la ville voulait le détrôner.

A écouter les yeux fermés de préférence, avec un bon casque…….

Le 9ème titre, « Night blooming Cereus » est d’une beauté éblouissante… Après le dramatique incendie ( 36 morts) à Oakland (Californie) du « Ghost Ship« , entrepôt lieu artistique et musical (le label 100%Silk organisait ce soir là une soirée musicale), Casey passa du temps à ruminer l’évènement puis l’idée et l’image d’une fleur à floraison nocturne lui vint.. (Il découvrit ensuite aussi que c’était aussi le titre d’un poème du 1er poète afro-américain, Robert Hayden, qui naquit et grandit à Detroit!)….pas de batterie pendant la 1ère moitié du titre, ce qui est inhabituel aussi.

« Male Plague« , qui évoque les mâles (!!) se voulait être aussi une chanson décalée, comme Joe Casey souhaite en chanter une dans chaque album (il voulait même un choeur, ce que le groupe a refusé!).

L’avant dernier titre «  Corpses in Regalia » met surtout en valeur le jeu de folie de Scott Davidson à la basse. Titre à la fois inspiré par la lecture de « Lady of darkness » de Fritz Leiter, les bouteilles de grande taille et une plage de coraux sur laquelle Casey a marché! « Half Sister » fut le dernier titre de l’album auquel le groupe donna la musique…..la Vérité y tient à nouveau une place de choix, derrière, notamment, une  folle histoire de cheval frappé par un éclair, dans l’hiver du nord Michigan et qui se mît à parler, ne cessant de répéter « les humains ne sont pas bons », avant d’être abattu et…..empaillé! le dernier couplet énumère ainsi ce que/qui peut-être la Vérité et la chanson se termine sur le même énigmatique vers que le 1er titre « She’s just trying to reach you« !!!

Un magnifique album, qui a déjà tourné parfois plusieurs fois par jour sur ma platine et que Protomartyr a du commencé à jouer, hier soir, pour sa 1ère date européenne, à Prague, avant des concerts au Royaume Uni, puis, fin Novembre 4 dates françaises dont Nantes , le 23 Novembre au pôle étudiant! A ne manquer sous aucun prétexte!

Autres concerts de Protomartyr en France:

Tourcoing (Le Grand mix) le 22 Nov/ Bordeaux (24 Nov)/ Paris (Maroquinerie) 25 Nov/

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